Communiqué commun des ministres des affaires étrangères de la CEE et des pays de la ligne de front en date du 4 février 1986 sur la situation en Afrique Australe et en Afrique du Sud.

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Circonstance : Réunion ministérielle des pays de la CEE et des pays de la ligne de front (Zimbabwe, Mozambique, Angola, Tanzanie, Zambie) à Lusaka les 3 et 4 février 1986

Média : Bulletin d'information du ministère des relations extérieures

Texte intégral

1. Les ministres des affaires étrangères des pays de la ligne de front et de la Communauté européenne ainsi qu'un membre de la Commission des Communautés européennes se sont réunis à Lusaka, Zambie, les 3 et 4 février 1986 pour examiner la situation régnant en Afrique australe.
-2. La réunion s'est tenue dans une atmosphère de cordialité et de confiance et de compréhension totales.
- 3. Les ministres ont examiné la situation générale régnant dans la sous-région. Ils ont, en particulier, passé en revue les développements récents et la situation actuelle en Afrique du Sud et ont discuté de questions telles que la politique à suivre à l'égard de l'Afrique du Sud pour contribuer à l'abolition de l'apartheid et faciliter, ce faisant, une solution pacifique en Afrique du Sud, les relations existant entre la République d'Afrique du Sud et les autres Etats de la région, ainsi que la question de l'indépendance de la Namibie.
- 4. S'agissant de l'Afrique du Sud, les ministres déplorent la violence et la dégradation progressive de la situation intérieure du pays, entraînant sans cesse des pertes de vies humaines et la destruction de biens. Ils attribuent cet état de choses à l'existence et à la persistance de la politique immorale d'apartheid et au refus du Gouvernement sud-africain d'abolir ce système de façon à préparer le terrain pour des négociations avec tous ses citoyens sur l'avenir du pays.
- 5. Les ministres considèrent la politique sud-africaine d'apartheid comme une violation des droits fondamentaux de l'Homme, consignés dans la charte des Nations unies et dans la déclaration universelle des droits de l'Homme. A cet égard, ils réaffirment leur condamnation absolue de l'apartheid et réclament son élimination totale, dans l'intérêt de la paix et de la stabilité en Afrique australe.
(Suite) 6. Dans le but d'améliorer la situation intérieure en Afrique du Sud, les ministres lancent un appel au Gouvernement de la République d'Afrique du Sud pour qu'il déclare catégoriquement que l'apartheid sera entièrement démantelé, pour qu'il mette fin à l'état d'urgence et pour qu'il entame un dialogue sur l'avenir du pays avec les représentants véritables des Sud-Africains qui sont actuellement exclus de la structure gouvernementale en place. Ils lancent un appel au Gouvernement sud-africain pour qu'il libère inconditionnellement tous les prisonniers et détenus politiques, y compris Nelson Mandela, mesure indispensable pour faciliter le processus de négociation. Dans ce contexte, ils insistent également auprès du Gouvernement sud-africain pour qu'il lève l'interdiction qui pèse sur l'African National Congress of South Africa, le PAN africanist Congress of Azania et d'autres partis politiques, de manière à créer une atmosphère favorable au dialogue politique souhaité. Par ailleurs, les ministres se sont félicités de la création, lors du récent Sommet du Commonwealth, d'un groupe de personnes éminentes, devant promouvoir un dialogue en Afrique du Sud, et ils demandent instamment au Gouvernement de l'Afrique du Sud de coopérer avec ce groupe.
- 7. Quant à la politique à suivre à l'égard de la République d'Afrique du Sud dans le but de contribuer à l'abolition de l'apartheid, les ministres ont examiné une vaste gamme d'options. Ils ont souligné l'importance de poursuivre les pressions exercées au niveau international sur le Gouvernement de l'Afrique du Sud pour qu'il procède à l'abolition de l'apartheid par des moyens pacifiques, dans l'intérêt de la paix et de la stabilité en Afrique du Sud même et dans la région.
- 8. Ils ont convenu que les mesures annoncées par la CEE, le Commonwealth, les Etats nordiques, les Etats-Unis d'Amérique et d'autres gouvernements et organisations à l'encontre de l'Afrique du Sud sont très importantes. Les ministres ont convenu que, au cas où toutes ces mesures n'aboutiraient pas aux résultats souhaités, il faudra envisager la prise de nouvelles mesures.
(suite) 9. En ce qui concerne les relations entre la République d'Afrique du Sud et d'autres Etats d'Afrique australe, ils ont observé que le démantèlement de l'apartheid contribuerait de façon significative à la coexistence pacifique de tous les Etats de la région. Les ministres condamnent les actes militaires d'agression et de destabilisation perpétrés par l'Afrique du Sud contre les Etats voisins dans la région. Dans ce contexte, ils exigent le retrait total de toutes les troupes sud-africaines d'Angola. Ils déplorent la perte de vies humaines et la destruction de biens découlant de ces actions entreprises par l'Afrique du Sud. Ils reconnaissent que ces actions ne peuvent pas apporter la paix dans la région, elles compromettent au contraire la paix et la stabilité de la région.
- 10. Les ministres condamnent dans une même mesure la politique sud-africaine de destabilisation sous toutes ses manifestations, y compris le recours à des actions armées directes et indirectes, quelles qu'elles soient, dans les Etats voisins, en particulier en Angola et au Mozambique. A cet égard, ils sont convenus de refuser toute aide ou tout soutien aux auteurs de telles actions.
- 11. En ce qui concerne la Namibie, les ministres condamnent l'occupation illégale continue par l'Afrique du Sud de ce territoire international et le blocage des efforts visant à assurer son indépendance dans le cadre du plan des Nations unies pour l'indépendance de la Namibie. Dans ce contexte, ils réaffirment le caractère fondamental et pertinent de la résolution 435 (1978) du Conseil de Sécurité des Nations unies, qui constitue à ce jour la seule base valable d'une solution pacifique de la question de l'indépendance de la Namibie. Ils réclament la mise en oeuvre de cette résolution sans plus de délai. Dans ce contexte, les ministres rejettent les tentatives faites pour retarder l'indépendance de la Namibie en établissant un lien entre cette indépendance et le retrait des troupes cubaines d'Angola.
- 12. A ce propos, les ministres considèrent comme nulle et non avenue la soi-disant administration intérimaire installée en Namibie contrairement à la résolution 435 et lancent un appel à tous les pays pour qu'ils s'abstiennent de lui prêter quelque assistance que ce soit.
- 13. Les ministres réaffirment l'engagement de leurs pays respectifs d'oeuvrer en vue de l'abolition de l'apartheid en Afrique du Sud et de promouvoir les efforts visant à l'indépendance de la Namibie.
- 14. Les ministres remercient vivement le gouvernement et le peuple de Zambie d'avoir accueilli la réunion et de leur avoir offert une hospitalité aussi chaleureuse pendant leur séjour à Lusaka.