Déclaration et point de presse de M. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères, sur les propositions française et égyptienne de relance du processus de paix au Proche-Orient et sur la concertation avec les Etats-Unis, Paris les 27 et 28 juillet 1998.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Entretien de M. Védrine avec M. Amr Moussa, ministre égyptien des affaires étrangères, à Paris les 27 et 28 juillet 1998

Texte intégral

POINT DE PRESSE CONJOINT DU MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES, M. HUBERT VEDRINE, ET DU MINISTRE EGYPTIEN DES AFFAIRES ETRANGERES, M. AMR MOUSSA - PROPOS DU MINISTRE FRANCAIS - Paris - 27.07.1998
Nous avons fait un tour d'horizon méthodique des questions qui nous préoccupent en ce moment. Nous avons parlé de la situation au Soudan, de la question de la Libye, de l'Iran, mais nous avons surtout parlé de la situation extrêmement préoccupante, pour ne pas dire plus, du processus de paix. Nous avons travaillé ensemble sur la base des propositions et des initiatives franco-égyptiennes que vous connaissez et nous avons décidé de travailler ensemble. Nous nous reverrons d'ailleurs à ce sujet demain matin.

Nos conversations se passent, comme d'habitude, dans un climat de confiance amicale et sur la base d'un travail en commun, très étroit, fondé sur les mêmes principes et les mêmes idées.
____________________________________________________________________________________
CONFERENCE CONJOINTE DU MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES, M. HUBERT VEDRINE, ET DU MINISTRE EGYPTIEN DES AFFAIRES ETRANGERES, M. AMR MOUSSA - PROPOS DU MINISTRE FRANCAIS - Paris - 28.07.1998
Mesdames et Messieurs, comme nous vous l'avions indiqué hier, nous avons donc poursuivi nos travaux, M. Amr Moussa et moi-même, sur la situation au Proche-Orient et plus particulièrement sur l'idée franco-égyptienne avancée il y a quelques semaines, et dont nous pensons maintenant qu'elle peut être transformée en projet.
Nous avons donc travaillé sur les différents aspects de ce projet et nous avons décidé de créer un groupe de travail franco-égyptien pour aller plus loin dans cette préparation.
La suite de cette préparation consistera d'abord en une concertation étroite avec les Etats-Unis. Je vous rappelle que des efforts importants sont encore en cours de la part des Etats-Unis. Nous soutenons ces efforts, nous souhaitons qu'ils aboutissent mais nous ne pouvons pas en être sûrs évidemment. Donc, il faut penser à l'avenir. C'est là où intervient l'installation de ce groupe de travail, pour approfondir cette idée qui sera suivie ensuite d'un certain nombre de consultations pour préciser un certain nombre de points.
Voilà ce sur quoi nous avons travaillé hier. Nous avons également parlé d'autres sujets que j'avais signalés rapidement dans ma petite déclaration et nous avons continué à travailler ce matin.
Q - Y a-t-il eu des dates fixées pour le groupe de travail ? Vous fixez-vous un délai pour terminer ce travail ? Les Etats-Unis participeront-ils au groupe de travail ?
R - Il n'y a pas de calendrier car ce calendrier dépend de la situation. Je rappelle, pour que les choses soient claires, que nous apportons notre soutien aux efforts que les Etats-Unis continuent à déployer. Il ne doit pas y avoir d'ambiguïté sur ce point. Mais nous devons envisager l'avenir et toutes les hypothèses. Nous avons créé un groupe de travail franco-égyptien mais il sera en contact constant. Nous allons travailler même s'il n'y a pas de réunions physiques à Paris ou au Caire, les deux collaborateurs compétents sur ce point seront en contact permanent. Je disais tout à l'heure, et M. Moussa le redisait, que les consultations concerneront d'abord les Etats-Unis, ce sera dans les prochains jours. Ensuite, nous verrons. Cela dépendra de la situation. Nous n'allons pas nous enfermer dans une programmation abstraite ou un calendrier a priori. Encore une fois, cela dépend de la situation. La France et l'Egypte veulent être prêtes à être utiles si la situation l'exige.
Q - Les efforts américains existent-ils toujours ?
R - Oui, on peut dire que les efforts américains existent toujours et d'après les informations que nous avons, l'engagement américain reste réel et important au niveau de l'administration américaine. Au niveau de Mme Albright, cet effort reste réel, et nous sommes tous les deux en contact étroits avec la diplomatie américaine, en permanence. Ces efforts sont réels encore, mais nous sommes obligés d'envisager l'hypothèse où il faudrait les prolonger sous une autre forme. Nous n'en sommes pas là aujourd'hui, mais il faut y réfléchir.
Q - (inaudible)
R - A propos des efforts des uns et des autres, je fais toujours la même réponse. Excusez-moi, c'est toujours la même question, donc je fais toujours la même réponse. A propos, des initiatives des Européens, des Arabes et des Américains, ce n'est pas un problème de concurrence, ce n'est pas une compétition sportive. Il ne s'agit pas de prendre des initiatives pour le plaisir de les prendre, il s'agit d'être utile et de faire converger les efforts des uns et des autres.
Q - Les contacts entre vous ont été beaucoup plus longs que prévu, il y a forcément un progrès qui a été enregistré...
R - C'est ce que nous venons de dire. D'abord, cela a été plus long que prévu car hier, pour des raisons d'emploi du temps, je n'avais de temps que pour le déjeuner et pas pour les entretiens que nous faisons traditionnellement avant. Lorsque nous nous voyons, d'habitude, nous avons le temps d'un long entretien puis d'un déjeuner. Il n'y a eu qu'un déjeuner, il fallait donc rattraper ce temps perdu. D'autre part, nous avons beaucoup de sujets à traiter ensemble. Je vous ai dit hier rapidement que nous avions également évoqué les questions de l'Iraq, de l'Iran, de la Libye, du Soudan, de l'Afrique. Il y a toutes sortes de sujets. Cela démontre simplement ce que vous savez, c'est-à-dire qu'il y a beaucoup de sujets à traiter entre la France et l'Egypte et que l'on ne se verra jamais trop.
Q - ( inaudible )
R - Non, on ne peut pas faire de prévision comme cela, car si des efforts américains actuels aboutissent, ce que nous souhaitons naturellement, dans cette hypothèse, il n'y a pas lieu de prendre d'autre initiative. Il n'y a pas un projet de conférence qui existe indépendamment du contexte. C'est une réflexion que nous menons dans l'hypothèse où les efforts actuels que nous soutenons n'aboutiraient pas. Cela dépendra du contexte, de l'évolution. Si la situation nous amène à préciser cette proposition, nous entrerons dans une phase de préparation encore plus active et encore plus précise, et nous verrons à ce moment-là. Cela dépendra du travail qui sera fait sur le contenu, la préparation des conclusions. C'est un processus que l'on ne peut pas programmer à l'avance. Tout ce qui serait dit en terme de date ou de calendrier serait artificiel, cela dépendra de la situation.
Q - Cela a changé un peu depuis l'annonce de M. Chirac où l'on disait que c'était une initiative nouvelle. Maintenant, c'est tout à fait en fonction de la situation.
R - Non, cela a toujours été comme cela depuis le début. Lorsque le président Chirac et le président Moubarak ont mis cette initiative en avant, ils ont dit : "nous avons eu cette idée pour pouvoir relancer les efforts de paix si les autres efforts de paix étaient arrêtés." Et nous n'avons annoncé aucun calendrier à l'époque. Il y a eu des commentaires, des commentaires libres mais qui ne nous engagent pas. Donc, nous sommes dans la même ligne, à la fois pragmatique et très persévérante, très tenace, et compte tenu de la situation générale, nous avons décidé d'entamer un processus de préparation plus concret à partir de maintenant, à partir du groupe de travail franco-égyptien.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 octobre 2001)