Texte intégral
Messieurs,
Dans trois jours, vous serez sous les feux des projecteurs, pour ce qu'il est convenu d'appeler le plus grand événement sportif de la fin du siècle. 37 milliards de téléspectateurs nous dit-on, en audience cumulée, qui auront pendant un mois les yeux rivés sur vous. Nos amis britanniques indiquent selon un récent sondage que 95 % des hommes de 18 à 34 ans préfèreront vous regarder à la télévision plutôt que de passer une nuit avec la femme de leurs rêves. C'est donc une grande responsabilité !
Je ne crois pas, pourtant, que votre place soit si enviable. D'abord parce que, contrairement aux téléspectateurs qui vous observeront derrière le petit écran, vous n'aurez pas une télévision pour regarder les matches. Pas d'écran, pas de ralenti : ce seront vos outils, votre seule sagesse, votre vigilance pour, dans l'urgence, porter un jugement ! Je comprends d'autant mieux la difficulté que, moi aussi, comme Président de cette Assemblée, je vois s'opposer des groupes, je suis amené à faire respecter un règlement, amis d'une façon beaucoup plus tranquille et ce n'est déjà pas facile. Nous sommes au fond un peu pareils. Que le match se déroule selon les règles, et vous risquez d'être oubliés. Le bon arbitre, si j'ai bien compris, c'est celui qu'on ne remarque pas.
Le rôle fondamental que vous jouez et auquel je suis heureux de rendre hommage, est un élément essentiel du « vivre ensemble » sportif. Sans règles connues de tous et contrôlées par votre autorité, le sport ne prospérerait pas. Vous incarnerez ce qui fait la force du sport, c'est-à-dire la possibilité de réunir des personnes que motive l'envie de donner le meilleur d'elles-mêmes et de l'emporter sur leur adversaire, et qui acceptent de respecter certaines règles universelles. En cela, le football peut être, comme en témoigne l'exposition organisée en ces murs, une véritable école de démocratie, de respect des règles, de respect de l'autre. Ce respect, c'est vous qui l’incarnez.
Le seul regret que je permettrai de formuler est commun au sport et à la vie politique. Votre assemblée aurait peut-être encore plus d'attrait si des femmes s'y étaient mêlées. Le sport, à tous les niveaux, gagnera à une féminisation accrue. Il en va de même dans la vie politique.
Pour finir, j'aimerais vous remercier chaleureusement de votre présence ici, en France, pour cette Coupe du Monde qui vous devra tant. Vive le football ! Vive la démocratie ! Merci.