Déclaration de M. Lionel Jospin, Premier ministre, en réponse à une question sur la participation française aux opérations militaires en Afghanistan, à l'Assemblée nationale le 12 décembre 2001.

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Texte intégral

Monsieur le président,
Mesdames et Messieurs les députés,
Madame la députée,
Je sais que vous aimez m'interroger et il arrive un certain nombre de fois où je ne déteste pas vous répondre. En l'espèce, je pense que sur les bancs de l'opposition, vous vous apaiserez quand je vous aurais dit qu'à l'issue d'un Conseil restreint, le président de la République qui l'a présidé, a lui-même précisé que le Parlement serait informé aujourd'hui des formes d'une participation de la France à une mission en Afghanistan par le Premier ministre, ce que je fais. Car il me semble que le Conseil restreint s'étant réuni ce matin, c'est l'occasion idéale devant l'ensemble de la représentation nationale, en tout cas de l'Assemblée, pour vous donner des informations.
Pour ce qui concerne les contributions actuelles de la France à l'opération en Afghanistan, je voulais d'abord vous dire que, pour la sécurisation de la base aéroportuaire à Mazar-i-Sharif, notre déploiement devrait être complet cette nuit, c'est-à-dire les 220 Marsouins prêts, si la météo est favorable. Je vous répète ce que m'a dit le chef d'état-major des armées ce matin. Pour ce qui concerne le groupe aéronaval, il est actuellement en Mer Rouge et devrait parvenir au large des côtes du Pakistan à la mi-décembre. Pour ce qui concerne la composante aérienne, - nos avions de combat -, nous avons obtenus l'accord des autorités kirghiz et tadjiks, et donc, leur déploiement devrait pouvoir se faire normalement. Mais je voudrais surtout - il faut toujours intégrer le probable, comme cela, on ne risque pas d'annoncer à l'avance des choses qui ne se réalisent pas, et c'est une règle à laquelle je me suis tenu -, vous dire essentiellement, qu'une décision importante a été prise par le Conseil restreint, ce matin, sous la présidence du président de la République.
Vous le savez, lors des accords signés à Bonn, le 5 décembre, les délégations afghanes participant aux pourparlers des Nations unies, ont conclu un accord sur la mise en place d'une autorité et d'une administration intérimaires à Kaboul, en Afghanistan. Cet accord a également prévu le déploiement rapide d'une Force, mandatée par l'ONU, pour contribuer au maintien de la sécurité à Kaboul et dans les environs. La France, sollicitée par le secrétaire général des Nations unies, K. Annan, est prête à s'engager dans une Force multinationale de sécurité. C'est ce que vient de décider le Conseil restreint ce matin. Le mandat de cette Force, sera arrêté précisément par une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies, en cours de préparation à New York et dans les capitales.
Avec l'accord des nouvelles autorités afghanes, cette Force aurait pour mission d'assurer la sécurité à Kaboul. Des structures politiques et administratives nouvelles seraient mises en place en Afghanistan, et des organisations internationales, notamment de l'ONU bien sûr, présentes dans la capitale.
Cette mission aurait une durée courte, de quelques mois. Mandatée par l'ONU, je le répète, elle serait commandée par une structure ad hoc, en coordination avec cinq hommes, c'est-à-dire avec le commandement américain dirigeant les opérations actuelles contre Al-Qaida. La France est prête à assumer ses responsabilités en déployant des unités spécialisées, immédiatement disponibles, pour participer à la sécurité des personnes et à la protection des bâtiments de la nouvelle administration à Kaboul.
La France propose, d'autre part, de contribuer à la nécessaire protection et à l'appui de la Force multinationale par ses avions de combat, soit ceux du groupe aéronaval, soit ceux qu'elle s'apprête à déployer, comme je l'ai indiqué, en Asie Centrale. Elle est également disposée à s'associer à la formation d'équipes afghanes qui se spécialiseraient dans les opérations de déminage. Elle pourrait enfin participer, dans des conditions à définir, avec nos alliés et partenaires, notamment européens, à la formation future des armées afghanes, si cela est souhaité.
Avec ses alliés européens, notamment britanniques et allemands, la France apporterait ainsi une contribution significative qui sera en mesure, dès le début du fonctionnement de l'administration intérimaire, d'en assurer, avec plusieurs centaines d'hommes, la sécurité.
(source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 13 décembre 2001)