Articles de M. Bruno Mégret, délégué général du Front national, dans "Présent" des 4 novembre et 20 novembre 1993, intitulés "Le retour à l'idée d'intérêt national" et "les trois phases de l'immigration invasion".

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Média : Présent

Texte intégral

Au-delà du travail exemplaire de Présent, le Front national subit, comme jamais, le boycott des médias. Il en résulte pour certains l'impression que notre Mouvement n'aurait plus le vent en poupe et piétinerait.

Je crois que rien n'est plus faux car il devient de plus en plus aléatoire de juger d'une situation en fonction de la réalité médiatique, celle-ci étant de plus en plus déconnectée des réalités concrètes.

Or, précisément la situation évolue objectivement en faveur de nos thèses et de notre combat. Jamais en effet, nos idées n'ont été davantage dans l'air du temps.

La référence à l'identité nationale se généralise, de même que la nécessité d'en assurer la défense et la promotion. Sur le plan culturel, chacun y est allé de son discours. M. Mitterrand lui-même a plaidé l'exception culturelle dans les négociations du GATT au nom de l'identité nationale. M. Toubon a commis un projet de loi destiné à défendre notre langue et donc notre identité. M. Carignon et la classe audiovisuelle sont allés au Parlement de Strasbourg tenir le langage qu'y tenait cinq ans plus tôt Claude Autant-Lara au nom du Front National.

Sur le plan de l'immigration, les discours, il est vrai, sont plus réservés. Mais la mode n'est plus aux nouveaux droits pour les immigrés. Les organisations prétendument antiracistes et pro-immigrés ne font plus recette comme par le passé. SOS-Racisme a perdu son lustre et ses appuis, et les manifestations de rue sur les droits des immigrés n'ont guère de succès. Quant au discours politique, bien que complexé, torturé et inopérant, il va aujourd'hui plutôt dans un sens restrictif que dans un sens immigrationniste.

Sur le plan économique nos idées progressent encore plus vite. Même si personne ou presque n'ose utiliser le mot, ils sont de plus en plus nombreux à préconiser le protectionnisme ou, à tout le moins, à critiquer le libre-échangisme mondial. Les délocalisations sont considérées comme condamnables, de même que les autres conséquences de l'ultralibéralisme international. Et sur ce terrain nous bénéficions de l'appui de personnalités aussi éminentes dans leur domaine que Maurice Allais, prix Nobel d'économie, ou Jimmy Goldsmith, capitaine d'industrie. Cela va si loin que le gouvernement lui-même est obligé d'afficher des positions fermes à l'occasion des négociations du GATT.

L'opinion publique se déclare de plus en plus dans notre sens. Il est significatif à cet égard que les manifestations les plus spectaculaires de l'impérialisme culturel américain comme le parc d'Eurodisney soient boudées par le public français.

De même, comment ne pas voir l'importance de l'évolution de l'opinion au travers des sondages selon lesquels le Traité de Maastricht serai aujourd'hui massivement rejeté par nos compatriotes ? Tout cela démontre la montée en puissance des thèses identitaires et protectionnistes, le retour aux nécessités de la souveraineté, mais aussi des frontières et de l'intérêt national. Déjà d'ailleurs le principe de préférence nationale commence à être dé diabolisé. Le vent tourne. Alors qu'il soufflait avec violence dans le sens du mondialisme, ou commence à sentir une brise rafraîchissante venir des horizons nationaux.

D'ailleurs les girouettes commencent à changer d'orientation et de nombreux hommes politiques font mine d'adopter nos thèses. Sans doute espèrent-ils se livrer, comme à l'heure habitude, à la technique de récupération et de neutralisation de nos idées.

Mais les courants de fond seront plus forts que leurs petites manœuvres.

Le seul mouvement capable à terme de bénéficier politiquement de cette nouvelle évolution de l'opinion est le Front national. Les partis de l'établissement sont aujourd'hui prisonniers de leurs idéologies et de leur impuissance. Et si demain l'opinion réclame clairement l'application d'une politique identitaire, protectionniste et nationale, il n'y aura que le Front national pour être crédible à ses yeux, quels que soient les retournements et les conversions de circonstance des piètres politiciens.

En politique, les positions prises sont durables, et, pour le redressement national, le Front a dix ans d'avance sur ses concurrents.

 

Les trois phases de l'immigration-invasion

Même si la question n'est plus au premier plan de l'actualité, même si sur ce terrain aussi les médias officiels pratiquent l'occultation, l'immigration ne cesse de se développer dans notre pays où elle pose des problèmes toujours plus graves.

Avec le temps, la nature des fléaux qu'elle génère sur notre sol évolue et précisément cette évolution constitue à elle seule un terrible sujet de préoccupation.

Je crois en effet qu'on peut très schématiquement observer trois phases consécutives dans le développement du phénomène de l'immigration.

Dans une première période qui s'est achevée dans le début des années soixante-dix, l'immigration était liée au travail. La France manquait de main-d'œuvre et les autorités économiques et parfois politiques ont commis l'erreur majeure de recourir à l'utilisation d'une main d'œuvre bon marché venue d'au-delà de la Méditerranées. Elles auraient pu faire comme d'autres pays européens le choix de la modernisation et de l'automatisation des usines, elles ont préféré la solution de facilité dont nous payons aujourd'hui les terribles conséquences.

Mais, à l'époque, le problème était encore mineur. On ne parlait que de travailleurs immigrés. Ceux qui venaient avaient pour la plupart un contrat de travail, ils venaient sans leur famille pour une durée déterminée avec le seul souci de gagner un pécule, et beaucoup rentraient ensuite dans leur pays.

La deuxième période et venue lorsque les immigrés ont commencé à s'installer chez nous avec l'idée d'y résider définitivement. C'est l'époque où le regroupement familial a été légalisé et organisé par MM. Giscard d'Estaing et Chirac notamment. Les familles sont venues, les enfants ont été accueillis dans le écoles, les quartiers ghettos ont commencé à se constituer. Déjà le principe de l'installation définitive a déconnecté la présence des immigrés du travail pour lequel ils étaient censés être venus. Beaucoup d'immigrés sont restés en conséquence en France, bien qu'ayant perdu leur emploi. C'est durant cette période que l'immigration clandestine s'est développée après la décision prise en 1974 d'arrêter officiellement l'immigration. Désormais, en effet, on ne vient plus en France pour travailler, on y vient pour y jouir des innombrables avantages matériels qu'on peut en retirer. Après l'immigration de travail est venue l'immigration de peuplement.

Il faut cependant noter qu'à ce stade la plupart des immigrés reconnaissaient encore la légitimité des lois françaises. Et si beaucoup la contournaient ou la violaient, il ne leur venait pas à l'esprit de la rejeter. C'est qu'alors la plupart se sentaient encore dans un pays qui n'était pas le leur : ils gardaient le sentiment d'être sur ce que l'on appelle pudiquement une "terre d'accueil".

Tel n'est plus le cas aujourd'hui. Car la troisième phase de l'immigration a commencé depuis plusieurs années maintenant. Aujourd'hui, si l'on y regarde de plus près, les immigrés considèrent de plus en plus notre territoire comme un sol qui est le leur. Il ne se considèrent plus comme des hôtes mais ils se sentent ici chez eux ! Dès lors, beaucoup de lois ou de coutumes françaises leur paraissent progressivement insupportables. Et la tendance dans la communauté immigrée est de plus en plus au rejet des règles autochtones ou à la revendication pure et simple des règles nouvelles adaptées à une religion et à des mœurs allogènes.

Telle est par exemple la signification des affaires de tchadors de plus en plus courantes dans les établissements scolaires de notre pays. C'est aussi la raison pour laquelle se pose maintenant, dans toutes les villes de France, la question des mosquées à construire. C'est pourquoi également certains quartiers échappent de plus en plus hélas !, au contrôle des autorités françaises et notamment de la police, alors que, dans le même temps, certains étrangers se targuent de faire eux-mêmes le ménage en organisant des soi-disant chasses aux dealers.

À part Jean-Marie Le Pen dès 1972, quel responsable politique a eu la prescience des problèmes que ne manquerait pas de causer l'immigration naissante ? Il faut donc se rendre à l'évidence, désormais les immigrés se sentent chez eux chez nous et entendent imposer à la France leurs mœurs, leurs lois et leurs valeurs. L'immigration de peuplement a fait place à l'immigration de colonisation. Car c'est bien à une véritable colonisation à rebours que nous assistons sur notre sol. Et c'est dans ce sens qu'il faut apprécier la montée de l'islamisme en Algérie, en général de l'autre côté de la Méditerranée, mais aussi en France. Car l'Islam est, son histoire le démontre, expansionniste, impérialiste et colonisateur. L'organisation sur notre territoire d'un encadrement islamiste de plus en plus serré laisse donc entrevoir la perspective terrifiante d'une quatrième phase qui pourrait suivre la période actuelle : celle où la colonisation ne se ferait plus à peu près pacifiquement comme aujourd'hui, mais où elle serait appuyée par des organisations armées pratiquant l'intimidation et la violence avec méthode et fanatisme.

Telle est aujourd'hui la nature réelle du problème de l'immigration. N'y voir qu'un problème d'intégration et de droits de l'homme est d'une dramatique absurdité.