Déclaration de M. François Hollande, premier secrétaire du PS, sur l'annonce de la candidature de M. Jacques Chirac à la Présidence de la République, Paris, le 11 février 2002.

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Jacques Chirac candidat, c'est tout sauf une surprise, tant c'est son activité principale depuis 5 ans. Les deux questions qui doivent se poser par rapport à une telle annonce, c'est pourquoi maintenant et pour quoi faire ? Pourquoi maintenant ? Il y a visiblement une part d'improvisation, de précipitation et c'est sans doute que Jacques Chirac a cédé une nouvelle fois à un entourage inquiet, à la pression de ses proches. Mais candidat pour quoi faire ? Il n'était pas facile pour Jacques Chirac de justifier en effet, de pouvoir prétendre à un nouveau mandat, à un quinquennat après l'échec d'un septennat. Il n'a pas avancé une seule raison qui pourrait donner crédit à des engagements d'avenir, tout simplement parce qu'il a oublié les précédents. Il évoque l'autorité de l'État, mais qui dans ces prochains mois incarnera l'autorité de l'État ? Celui qui a tenu ses engagements, ou celui qui en 1995, élu sur un programme a eu tôt fait de l'oublier en chemin ? Les Français eux, ne l'ont pas oublié.
Lionel Jospin, lui a pris des engagements devant les Français, de gouverner la France jusqu'à la fin de la législature, et d'être Premier ministre et seulement Premier ministre jusqu'à la fin de la session parlementaire, fin février. Ce n'est pas parce que Jacques Chirac, le candidat sortant, est lui, pressé, qu'il faudrait que Lionel Jospin s'il en décide ainsi, improvise lui aussi une candidature. Dans la vie politique, comme dans la vie tout court, il faut avoir des règles et les respecter, il faut avoir une stabilité de comportement, et y veiller et il ne faut pas changer de position à la mesure de sa convenance.
Lionel Jospin est habitué à avoir en face de lui depuis 5 ans, un Président qui est toujours candidat, donc de ce point de vue, il n'y a rien de changé.
Je n'ai pas eu le sentiment que depuis 5 ans, Jacques Chirac avait perdu sa liberté de ton. Je me souviens encore des propos qu'il tenait le 14 juillet et qui n'étaient pas des déclarations de Président. Que Jacques Chirac, candidat sortant soit déjà parti, il en a bien le droit, c'est son affaire, et le combat électoral mérite dignité et respect, mais en même temps, que chacun ait son calendrier, et que chacun ait ses propositions et surtout que chacun ait la capacité de les tenir. Je crois que c'est ce que les Français voudront regarder, la crédibilité des uns et des autres et pas nécessairement leur propre calendrier.
Ce n'est pas parce que Jacques Chirac avait prévu -c'est ce qu'on nous dit-, d'annoncer sa candidature au milieu du mois de mars, et maintenant pris de je ne sais quelle envie, et sous je ne sais quelle pression, ait déclaré au début du mois de février, que tous les autres et même Lionel Jospin pour ce qui le concerne, devraient se caler par rapport à lui. Nous avons suffisamment d'expérience pour savoir qu'il ne faut pas suivre Jacques Chirac, dans ses foucades. Nous devons être calmes, sereins, et en même temps décidés, lorsque nous prendrons des engagements à les respecter.
(Source http://www.parti-socialiste.fr, le 13 février 2002)