Texte intégral
Monsieur le Premier ministre,
Chère Madame,
Messieurs et Mesdames les Ministres,
Messieurs et Mesdames les Parlementaires,
Messieurs les Ambassadeurs,
Permettez-moi, tout d'abord, de vous remercier de votre aimable invitation à nous rendre en Pologne, et de la qualité de votre accueil. Je voudrais vous dire, au nom de la délégation qui m'accompagne, combien nous sommes heureux de retrouver, ce soir, dans ce magnifique palais, une Pologne moderne, dont l'amitié nous est précieuse et qui prend chaque jour un peu plus toute sa place en Europe.
L'amitié de la France et de la Pologne est le fruit d'une histoire partagée. Lorsque les tragédies de l'histoire ont fait disparaître à plusieurs reprises l'Etat polonais, la France a accueilli sur son sol nombre de ceux qui voulaient faire vivre l'esprit de votre nation. Vous avez célébré l'an dernier le bicentenaire de la naissance de Adam Mickiewicz et, cette année, vous commémorez le cent cinquantième anniversaire de la mort de Chopin. Ces deux génies de la Pologne ont longuement vécu dans notre pays. Lorsque, en retour, nous défendions notre liberté, nous avons trouvé des Polonais à nos côtés. Le sang qu'ils ont versé dans tant de combats, le sacrifice des volontaire polonais qui contribuèrent, avec les armées alliées, à libérer la Normandie et le Nord de la France : nous ne les oublions pas.
Nous avons aussi partagé des entreprises, mis en commun des talents. Dans nos mines ou dans nos usines textiles, dans nos universités, dans les sciences, les lettres et les arts, nombreux ont été les hommes et les femmes venus de Pologne qui ont contribué à la prospérité, au rayonnement de la France. Beaucoup ont choisi d'y demeurer. Ils donnent une vitalité particulière à la coopération entre nos régions. Je me réjouis d'aller demain saluer en Silésie l'une de ces coopérations entre régions françaises et voivodies polonaises.
Nous avons enfin partagé des idéaux. Vous étiez avec nous, Monsieur le Premier ministre, à la résidence de France il y a quelques heures pour fêter avec la communauté française de Varsovie notre 14 juillet. Je suis heureux de voir dans cette date le symbole de la fraternité avec un pays plusieurs fois partagé par ses soins ; celui de la liberté que la Pologne dut plusieurs fois reconquérir ; celui de l'affirmation de l'égalité entre les peuples.
Ces idéaux, la Pologne les a portés très haut en Europe. Monsieur le Premier ministre, il y a tout juste dix ans, un petit nombre d'hommes courageux, dont vous étiez, dont l'histoire retient les noms - beaucoup sont assis ce soir autour de cette table - ont accompli une oeuvre mémorable : changer, pacifiquement, la nature du pouvoir en Pologne. Ce faisant, ils ont aussi changé la face de notre continent. Les négociations de la "table ronde" ont montré quelle était la force d'un peuple uni au service de la liberté. Dans une transition politique exemplaire, vous avez rétabli la démocratie. Vous avez su en même temps transformer votre économie et réformer vos institutions. Vous avec voulu, très vite, rejoindre l'OTAN et l'Union européenne.
Votre pays est entré dans l'Alliance atlantique en un moment critique. Deux semaines après l'élargissement de l'OTAN, celle-ci s'engageait dans la première opération militaire de son histoire, et vous avez partagé cette brève et victorieuse épreuve. Aujourd'hui, la résolution 1244 du Conseil de sécurité des Nations unies a ouvert la voie, dans la question du Kosovo, à un règlement politique qui reste à mettre en oeuvre sur le terrain. Pour gagner la paix, l'installation rapide de l'administration provisoire des Nations unies est une priorité absolue. Le représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies, mon compatriote M. Bernard Kouchner, s'y emploie. Parallèlement à l'action militaire de la KFOR, la MINUK aura pour mission de veiller au retour des réfugiés, d'assurer la mise en place d'institutions autonomes et démocratiques au Kosovo et de faciliter la reconstruction économique de la province, en liaison avec l'Agence européenne créée par le Conseil européen de Cologne et avec la Banque mondiale. L'Europe a un rôle fondamental à jouer à plus long terme également : l'objectif du Pacte de stabilité pour l'Europe du Sud-Est est de définir, en accord avec les pays concernés et en liaison avec toutes les organisations intéressées (OSCE, OTAN), une approche qui englobe les aspects économiques, démocratiques et de sécurité dans les Balkans. L'enjeu est considérable, il s'agit d'affirmer la culture démocratique dans les Balkans.
A cet égard, l'évolution politique et sociale en Serbie sera décisive. A la contestation qui monte dans le pays, le régime de M. Milosevic ne peut, à l'évidence, apporter une réponse. La démocratisation de la Serbie sera l'oeuvre du peuple serbe. Nous nous efforcerons de l'aider à en trouver le chemin. En examinant, avec nos alliés et nos partenaires européens, les modalités d'un allégement des sanctions qui pèsent directement sur la population, sans relâcher la pression sur M. Milosevic et son système. Le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie travaille. les macabres découvertes, hélas quotidiennes, de ses experts et des soldats de la KFOR donnent une idée, sans doute partielle encore, des atrocités qui ont été commises au Kosovo. De tels crimes ne peuvent rester impunis. C'est l'honneur de l'Europe démocratique d'avoir dit non à cette politique criminelle.
C'est dans ces mêmes années, décisives, que la Pologne se prépare à adhérer à l'Union européenne. Dix ans après le retour à la démocratie, elle est redevenue un partenaire majeur de notre pays. En mai dernier, le "Triangle de Weimar" a réuni solennellement à Nancy le président Kwasniewski, le président Chirac et le chancelier Schröder. Dans ce cadre, nous jetons ensemble les fondations d'une nouvelle coopération. Votre gouvernement, votre peuple, font de substantiels efforts pour préparer l'adhésion à l'Union. Au début même de cette année, vous avez adopté de grandes réformes. Cette Pologne qui change, la France souhaite, bien entendu, l'accompagner dans ses travaux, tant sur le plan bilatéral que dans le cadre des programmes communautaires. Les négociations qui préparent l'adhésion de la Pologne, comme d'ailleurs avec les cinq autres pays candidats retenus à Luxembourg, ont bien avancé depuis six mois. L'attitude constructive des autorités polonaises mérite d'être relevée. Le plan national de reprise de l'acquis communautaire vous a permis de mener un travail important, sérieux et ambitieux. Il doit être poursuivi et s'accompagner d'initiatives pour renforcer la capacité administrative à mettre en oeuvre cet acquis, notamment dans les domaines des normes et de la propriété intellectuelle. les négociations portent actuellement sur des chapitres essentiels au fonctionnement du marché unique élargi tels que le droit des sociétés, la concurrence, l'union douanière.
Il ne nous appartient pas de fixer a priori des dates d'entrée. L'adhésion se fera dès que chacun des candidats sera prêt. Mais la France souhaite que la Pologne rejoigne l'Union européenne le plus rapidement possible. C'est pourquoi nous maintiendrons notre contribution au processus d'adhésion, notamment grâce aux jumelages financés par le programme PHARE. La France est fortement impliquée dans cette coopération. Elle est parfois chef de file de projets - je pense à l'agriculture, à la justice ou à l'environnement. Dans ce dernier domaine, Mme Voynet, ministre française de l'Environnement et de l'Aménagement du Territoire a signé cet après-midi une convention de jumelage avec M. Szyszko. La France présentera de nouvelles propositions pour 1999, dans les domaines aussi fondamentaux que le contrôle aux frontières, l'agriculture ou les affaires sociales.
Monsieur le Premier ministre,
Mesdames et Messieurs,
C'est une aventure positive dans laquelle vous vous engagez. Faire l'Europe, avec nous, sans que se défassent les nations qui sont le sel de ce continent. Vous y êtes, peut-être plus que d'autres, prédisposés. L'un de vos grands poètes, Cyprian Norwid, n'a-t-il pas affirmé qu'une "nation se compose non seulement de ce qui la différencie, mais aussi de ce qui l'unit aux autres". Je rappelais tout à l'heure tout ce que Français et Polonais ont en partage. Je souhaite que se poursuive et s'enrichisse ce dialogue qui nous unit et nous distingue, et dont nos identités respectives se nourrissent. Au nom de l'amitié franco-polonaise, je lève donc mon verre en votre honneur, à vous-même, Monsieur le Premier ministre, en l'honneur de Mme Buzek, ainsi qu'à ceux qui se trouvent ici ce soir. Vive la Pologne ! Vive la France !
(Source : http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 26 juillet 1999)
Chère Madame,
Messieurs et Mesdames les Ministres,
Messieurs et Mesdames les Parlementaires,
Messieurs les Ambassadeurs,
Permettez-moi, tout d'abord, de vous remercier de votre aimable invitation à nous rendre en Pologne, et de la qualité de votre accueil. Je voudrais vous dire, au nom de la délégation qui m'accompagne, combien nous sommes heureux de retrouver, ce soir, dans ce magnifique palais, une Pologne moderne, dont l'amitié nous est précieuse et qui prend chaque jour un peu plus toute sa place en Europe.
L'amitié de la France et de la Pologne est le fruit d'une histoire partagée. Lorsque les tragédies de l'histoire ont fait disparaître à plusieurs reprises l'Etat polonais, la France a accueilli sur son sol nombre de ceux qui voulaient faire vivre l'esprit de votre nation. Vous avez célébré l'an dernier le bicentenaire de la naissance de Adam Mickiewicz et, cette année, vous commémorez le cent cinquantième anniversaire de la mort de Chopin. Ces deux génies de la Pologne ont longuement vécu dans notre pays. Lorsque, en retour, nous défendions notre liberté, nous avons trouvé des Polonais à nos côtés. Le sang qu'ils ont versé dans tant de combats, le sacrifice des volontaire polonais qui contribuèrent, avec les armées alliées, à libérer la Normandie et le Nord de la France : nous ne les oublions pas.
Nous avons aussi partagé des entreprises, mis en commun des talents. Dans nos mines ou dans nos usines textiles, dans nos universités, dans les sciences, les lettres et les arts, nombreux ont été les hommes et les femmes venus de Pologne qui ont contribué à la prospérité, au rayonnement de la France. Beaucoup ont choisi d'y demeurer. Ils donnent une vitalité particulière à la coopération entre nos régions. Je me réjouis d'aller demain saluer en Silésie l'une de ces coopérations entre régions françaises et voivodies polonaises.
Nous avons enfin partagé des idéaux. Vous étiez avec nous, Monsieur le Premier ministre, à la résidence de France il y a quelques heures pour fêter avec la communauté française de Varsovie notre 14 juillet. Je suis heureux de voir dans cette date le symbole de la fraternité avec un pays plusieurs fois partagé par ses soins ; celui de la liberté que la Pologne dut plusieurs fois reconquérir ; celui de l'affirmation de l'égalité entre les peuples.
Ces idéaux, la Pologne les a portés très haut en Europe. Monsieur le Premier ministre, il y a tout juste dix ans, un petit nombre d'hommes courageux, dont vous étiez, dont l'histoire retient les noms - beaucoup sont assis ce soir autour de cette table - ont accompli une oeuvre mémorable : changer, pacifiquement, la nature du pouvoir en Pologne. Ce faisant, ils ont aussi changé la face de notre continent. Les négociations de la "table ronde" ont montré quelle était la force d'un peuple uni au service de la liberté. Dans une transition politique exemplaire, vous avez rétabli la démocratie. Vous avez su en même temps transformer votre économie et réformer vos institutions. Vous avec voulu, très vite, rejoindre l'OTAN et l'Union européenne.
Votre pays est entré dans l'Alliance atlantique en un moment critique. Deux semaines après l'élargissement de l'OTAN, celle-ci s'engageait dans la première opération militaire de son histoire, et vous avez partagé cette brève et victorieuse épreuve. Aujourd'hui, la résolution 1244 du Conseil de sécurité des Nations unies a ouvert la voie, dans la question du Kosovo, à un règlement politique qui reste à mettre en oeuvre sur le terrain. Pour gagner la paix, l'installation rapide de l'administration provisoire des Nations unies est une priorité absolue. Le représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies, mon compatriote M. Bernard Kouchner, s'y emploie. Parallèlement à l'action militaire de la KFOR, la MINUK aura pour mission de veiller au retour des réfugiés, d'assurer la mise en place d'institutions autonomes et démocratiques au Kosovo et de faciliter la reconstruction économique de la province, en liaison avec l'Agence européenne créée par le Conseil européen de Cologne et avec la Banque mondiale. L'Europe a un rôle fondamental à jouer à plus long terme également : l'objectif du Pacte de stabilité pour l'Europe du Sud-Est est de définir, en accord avec les pays concernés et en liaison avec toutes les organisations intéressées (OSCE, OTAN), une approche qui englobe les aspects économiques, démocratiques et de sécurité dans les Balkans. L'enjeu est considérable, il s'agit d'affirmer la culture démocratique dans les Balkans.
A cet égard, l'évolution politique et sociale en Serbie sera décisive. A la contestation qui monte dans le pays, le régime de M. Milosevic ne peut, à l'évidence, apporter une réponse. La démocratisation de la Serbie sera l'oeuvre du peuple serbe. Nous nous efforcerons de l'aider à en trouver le chemin. En examinant, avec nos alliés et nos partenaires européens, les modalités d'un allégement des sanctions qui pèsent directement sur la population, sans relâcher la pression sur M. Milosevic et son système. Le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie travaille. les macabres découvertes, hélas quotidiennes, de ses experts et des soldats de la KFOR donnent une idée, sans doute partielle encore, des atrocités qui ont été commises au Kosovo. De tels crimes ne peuvent rester impunis. C'est l'honneur de l'Europe démocratique d'avoir dit non à cette politique criminelle.
C'est dans ces mêmes années, décisives, que la Pologne se prépare à adhérer à l'Union européenne. Dix ans après le retour à la démocratie, elle est redevenue un partenaire majeur de notre pays. En mai dernier, le "Triangle de Weimar" a réuni solennellement à Nancy le président Kwasniewski, le président Chirac et le chancelier Schröder. Dans ce cadre, nous jetons ensemble les fondations d'une nouvelle coopération. Votre gouvernement, votre peuple, font de substantiels efforts pour préparer l'adhésion à l'Union. Au début même de cette année, vous avez adopté de grandes réformes. Cette Pologne qui change, la France souhaite, bien entendu, l'accompagner dans ses travaux, tant sur le plan bilatéral que dans le cadre des programmes communautaires. Les négociations qui préparent l'adhésion de la Pologne, comme d'ailleurs avec les cinq autres pays candidats retenus à Luxembourg, ont bien avancé depuis six mois. L'attitude constructive des autorités polonaises mérite d'être relevée. Le plan national de reprise de l'acquis communautaire vous a permis de mener un travail important, sérieux et ambitieux. Il doit être poursuivi et s'accompagner d'initiatives pour renforcer la capacité administrative à mettre en oeuvre cet acquis, notamment dans les domaines des normes et de la propriété intellectuelle. les négociations portent actuellement sur des chapitres essentiels au fonctionnement du marché unique élargi tels que le droit des sociétés, la concurrence, l'union douanière.
Il ne nous appartient pas de fixer a priori des dates d'entrée. L'adhésion se fera dès que chacun des candidats sera prêt. Mais la France souhaite que la Pologne rejoigne l'Union européenne le plus rapidement possible. C'est pourquoi nous maintiendrons notre contribution au processus d'adhésion, notamment grâce aux jumelages financés par le programme PHARE. La France est fortement impliquée dans cette coopération. Elle est parfois chef de file de projets - je pense à l'agriculture, à la justice ou à l'environnement. Dans ce dernier domaine, Mme Voynet, ministre française de l'Environnement et de l'Aménagement du Territoire a signé cet après-midi une convention de jumelage avec M. Szyszko. La France présentera de nouvelles propositions pour 1999, dans les domaines aussi fondamentaux que le contrôle aux frontières, l'agriculture ou les affaires sociales.
Monsieur le Premier ministre,
Mesdames et Messieurs,
C'est une aventure positive dans laquelle vous vous engagez. Faire l'Europe, avec nous, sans que se défassent les nations qui sont le sel de ce continent. Vous y êtes, peut-être plus que d'autres, prédisposés. L'un de vos grands poètes, Cyprian Norwid, n'a-t-il pas affirmé qu'une "nation se compose non seulement de ce qui la différencie, mais aussi de ce qui l'unit aux autres". Je rappelais tout à l'heure tout ce que Français et Polonais ont en partage. Je souhaite que se poursuive et s'enrichisse ce dialogue qui nous unit et nous distingue, et dont nos identités respectives se nourrissent. Au nom de l'amitié franco-polonaise, je lève donc mon verre en votre honneur, à vous-même, Monsieur le Premier ministre, en l'honneur de Mme Buzek, ainsi qu'à ceux qui se trouvent ici ce soir. Vive la Pologne ! Vive la France !
(Source : http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 26 juillet 1999)