Interview de M. Michel Giraud, ministre du travail de l'emploi et de la formation professionnelle, dans "Le Figaro" le 16 décembre 1993, sur le projet de programmes de télévision en faveur de l'emploi, en relais des forums pour l'emploi lancés par le Premier ministre.

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Circonstance : Lancement par les ministères du travail et de la communication d'un appel d'offres pour des projets d'émissions de télévision consacrées à l'emploi

Média : Le Figaro

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L'appel d'offres pour les idées de programmes sera lancé dès le lendemain. Les producteurs auront jusqu'au 7 janvier pour rendre leurs projets.

La télévision de l'emploi verra le jour temporairement du 28 mars au 17 avril. Michel Giraud, ministre du Travail, de l'Emploi et de la Formation professionnelle, annonce ses modalités de démarrage.

Le Figaro : Au moment où on recense en France 3 300 000 chômeurs déclarés, cette télévision de l'emploi ne risque-t-elle pas d'apparaître comme un gadget ?

Michel Giraud : Quand on a 3 300 000 chômeurs, aucune solution n'est pas à négliger. Même si le gouvernement met en application la loi quinquennale sur l'emploi, même si les accords du Gatt favorisent la croissance, toutes les actions qui permettront de lutter contre le chômage sont à explorer.

Les programmes télévisés mettront en valeur les initiatives en faveur de l'emploi que mènent les associations, les entreprises, les communes. En présentant à tous les réalisations positives dans ce domaine, l'utilisation du moyen audiovisuel permet d'échanger les expériences et de donner des idées aux acteurs de l'emploi, qu'ils soient publics ou associatifs. Ces programmes offriront des informations utiles concernant l'emploi des jeunes, les formations, les métiers en utilisant tous les moyens d'interactivité existants. Ces programmes seront la chambre d'écho des "forums pour l'emploi" lancés par le premier ministre.

Le Figaro : Pour quelles raisons le ministère du Travail a-t-il décidé de s'engager dans une opération médiatique ?

Michel Giraud : D'abord, le ministère du Travail ne peut pas être absent de tout terrain d'expression concernant l'emploi, quelle que soit la nature du terrain. Ensuite, aucun moyen ne peut être négligé dès lors qu'il s'agit de favoriser la mobilisation et la solidarité nationale, et d'apporter des services et des informations concrètes au public. La télévision permet de toucher un nombre considérable de personnes et d'amplifier l'information.

Le Figaro : Comment sera organisé l'appel d'offres ?

L'appel à projets d'émissions consacrées à l'emploi est lancé conjointement par le ministère du Travail et le ministère de la Communication. L'annonce de cet appel sera faite par voie de presse dès la fin de cette semaine. Les sociétés de production, les organismes liés à l'emploi et à la formation et les indépendants pourront se procurer un dossier de consultation jusqu'au 30 décembre à l'adresse indiquée. Ils auront jusqu'au 7 janvier 1994 pour rendre leurs projets. Ensuite, un comité de sélection, que nous voulons ouvert à des personnalités qualifiées représentatives des secteurs de l'emploi, de la formation et de la communication, examinera les dossiers déposés. Les résultats de l'appel à idées seront rendus le 31 janvier 1994. Il s'agit donc d'une procédure simple qui garantit l'égalité de chances aux soumissionnaires.

Le Figaro : Quel rôle les chaînes publiques ou la SFP seront-elles amenées à jouer dans la télévision pour l'emploi ?

Michel Giraud : France Télévision – c'est-à-dire France 2 et France 3 – intervient comme maître d'œuvre. Son rôle est de poser une grille de programmes et de coordonner, sur le plan technique et logistique, l'ensemble de l'opération. Elle doit également apporter son avis quant à la faisabilité technique et financière des projets d'émission. Mais c'est un comité de pilotage interministériel, maître d'ouvrage, qui oriente et valide les choix éditoriaux. C'est le comité de sélection qui retient les projets.

Le Figaro : Pensez-vous que la télévision de la connaissance s'inspirera de cette première expérience ? Êtes-vous prêt à vous associer à cette future chaîne ?

Michel Giraud : Les deux projets sont de nature totalement différentes. Les programmes "emplois" de mars à avril 1994 sont, par définition, temporaires. Ils constituent un événement à eux seuls, même s'ils interviennent comme support d'une mobilisation pour l'emploi. En revanche, la chaîne de la connaissance et de la formation est une véritable chaîne, au sens propre du terme, qui s'inscrit dans la durée. Elle sera, à partir de la fin de l'année prochaine, une composante nouvelle et essentielle de ce que l'on appelle le paysage audiovisuel français. Son rythme et ses objectifs sont, par conséquent, tout autres. Son contenu à une visée pédagogique, informative et incitative et il revêt une forte utilité sociale. C'est un projet de longue haleine qui créera de nouvelles habitudes, de nouveaux comportements en matière de consommation télévisuelle.

Le ministre du Travail est non seulement prêt, mais il est déjà partie prenante de la chaîne de la connaissance et de la formation, puisqu'il participe activement au comité de pilotage en charge de son lancement. IL est certain que l'expérience que nous retirerons des trois semaines de diffusion de programmes "emplois" sera intéressante pour le traitement audiovisuel des questions relatives à l'emploi et à la formation.