Point de presse conjoint de M. Charles Josselin, ministre délégué à la coopération et à la francophonie, et de M. Marsden Madoka, ministre kenyan des affaires étrangères, sur les relations et la coopération entre la France et le Kenya, la paix dans la zone des grands lacs, la lutte contre le terrorisme en Somalie et l'aide internationale au Kenya, Nairobi, Kenya, le 17 janvier 2002.

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Circonstance : Voyage de M. Charles Josselin, ministre délégué à la coopération et à la francophonie, à Nairobi, Kenya, le 17 janvier 2002

Texte intégral

C'est ma seconde visite au Kenya en ma qualité de ministre de la Coopération. Je me réjouis d'être à nouveau à Nairobi. Ainsi que le ministre kenyan des Affaires étrangères l'a rappelé à l'instant, la France a voulu ouvrir sa politique africaine à toute l'Afrique et sortir de ce que l'on appelait le "pré carré francophone". Cela explique que nos relations avec les pays d'Afrique orientale se sont, de manière importante, développées au cours des dernières années. Les relations avec le Kenya en particulier ont pris une importance que je me plais à souligner et que va illustrer dans quelques instants la signature de deux conventions qui témoignent de la volonté de la France d'être aux cotés du Kenya dans sa lutte contre la pauvreté et pour son développement. La coopération culturelle se développe également. L'Alliance française de Nairobi est la seconde de la planète en importance et en nombre d'étudiants fréquentant les cours de français. Des coopérations en matière universitaire et dans le domaine de la recherche existent également.
Cette coopération se développe aussi au plan militaire : nos deux pays sont très attachés au maintien de la paix et à la participation régionale au maintien de la paix. Je me réjouis que le Kenya soit sur le point de participer à l'initiative RECAMP en Tanzanie le mois prochain, un exercice qui va réunir les armées de quelques vingt pays de l'Afrique australe orientale et de l'Océan indien.
Monsieur le Ministre a rappelé à l'instant l'importance de la présence économique française. Je n'y insiste donc pas sauf pour dire mon intention ce soir, à l'invitation de l'ambassadeur Jacquemot, de rencontrer les représentants de la communauté française et particulièrement les représentants des entreprises françaises qui vont pouvoir me dire leurs réussites, leurs difficultés peut-être aussi, en tout cas leur volonté de poursuivre leurs investissements au Kenya.
Mon voyage avait aussi une autre causalité : le souhait de dialoguer avec les autorités kenyanes sur un plan plus politique au sujet de dossiers importants, les mêmes dossiers dont je me suis entretenu hier avec les autorités éthiopiennes. Je pense à la Somalie, je pense au Soudan, aux Grands lacs aussi, ces dossiers où le Kenya me paraît avoir un rôle important à jouer pour peser en faveur de la paix.
Bref, vous l'aurez compris, la France souhaite avoir une relation privilégiée avec le Kenya. Elle entend démontrer l'intérêt qu'elle lui accorde au travers de sa coopération mais elle souhaite aussi entretenir un dialogue politique très serré. Elle est convaincue que ce dialogue sera fécond et pour la France et pour l'Afrique.
Q - Vous avez évoqué la Somalie. Vos remarques semblent être des demandes d'examen attentif et de réflexion pour réduire la menace d'une intervention militaire en Somalie. Est-ce bien le sens de votre message ?
R - Je crois en effet que la probabilité d'une intervention militaire en Somalie était probablement plus actuelle il y a quelques mois qu'aujourd'hui. La France avait dit son souhait de voir la lutte anti-terroriste conduite partout de manière appropriée et pas forcément en reproduisant ce qui s'est fait en Afghanistan, parce que les conditions y sont différentes.
De mes conversations avec les responsables éthiopiens, je retire la conviction que cette approche réaliste est désormais partagée par un acteur important des solutions à mettre en place. Il reste que nous sommes préoccupés par la faiblesse de l'Etat somalien, une faiblesse qui favorise les activités criminelles, qui peuvent créer un climat favorable au terrorisme. Il est, je crois, de la responsabilité de la communauté internationale d'aider la Somalie à se construire véritablement et à se donner des règles de droit. Il faut le faire en tenant compte des entités existantes en Somalie, y compris le gouvernement de transition.
Q - (Question sur le degré d'engagement des Ethiopiens pour la paix en Somalie)
R - J'ai dit la volonté des Ethiopiens de voir la Somalie se construire, y compris sur le plan du droit et du droit international. J'ai dit aussi qu'il fallait que toutes les entités soient prises en compte dans cette reconstruction. Il est vrai qu'une ligne de partage pour identifier ce qu'il s'agit d'appuyer et ce qu'il s'agit éventuellement de combattre, c'est la disponibilité à lutter contre le terrorisme. C'est un critère important, c'est celui de l'Ethiopie. La France le comprend et le partage.
Q - Faites vous partie de ceux qui appellent à la reprise de l'aide internationale pour le Kenya ? D'autre part, que pensez-vous de la décision du président Moi de nommer des experts britanniques pour aider à la lutte contre la corruption ?
R - J'aurais l'occasion de parler avec le président Moi de ces différentes questions demain. Mais à la seconde question que vous me posez, je ne peux que me féliciter des efforts que le Kenya entreprend pour lutter efficacement contre la corruption. Nous sommes convaincus que c'est aussi une des conditions du développement, même si nous savons que c'est difficile et que cela prendra probablement un peu de temps. Mais s'entourer des meilleurs conseils et des meilleurs experts me paraît une bonne chose. Je rappelle que la convention entre l'Europe et les pays ACP, qui vient d'être réactualisée et la France y a pris une part active, a fait de la corruption un des éléments importants contre lesquels il faut que nous puissions lutter ensemble.
Dans le cadre de l'appui au Kenya, je vous ai dit la volonté de la France de mobiliser une partie des moyens de sa coopération pour l'aider dans son développement. Et je souhaite que l'Europe soit également présente dans cet appui au Kenya.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 21 janvier 2002)