Texte intégral
Mesdames et messieurs,
Permettez-moi tout d'abord, en exergue de ce discours de clôture, de vous remercier de votre présence et surtout de féliciter chacun des intervenants à ce colloque, dont la qualité n'a rien à envier à ceux qui sont régulièrement organisés dans les facultés et les universités.
Mes remerciements s'adressent plus particulièrement bien sûr au Président du Conseil Scientifique, Hugues Petit, ainsi qu'à Joëlle Melin, qui ont magistralement organisé et animé nos travaux, mes excuses vont vers ceux que je n'ai pas pu entendre, ayant été retenu ce matin par des obligations impérieuses.
Le titre de notre colloque, "les nouveaux désordres mondiaux " n'a pas été choisi au hasard.
Il répond mot à mot, terme à terme, au concept de "nouvel ordre mondial ", forgé par le Président George Bush en 1991, après la chute du Mur et la disparition de l'URSS.
On célébrait à l'époque l'émergence d'une ère nouvelle, pacifique et éclairée, marquée par la réconciliation des peuples.
Bref, pour paraphraser l'expression bien connue d'un ministre socialiste, on passait "de l'ombre de la Guerre Froide à la lumière du Nouvel Ordre mondial ".
I- Dans la prose disciplinée des chefs d'Etat, des ministres, des universitaires, des analystes et des éditorialistes, ce nouvel ordre mondial résonnait comme la Révélation du troisième millénaire.
L'Epiphanie d'un monde nouveau reposait en effet sur trois affirmations réputées incontestables, moderne Sainte-Trinité du dogme dominant de cette fin de siècle.
L'Annonce première était celle d'un monde réconcilié autour des principes philosophiques, politiques et économiques occidentaux.
La fin de l'affrontement Est-Ouest, c'était le triomphe du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, la victoire de la démocratie, de l'individu, du marché, tous principes au service desquels, nous disait-on, les Etats-Unis d'Amérique se mettaient spontanément.
Cette belle vision d'un monde uni emportait jusqu'à l'adhésion des observateurs les plus avertis des faits internationaux.
Ceux-là même oubliaient tout d'abord que le communisme mort, d'autres systèmes de valeur que celui de l'Occident restaient en course dans la compétition géopolitique mondiale : l'islam par exemple, conquérant et dynamique, tout à la fois religion, politique et société, qui dessine une première grande fracture du monde contemporain.
Outre l'islam, une autre tendance à la fragmentation traverse le monde moderne : la prégnance du fait national, qui a détruit les empires russes, tchécoslovaques, yougoslaves et zaïrois
Tout cela est perceptible depuis longtemps : mais les rares Cassandre sont étouffées par le torrent unanime de l'optimisme le plus béat et de l'universalisme le plus naïf.
Cet état d'esprit est renforcé par la conviction très répandue d'une interdépendance généralisée.
En effet, on fait valoir le mouvement spontané d'ouverture des frontières, ainsi que la multiplication des échanges, sensés rapprocher les hommes.
On évoque aussi la liberté de circulation des personnes sur l'ensemble de la planète, sensée rapprocher les cultures.
On célèbre enfin l'émergence et la diffusion de nouvelles technologies de communication, tel Internet, qui permet de s'informer et de dialoguer en temps réel, ce médium augurant de l'émergence du "village planétaire ".
Au mythe de principes communs universellement partagés, au constat apparemment objectif d'une interdépendance généralisée s'ajoute le clou du spectacle : l'idée d'un monde régulé par un nouvel ordre.
Un ordre par le droit d'abord, dans lequel l'O.N.U., Parlement mondial et égalitaire des Etats, assurerait par ses résolutions la paix et la sécurité internationale, ainsi que la concorde universelle.
Un ordre par la police des Grands ensuite, le monde devant obéir à un directoire mondial responsable du devenir de tous, agissant dans le cadre du Conseil de Sécurité de l'O.N.U. et dans les limites de la Charte des Nations-Unies.
Le dogme de la Sainte Trinité- un monde réconcilié autour des principes occidentaux, uni dans l'interdépendance et régulé par un nouvel ordre - laissait pourtant rapidement place à la réalité d'une paix impériale.
Peu à peu en effet, il est apparu que la disparition de l'URSS, pour salutaire quelle fût, déséquilibrait profondément les rapports de forces internationaux, désormais dominés par les Etats Unis, seule superpuissance mondiale.
Ceux-ci sont à l'origine tant des interventions militaires et commerciales contre les " Etats perturbateurs " de l'ordre nouveau, c'est à dire l'Irak, la Serbie, Cuba ou l'Afghanistan, que de la doctrine du "nouvel ordre mondial fondé sur les valeurs occidentales ".
Le rêve contemporain d'une unité fondée sur les valeurs occidentales n'est pas sans rappeler l'idéal médiéval d'empire chrétien universel.
Au VIIIème siècle, Charlemagne étendit l'influence chrétienne, ainsi que la sienne propre, jusqu'aux confins du monde connu : il écrasa successivement les Lombards du roi Didier hostiles au Pape (774), puis les Saxons adeptes du paganisme (785- 799).
Il est frappant d'observer à quel point les leviers de la domination mondiale des Etats-Unis aujourd'hui sont identique à ceux mis en uvre par Charlemagne.
Au plan géopolitique, la relation de suzeraineté, rapport d'allégeance et d'hommage à l'Empereur, fut la matrice du régime impérial, ce qui n'est pas sans évoquer la primauté aujourd'hui reconnue au Président des Etats-Unis dans l'ordre international.
De même, Carolus Magnus assujettit ses grands vassaux au "service d'ost ", c'est à dire au service des armes, par lequel ils étaient tenus d'envoyer des soldats à la guerre pour leur suzerain.
Là encore, le parallèle avec l'époque contemporaine est frappant, si l'on songe par exemple à la coalition internationale qui, derrière les Etats - Unis, intervint en Irak en 1990-1991.
D'un point de vue idéologique, l'empire carolingien s'est construit en référence à certains principes: ceux de la chrétienté. C'est en effet un devoir chrétien qui motiva jadis l'intervention de Charlemagne en Lombardie et en Saxe.
De même aujourd'hui, c'est le devoir d'ingérence humanitaire qui est invoqué pour justifier les opérations militaires américaines et les empiétements sur la souveraineté de tel ou tel Etat.
Toute l'histoire montre en effet que les projets impériaux se sont toujours appuyés sur une puissante idéologie morale.
L'idée d'un monde pacifié et ordonné par un Glaive et une Bible est une idée typiquement impériale.
II- Mais le monde pacifié promis par la pax americana se heurte à la réalité du désordre établi.
Plus encore que la loi du plus fort, le monde contemporain subit en effet le désordre du plus fort.
Ce désordre est à la fois géopolitique et économique.
La domination mondiale de Washington dessine en effet un ordre partial et contesté. Celle-ci doit être analysée dans un esprit d'objectivité. Pour en avoir souffert, nous n'acceptons pas la diabolisation.
Ordre partial, parce que les Etats Unis ont récemment contribué à renverser le régime des talibans au motif qu'il s'agissait "d'un régime moyenâgeux qui soutenait le terrorisme ". On ne voit pas Bush bombarder l'Arabie Saoudite dont le régime encoure exactement les même reproches que celui des "étudiants en religion ".
Les principes que l'on applique aux uns ne s'appliquent pas aux autres, de même que les droits accordés ici sont refusés là-bas.
En effet Washington est intervenu au bénéfice du Koweït contre l'Irak au nom du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes et au nom de la souveraineté des Etats mais l'Amérique refuse de faire de même au profit des palestiniens dans les territoires occupés, en raison de son indéfectible alliance avec Israël.
Loin d'avoir la posture de médiation et d'arbitrage qui devrait être la leur, les Etats-Unis expriment clairement leur préférence.
Ils ont donc instauré un ordre partial. C'est la raison pour laquelle cet ordre est, çà et là, remis en cause.
Les attentats du 11 septembre dernier à New-York montrent bien que la rébellion couve.
" Le vainqueur rêve d'une éternelle paix selon une éternelle victoire. Mais le vaincu sous sa botte se refait une force et une volonté "
Machiavel avait bien observé cette loi de la politique internationale et d'ailleurs toute l'histoire montre que le propre des empires est d'être contesté.
L'empire romain, l'empire de Charles Quint, celui de Napoléon ainsi que tous les grands Etats multi-ethniques contemporains ont péri sous les coups de boutoir des peuples, dont le fer de lance était le plus souvent constitués par des minorités activistes.
Observez d'ailleurs, mesdames et messieurs, que partout et de tout temps, les adversaires des pouvoirs installés ont toujours été qualifiés de "terroristes ".
Le terrorisme s'appuie sur la terreur, c'est à dire sur la peur et d'ailleurs ses effets psychologiques sont incomparablement supérieurs à ses effets proprement physiques.
Inspirer la peur est la seule arme qui reste aux pauvres, aux marginaux du nouvel ordre mondial. C'est la seule arme pour contester la pax américana.
Pour contestable qu'il soit, pour déstabilisant qu'il apparaisse, il faut bien comprendre le sens, bien entendre le message contenu dans l'utilisation de méthodes terroristes. C'est souvent l'arme du désespoir, par exemple lorsque le désordre du plus fort règne sur des parties entières de la planète.
Ce désordre est aussi juridique puisque les Etats Unis ont mis en place un droit de la force, droit qu'il leur permet d'intervenir, de juger et de condamner à leur guise.
Le principe de souveraineté des Etats et de non-ingérence dans les affaires intérieures est ainsi remis en cause au travers de l'émergence de deux droits scélérats.
Il s'agit d'abord du droit d'ingérence, initialement cantonné au domaine humanitaire et désormais très largement entendu, selon la méthode du voleur chinois.
On a d'abord réservé l'ingérence aux cas de catastrophes naturelles ou humanitaires, et encore fallait-il l'accord de l'Etat concerné.
Elle est désormais possible pour des raisons politiques, et sans l'accord de " l'ingéré ".
Crée par l'O.N.U., cette notion d'ingérence a d'ores et déjà permis aux Etats-Unis et à leurs alliés d'intervenir sur les territoires croates, irakiens, soudanais et bosniaques.
Et pourquoi pas bientôt en Corse, au Pays Basque voir à Paris ou même dans le Parc de Montretout. Après tout, le Diable y habite...
Le droit d'ingérence de l'O.N.U., c'est d'abord le droit des Etats-Unis de se mêler des affaires des autres.
C'est déjà énorme mais Washington est allé plus loin encore, en soutenant l'émergence d'une juridiction pénale internationale permanente, qui permettra de juger tel ou tel "criminel de guerre ", à l'exception notable des citoyens américains exclus par principe et en droit de la juridiction de ces instances.
On nous dira que c'est faramineux, mirobolant, incroyable...
Mais les observateurs réalistes savent qu'il s'agit là du droit de la force, composante juridique du désordre établi.
A la politique du plus fort, au droit du plus fort s'ajoute également la loi économique du plus fort.
Les Etats-Unis appliquent en effet en matière de commerce international les principes du mercantilisme le plus égoïste : se protéger soi- même et pénétrer les marchés des autres.
En matière culturelle, les films hollywoodiens inondent nos écrans, au mépris des quotas prévus dans les conventions passées entre l'Europe et Washington. La domiciliation en Angleterre de sociétés de production américaines " européanise " en effet les films d'outre-Atlantique, et nos écrans sont inondés.
Par ailleurs, l'Organisation Mondiale du Commerce, sous la pression américaine, oblige l'Europe à supprimer ses droits de douane sur de nombreux produits, ainsi que les aides et les subventions à l'agriculture.
On veut priver le Vieux Continent de son indépendance alimentaire tout en réservant les productions agricoles aux pays du Tiers Monde, dans le cadre d'une division internationale du travail définie et imposée par Washington.
Mais les farmer du Middle West, quant à eux, prospèrent derrière les barrières commerciales qui les protègent.
Les Etats Unis disposent en effet d'un arsenal commercial unilatéral voté par le Congrès. Celui-ci permet notamment d'imposer 100 % de droits de douane sur les produits des pays qui leur semblent avoir des pratiques commerciales " déloyales " : c'est notamment le cas pour les jambons italiens et les eaux minérales françaises.
A cette pratique totalement illégale au regard du droit international, s'ajoute une législation commerciale à portée extra territoriale.
La loi Helms-Burton sanctionne les entreprises étrangères qui ont investi à Cuba.
De même, la loi Kennedy-d'Amato sanctionne les entreprises étrangères qui ont investi plus de 40 millions de dollars dans les projets pétroliers iraniens.
C'est la politique du " Big Stick " (Gros Bâton), dividende de la puissance, qui permet de mettre la politique commerciale au service de la politique étrangère. Il est clair que Washington vise à la maîtrise totale de l'arme militaire, de l'arme pétrolière, de l'arme alimentaire.
L'Amérique instaure ainsi la loi du plus fort pour défendre ses intérêts propres.
L'ensemble des autres nations subit en outre le chaos issu de l'ouverture généralisée des frontières, dont les Etats-Unis s'exonèrent mais qu'ils imposent à tous les autres peuples.
Et le monde subit les désordres économiques, démographiques et sanitaires qui sont les fruits de cette folle politique.
Le libre échangisme mondial favorise tout d'abord la transmission internationale des crises économiques, ainsi qu'on le voit aujourd'hui, à l'heure du ralentissement de l'activité mondiale.
A moyen terme, l'ouverture des frontières détruit nos industries et nos emplois, au profit des pays du tiers monde dans lesquels les coûts salariaux sont jusqu'à 80 fois plus faibles que dans nos contrées.
Privée d'emploi et donc de revenus, une partie de notre population s'appauvrit, tandis qu'on ne compte plus les pays dans lesquels l'esclavage, la malnutrition, et le travail des enfants sont monnaies courantes.
Voilà les fruits vénéneux du libéralisme sauvage : la pauvreté en occident, la jungle dans le tiers monde. Est-ce donc cela le nouvel ordre économique mondial ?
Il s'agit bien plutôt d'un désordre économique, qui produit et entretien un gigantesque désordre démographique. Fuyant la misère, les masses du Sud se dirigent vers le Nord qui a commis l'erreur d'ouvrir ses frontières, voire de mettre en place des mécanismes sociaux qui aspirent l'immigration.
Les germes de conflits civils et territoriaux sont désormais présents dans les pays occidentaux, dont les sociétés deviennent multi-culturelles.
Aujourd'hui, Mesdames et messieurs, les exemples libanais, yougoslaves ou soviétiques montrent bien que les sociétés multi-culturelles sont toujours multi-conflictuelles.
Pis encore les flux multiples et divers de population favorisent tous les désordres sanitaires : SIDA, tuberculose, grippe asiatique, sans même parler de la rapide, diffusion mondiale des maladies des cheptels (vache folle, grippe du poulet...).
Désordres économiques, désordres commerciaux, désordres sociaux, désordres démographiques, désordres sanitaires, autant de maux issus de la libre circulation des hommes et des produits.
On le voit bien, le libre échangisme mondial débouche sur une anarchie internationale, qu'arbitre cependant à son profit " Frère Grand ".
III- Confrontée à ces menaces et à ces risques, la France doit avant tout se protéger, tout en uvrant à la promotion d'un autre ordre international, juste et durable celui-là.
La vie internationale est une jungle. C'est donc un environnement hostile.
Aussi devons-nous avant tout retrouver le contrôle et la maîtrise de l'accès à notre territoire.
Protéger la sécurité et la prospérité des français implique de rétablir nos frontières physiques, commerciales et sanitaires.
Pour cela, il est impératif de sortir de cette Europe-là, fédéraliste et colonisatrice, en dénonçant les traités, ce qui est tout à fait possible, pour établir une Europe des Nations, défenseur des intérêts communs de celle-ci.
J'entends souvent cette fausse évidence, selon laquelle on ne peut sortir de l'Europe parce qu'on a signé des traités.
En 1966 par exemple, la France quitta l'organisation militaire intégrée de l'OTAN, alors qu'elle avait signé le Pacte Atlantique le 4 avril 1949.
A l'époque, le ciel ne nous est pas tombé sur la tête.
A l'aune des siècles qui forgent et constituent les peuples, à l'aune des dangers qui nous menacent, les traités relèvent de la simple légalité. Mais lorsque l'essentiel est en jeu, c'est-à-dire la survie, la nécessité fait office de légitimité.
Il en sera de même demain lorsque nous reprendrons les moyens de notre indépendance.
Toutefois, nous ne pourrons sauvegarder celle-ci qu'en renforçant drastiquement notre effort de Défense Nationale, dans l'optique non de la guerre d'hier, mais de celle de demain. .
Il nous faut augmenter de 30% les crédits d'équipement de l'armée de terre, puisque ceux-ci ont diminué de 30% depuis 1990. De même, au cur de l'avenir de nos industries d'armement, il nous faut remettre certains programmes d'équipements à l'ordre du jour : missiles antichars, antiaériens, bâtiments de guerre, avions et hélicoptères de combat. Surtout, il faut créer un dispositif capable de faire face et de vaincre une menace terroriste intérieure.
Dans cette perspective, l'esprit de défense, corollaire des moyens physiques de la sécurité, doit être réhabilité à l'école et dans les familles.
Surtout, il faut cesser d'engager systématiquement toutes nos forces sur des théâtres d'opérations extérieurs, alors même que le feu couve dans nos banlieues.
Les périls civils ou le terrorisme impliquent en effet de renforcer considérablement nos services de renseignements, comme d'ailleurs nos moyens opérationnels de surveillance du territoire.
Forte et respectée, la France pourra alors promouvoir un ordre international juste et durable.
Celui-ci ne peut reposer que sur le retour à un équilibre géopolitique mondial.
Aux antipodes de l'Europe fédérale que l'on nous construit aujourd'hui, simple pavillon de complaisance couvrant une marchandise américaine, aux antipodes disais-je de cette Europe de vassaux, il faut faire la grande Europe des peuples, la grande Europe de l'Atlantique à l'Oural qui fera pièce aux visées hégémoniques de Washington.
Cette Europe sera celle des identités, des peuples, des Etats indépendants.
Elle fonctionnera selon les principes de la coopération, lorsque les intérêts sont communs, c'est-à-dire en matière diplomatique, mais aussi migratoire, policière, industrielle et écologique.
Bien évidemment, je parle de l'Europe des peuples libres, c'est-à-dire souverains.
Il est en effet impératif de revenir à ce principe de souveraineté des Etats pour rétablir un véritable ordre international, en abandonnant tous les instruments juridiques qui permettent aujourd'hui de s'ingérer dans les affaires intérieures des peuples.
La souveraineté est une des conditions de l'égalité des Etats, donc une condition de l'équilibre géopolitique global, une condition d'un ordre international stable et durable.
Celui-ci repose aussi nécessairement sur le développement des pays du Tiers Monde, et puisqu'elle a une relation privilégiée avec l'Afrique.
Aujourd'hui, mesdames et messieurs, les lois de l'économie sont si fortes et impitoyables que l'on ne peut sauver la Corrèze sans sauver le Zambèze.
Seule une grande politique de co-développement peut sortir l'Afrique de la misère, tarir les flux d'immigration vers le Nord, contribuer à l'équilibre du monde.
C'est là un enjeu essentiel. Le Tiers monde a besoin de nous, et nous avons besoin du Tiers monde.
La France est particulièrement bien placée pour mettre en uvre cette politique, puisqu'elle mène traditionnellement une politique arabe et puisqu'elle a certains moyens d'action en Afrique.
En ce qui concerne le continent noir, j'annonce que si je suis élu à la Présidence de la République, je soutiendrais le Plan pour la reconnaissance africaine d'Abdoulaye Wade et de Thabo M'Beki, qui s'inscrit tout à fait dans la perspective de développement et de coopération que je viens d'évoquer.
Voilà, Mesdames et messieurs, l'état de la situation internationale et les moyens de redresser la barre.
Le désordre mondial d'aujourd'hui est un désordre du plus fort, auquel s'ajoute une anarchie internationale issue de la folle politique d'ouverture incontrôlée des frontières pratiquée par les gouvernements du monde entier.
Mesdames et messieurs, après le temps de la réflexion vient celui de l'action, pour donner vie aux principes. Changer de politique est possible, quand on le veut vraiment.
C'est donc le rendez-vous de l'action que je vous donne, dans la perspective de 2002 bien sûr, mais surtout pour sortir le monde de l'anarchie et du chaos, c'est-à-dire pour rendre à la France le sens de sa mission universelle.
Mesdames et messieurs, la notion même de nouvel ordre mondial est aberrante et par définition totalitaire.
Outre qu'on l'affuble de l'incontournable qualificatif de ,nouveau, cher à tous les publicitaires - " tout ce qui est nouveau est beau " - alors que la plupart du temps, la nouvelle peinture cache mal les structures vermoulues ou maffieuses qu'on veut déguiser.
Cet ordre mondial, qui par définition devrait s'imposer au monde, c'est-à-dire à tous les peuples du monde, ne pourrait s'établir que par la force et au bénéfice de la puissance dominante.
Ce rêve n'était-il pas déjà celui des communistes qui voulaient plier le monde aux oukases de Lénine et Staline, afin d'établir la dictature mondiale du prolétariat, bien sûr pilotée par les maîtres du Kremlin .
Le chien retourne toujours à son vomissement et l'intelligentsia à ses utopies.
Pour sauver les valeurs auxquelles nous sommes attachés, parce qu'elles seules permettent la vie et parfois le bonheur, nous devons combattre pour sauver les structures, vérifiées par l'Histoire, qui ont permis au travers de douloureux combats, de préserver nos libertés, notre indépendance, notre sécurité, notre culture et notre identité.
Il est évident qu'un empire ne peut être qu'une anarchie encadrée par une tyrannie.
Les ensembles cohérents ou qui s'efforcent de l'être, que sont les nations, développent à partir de la notion d'intérêt commun, l'adhésion et la participation du plus grand nombre.
Ils permettent l'harmonie politique et sociale minimum, en laissant le maximum de possibilités de développement individuel.
C'est pourquoi il faut défendre les nations dont la diversité et les frontières jouent le rôle de cloisons de sécurité contre les cataclysmes politiques, migratoires, ou autres.
Le nouvel ordre mondial, c'est la politique de Gribouille qui sautait à l'eau pour éviter la pluie.
Il y a des problèmes internationaux, ils doivent être résolus par le concert des nations, au travers d'accords bi ou multilatéraux, au travers de l'Europe des Nations ou de l'Organisation des Nations Unies.
L'objectif n'est pas de faire du passé table rase pour reconstruire un monde nouveau qui ne peut être qu'une utopie meurtrière et une réalisation injuste et désordonnée.
L'objectif n'est pas de refaire le monde, mais de le conserver, de l'adapter dans le respect des règles morales salvatrices et des organisations légitimes.
Encore une fois, dans un monde que menacent les ambitions prométhéennes de certains, il faut garder raison, au plus proche de la terre, des paysages, des hommes et de leurs attaches naturelles, mais pour ne pas désespérer, les yeux levés vers le ciel.
Je vous remercie.
(Source http://www.front-national.com, le 5 décembre 2001)