Texte intégral
A. Hausser : Je voudrais connaître votre sentiment sur la décision du Conseil constitutionnel d'annuler les dispositions de la loi sur le licenciement économique. S'agit-il pour vous d'une décision politique ou est-ce une décision de bon sens ?
- "C'est à la fois une décision de bon sens et une décision politique. Cette loi était politique ; monsieur Jospin voulait donner satisfaction aux communistes. Cette loi était contre la liberté d'entreprendre ; j'avais voté contre et je trouve normal qu'elle ait été annulée. Cela dit, je ne suis pas certaine qu'il n'y ait pas aussi un peu de politique."
Vous voulez dire que le Conseil constitutionnel est de droite, majoritairement ?
- "Non, je ne pense pas qu'il soit particulièrement de droite, mais je pense qu'il y a une certaine façon d'aborder les problèmes qui font que, pour moi, ce sont des décisions d'opportunité plus que des décisions de fond de droit qui sont prises par le Conseil constitutionnel."
Iriez-vous jusqu'à soutenir A. Montebourg qui demande l'abolition du Conseil constitutionnel ou pensez-vous qu'il faille réformer cette institution et en faire une véritable cour, comme dans d'autre pays ?
- "Il faut regarder de façon très précise le Conseil constitutionnel. Je ne le dirais pas avec autant d'affirmation que M. Montebourg, mais je me pose un certain nombre de questions."
Allez-vous faire des propositions dans ce sens ?
- "Je le ferai à l'occasion de l'élection présidentielle qui démarrera bientôt."
Etes-vous d'accord avec les revendications des médecins ?
- "Les médecins manifestent tout d'abord un manque de considération et malheureusement, il n'y a pas que les médecins qui en souffrent aujourd'hui dans la société - on parle des juges, de la police, des enseignants, des médecins. Je trouve que leur demande est légitime. Il est dommage qu'il soit nécessaire de se mettre en grève ou de descendre dans la rue pour se faire entendre. Le problème profond dans notre pays, c'est un manque de confiance et de considération pour beaucoup d'entre nous."
La considération passe par une revalorisation de leurs honoraires...
- "Oui, mais cela me semble normal. Cela fait de nombreuses années qu'ils n'ont pas eu de revalorisation ; ils ont une vie de chien, une responsabilité de plus en plus importante et il est normal que leurs études, leur travail et leur service soient rémunérés de façon juste."
Vous allez faire des propositions dans le domaine de la justice. Vous êtes lancée dans la campagne présidentielle ; est-ce que vous avez progressé dans l'obtention des signatures ?
- "J'en suis maintenant à près de 400..."
Vous en avez une centaine de plus qu'au mois de décembre ?
- "Absolument. Maintenant, nous allons mettre un coup de turbo - puisque jusqu'à présent, on a laissé les choses se faire naturellement - pour avoir ces 500 signatures le plus rapidement possible. Vous savez que nous avons jusqu'à la fin mars, mais j'aimerais les avoir relativement rapidement maintenant."
Comment allez-vous "mettre le turbo" ?
- "Nous allons téléphoner, voir les maires, j'ai des comités départementaux qui vont rencontrer les élus. Je pense que nous aurons ces 100 signatures sans difficulté. Je suis certaine que nous les aurons en mars, mais je voudrais les avoir plus rapidement pour que la presse prenne ma candidature avec plus de sérieux."
Le 27 janvier est le jour de votre grande manifestation au Zénith...
- "Oui, c'est le lancement de ma campagne. Jusqu'à présent, j'étais en pré-campagne et là, je vais présenter mon programme et je pense qu'il y aura beaucoup de monde le 27 janvier pour le lancement de ma candidature."
Vous avez dit un jour que si vous deviez renoncer, ce serait à cause de problèmes financiers. Apparemment, vous n'en avez pas, parce que louer le Zénith, cela coûte des sous et puis vous faites une grande campagne de distribution de tracts. Vous avez de généreux donateurs ? Comment faites-vous ?
- "Je fais les choses de façon très légale, je fais appel à la générosité des Français et très honnêtement, ils sont très nombreux à m'aider financièrement. Vous savez que tout est très contrôlé, je veux faire les choses de façon transparente. Mais la générosité des Français n'est pas surabondante, car chaque fin de mois est pour nous un peu problématique ; mais cette générosité est un signe d'encouragement et de mobilisation. Si j'arrive à avoir non seulement à Paris, mais dans toute la France, des personnes qui prennent le risque de distribuer des tracts de C. Boutin, c'est qu'il y a sans doute une attente forte par rapport à ce que j'ai à dire."
Et d'après vous, qu'attendent les gens de vous ?
- "Ce que je souhaite, c'est rétablir le lien entre l'opinion et la classe politique, car il n'y a plus de crédibilité."
Tout le monde veut ça !
- "Oui, mais moi je dis la vérité, par exemple sur mes signatures, je suis à peu près la seule candidate à dire très clairement le nombre de signataires que j'ai. J'ai toujours dit les choses, même quand ce n'était pas très à la mode. Mon objectif est de mettre l'homme au coeur de toute décision politique. Aujourd'hui, nous avons le problème de la mondialisation, les biotechnologies, les nouveaux modes de vie - quelle est la place de la femme dans ce début de XXIème siècle ? -, la construction européenne. Tout ceci, ce sont des enjeux extraordinaires qui peuvent être positifs, mais qui génèrent aussi des peurs. Il convient que nous prenions à bras le corps ces défis et que nous affirmions que l'homme doit bien être au coeur et la priorité de toutes les décisions."
Vous voulez être la porte-parole des femmes ?
- "Je souhaite effectivement être la porte-parole des femmes, mais aussi des hommes. Mais il faut aussi que les hommes se posent la question de savoir quelle est la place de la femme dans la société du XXIème siècle. Je veux une femme moderne, épouse, mère et agent économique et je veux que nous soyons reconnues, que notre dimension de féminité fasse partie de l'ensemble de la société et non pas comme un alibi."
Tout cela vous éloigne pas mal des préoccupations politiques classiques. Comment réalisez-vous la synthèse ? Vous avez eu des problèmes politiques : vous êtes "suspendue" de l'UDF - comme on dit...
-"En chimie, être en suspension, c'est être au-dessus, ce sont les particules qui se trouvent au-dessus !"
D'accord, vous êtes donc "au-dessus" de l'UDF ! Comment vous positionnez-vous par rapport au président de la République ; est-ce que, comme A. Madelin, vous êtes une déçue de 1995 ?
- "Je n'ai jamais été chiraquienne..."
Vous avez fait partie de l'association des amis de J. Chirac !
- "Oui, on m'a demandé d'en faire partie, je suis une femme de l'opposition et j'ai effectivement soutenue J. Chirac, surtout en 1997 au moment de la dissolution. J'ai regretté qu'il n'ai pas été dans la logique du général de Gaulle et qu'il n'en ait pas tiré les conséquences en démissionnant après la claque que nous avons prise. Mais je ne suis pas dépendante de J. Chirac, je suis une femme indépendante, je n'ai pas de militants, je n'ai pas de parti, je n'ai pas d'argent, mais j'ai une très grande richesse qui est ma liberté et je n'aliénerai jamais ma liberté. Quand on a un joyau, on ne le gaspille pas. Donc, je suis indépendante, j'ai des choses à dire, l'élection présidentielle est un moment de discussion pour des sujets de fond, non pas pour des réponses techniques, mais pour voir vraiment quels sont les enjeux de ce XXIème siècle et de la France."
Il y a tout de même un second tour...
- "D'abord, je serais peut-être au second tour..."
Vous êtes sérieuse ?
- "Oui, vous verrez ce qui se passera. Si je n'y suis pas, il n'y aura aucune consigne de vote pour ce qui me concerne. Cela dit , le projet de société de M. Jospin n'est pas le mien ; M. Chirac, je ne sais pas où il nous emmène, je ne sais pas s'il est certain de savoir où il veut nous emmener. Mais vraiment, la société que M. Jospin nous propose n'est pas la mienne."
(Source http://Sig.premier-ministre.gouv.fr, le 14 janvier 2002)
- "C'est à la fois une décision de bon sens et une décision politique. Cette loi était politique ; monsieur Jospin voulait donner satisfaction aux communistes. Cette loi était contre la liberté d'entreprendre ; j'avais voté contre et je trouve normal qu'elle ait été annulée. Cela dit, je ne suis pas certaine qu'il n'y ait pas aussi un peu de politique."
Vous voulez dire que le Conseil constitutionnel est de droite, majoritairement ?
- "Non, je ne pense pas qu'il soit particulièrement de droite, mais je pense qu'il y a une certaine façon d'aborder les problèmes qui font que, pour moi, ce sont des décisions d'opportunité plus que des décisions de fond de droit qui sont prises par le Conseil constitutionnel."
Iriez-vous jusqu'à soutenir A. Montebourg qui demande l'abolition du Conseil constitutionnel ou pensez-vous qu'il faille réformer cette institution et en faire une véritable cour, comme dans d'autre pays ?
- "Il faut regarder de façon très précise le Conseil constitutionnel. Je ne le dirais pas avec autant d'affirmation que M. Montebourg, mais je me pose un certain nombre de questions."
Allez-vous faire des propositions dans ce sens ?
- "Je le ferai à l'occasion de l'élection présidentielle qui démarrera bientôt."
Etes-vous d'accord avec les revendications des médecins ?
- "Les médecins manifestent tout d'abord un manque de considération et malheureusement, il n'y a pas que les médecins qui en souffrent aujourd'hui dans la société - on parle des juges, de la police, des enseignants, des médecins. Je trouve que leur demande est légitime. Il est dommage qu'il soit nécessaire de se mettre en grève ou de descendre dans la rue pour se faire entendre. Le problème profond dans notre pays, c'est un manque de confiance et de considération pour beaucoup d'entre nous."
La considération passe par une revalorisation de leurs honoraires...
- "Oui, mais cela me semble normal. Cela fait de nombreuses années qu'ils n'ont pas eu de revalorisation ; ils ont une vie de chien, une responsabilité de plus en plus importante et il est normal que leurs études, leur travail et leur service soient rémunérés de façon juste."
Vous allez faire des propositions dans le domaine de la justice. Vous êtes lancée dans la campagne présidentielle ; est-ce que vous avez progressé dans l'obtention des signatures ?
- "J'en suis maintenant à près de 400..."
Vous en avez une centaine de plus qu'au mois de décembre ?
- "Absolument. Maintenant, nous allons mettre un coup de turbo - puisque jusqu'à présent, on a laissé les choses se faire naturellement - pour avoir ces 500 signatures le plus rapidement possible. Vous savez que nous avons jusqu'à la fin mars, mais j'aimerais les avoir relativement rapidement maintenant."
Comment allez-vous "mettre le turbo" ?
- "Nous allons téléphoner, voir les maires, j'ai des comités départementaux qui vont rencontrer les élus. Je pense que nous aurons ces 100 signatures sans difficulté. Je suis certaine que nous les aurons en mars, mais je voudrais les avoir plus rapidement pour que la presse prenne ma candidature avec plus de sérieux."
Le 27 janvier est le jour de votre grande manifestation au Zénith...
- "Oui, c'est le lancement de ma campagne. Jusqu'à présent, j'étais en pré-campagne et là, je vais présenter mon programme et je pense qu'il y aura beaucoup de monde le 27 janvier pour le lancement de ma candidature."
Vous avez dit un jour que si vous deviez renoncer, ce serait à cause de problèmes financiers. Apparemment, vous n'en avez pas, parce que louer le Zénith, cela coûte des sous et puis vous faites une grande campagne de distribution de tracts. Vous avez de généreux donateurs ? Comment faites-vous ?
- "Je fais les choses de façon très légale, je fais appel à la générosité des Français et très honnêtement, ils sont très nombreux à m'aider financièrement. Vous savez que tout est très contrôlé, je veux faire les choses de façon transparente. Mais la générosité des Français n'est pas surabondante, car chaque fin de mois est pour nous un peu problématique ; mais cette générosité est un signe d'encouragement et de mobilisation. Si j'arrive à avoir non seulement à Paris, mais dans toute la France, des personnes qui prennent le risque de distribuer des tracts de C. Boutin, c'est qu'il y a sans doute une attente forte par rapport à ce que j'ai à dire."
Et d'après vous, qu'attendent les gens de vous ?
- "Ce que je souhaite, c'est rétablir le lien entre l'opinion et la classe politique, car il n'y a plus de crédibilité."
Tout le monde veut ça !
- "Oui, mais moi je dis la vérité, par exemple sur mes signatures, je suis à peu près la seule candidate à dire très clairement le nombre de signataires que j'ai. J'ai toujours dit les choses, même quand ce n'était pas très à la mode. Mon objectif est de mettre l'homme au coeur de toute décision politique. Aujourd'hui, nous avons le problème de la mondialisation, les biotechnologies, les nouveaux modes de vie - quelle est la place de la femme dans ce début de XXIème siècle ? -, la construction européenne. Tout ceci, ce sont des enjeux extraordinaires qui peuvent être positifs, mais qui génèrent aussi des peurs. Il convient que nous prenions à bras le corps ces défis et que nous affirmions que l'homme doit bien être au coeur et la priorité de toutes les décisions."
Vous voulez être la porte-parole des femmes ?
- "Je souhaite effectivement être la porte-parole des femmes, mais aussi des hommes. Mais il faut aussi que les hommes se posent la question de savoir quelle est la place de la femme dans la société du XXIème siècle. Je veux une femme moderne, épouse, mère et agent économique et je veux que nous soyons reconnues, que notre dimension de féminité fasse partie de l'ensemble de la société et non pas comme un alibi."
Tout cela vous éloigne pas mal des préoccupations politiques classiques. Comment réalisez-vous la synthèse ? Vous avez eu des problèmes politiques : vous êtes "suspendue" de l'UDF - comme on dit...
-"En chimie, être en suspension, c'est être au-dessus, ce sont les particules qui se trouvent au-dessus !"
D'accord, vous êtes donc "au-dessus" de l'UDF ! Comment vous positionnez-vous par rapport au président de la République ; est-ce que, comme A. Madelin, vous êtes une déçue de 1995 ?
- "Je n'ai jamais été chiraquienne..."
Vous avez fait partie de l'association des amis de J. Chirac !
- "Oui, on m'a demandé d'en faire partie, je suis une femme de l'opposition et j'ai effectivement soutenue J. Chirac, surtout en 1997 au moment de la dissolution. J'ai regretté qu'il n'ai pas été dans la logique du général de Gaulle et qu'il n'en ait pas tiré les conséquences en démissionnant après la claque que nous avons prise. Mais je ne suis pas dépendante de J. Chirac, je suis une femme indépendante, je n'ai pas de militants, je n'ai pas de parti, je n'ai pas d'argent, mais j'ai une très grande richesse qui est ma liberté et je n'aliénerai jamais ma liberté. Quand on a un joyau, on ne le gaspille pas. Donc, je suis indépendante, j'ai des choses à dire, l'élection présidentielle est un moment de discussion pour des sujets de fond, non pas pour des réponses techniques, mais pour voir vraiment quels sont les enjeux de ce XXIème siècle et de la France."
Il y a tout de même un second tour...
- "D'abord, je serais peut-être au second tour..."
Vous êtes sérieuse ?
- "Oui, vous verrez ce qui se passera. Si je n'y suis pas, il n'y aura aucune consigne de vote pour ce qui me concerne. Cela dit , le projet de société de M. Jospin n'est pas le mien ; M. Chirac, je ne sais pas où il nous emmène, je ne sais pas s'il est certain de savoir où il veut nous emmener. Mais vraiment, la société que M. Jospin nous propose n'est pas la mienne."
(Source http://Sig.premier-ministre.gouv.fr, le 14 janvier 2002)