Interview de M. André Lajoinie, membre du secrétariat du comité central du PCF, à RTL le 30 septembre 1993, sur la décision de M. Marchais de quitter le secrétariat général et l'avenir de la gauche.

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Texte intégral

P. Caloni : Comment les militants communistes prennent-ils la décision de G. Marchais ?

A. Lajoinie : Bien, car G. Marchais avait déjà laissé entendre cette décision. Il y a de l'émotion mais je ne crois pas qu'il s'agisse pour le PC d'un changement d'époque, contrairement à ce qu'on dit. L'évolution du PC et son évolution a commencé depuis longtemps, il y a presque 20 ans. Depuis les derniers congrès et pour celui que nous préparons, c'est un renouvellement profond qui est impulsé par le Comité central et aussi à l'initiative de G. Marchais. C'est donc une procédure normale qui est mise en route, que ce renouvellement de la direction et du premier responsable. Nous considérons aujourd'hui que le centralisme démocratique est dépassé. Non pas que nous rejetions ce qui s'est passé, mais nous voulons faire reculer tout ce qui est central, que les communistes soient les maîtres du parti. Tout cela jette les bases de ce que nous allons faire justement sur la direction.

P. Caloni : Comment sera désigné le successeur de G. Marchais ? Peut-on s'attendre à quelque chose de nouveau ?

A. Lajoinie : Oui je le crois. D'abord nous réformons les statuts. À savoir que les communistes contrôleront mieux les directions, y compris le renouvellement les directions.

P. Caloni : Peut-on être candidat à la succession de G. Marchais ?

A. Lajoinie : Ce n'est pas interdit, mais ce n'est pas la tradition. Ce sont les communistes qui décident, qui ont le dernier mot.

P. Caloni : Une idée du successeur ?

A. Lajoinie : Non.

P. Caloni : On vous cite dans la presse ce matin…

A. Lajoinie : Je fais partie de ceux qui réfléchissent et le moment venu je donnerai mon opinion.

P. Caloni : À quoi ressemblera la gauche demain, je dis bien la gauche ?

A. Lajoinie : C'est le problème que nous débattrons avec ce Comité central. Ce sont les communistes qui vont s'emparer de ces propositions. Nous pensons que la politique menée par le gouvernement de droite qui ne fait pas que prolonger ou poursuivre la politique du précédent gouvernement, mais marque une nouvelle étape, cette politique conduit le pays au désastre. Cette politique est menée soi-disant pour résoudre la crise, elle l'aggrave. Terrible contradiction. Nous voulons œuvrer pour rassembler, pour changer. Il faut se rassembler avec toute la gauche. Et le PC a l'ambition d'être parti prenant de ce rassemblement, mais pas pour revenir à ce qui s'est passé hier et qui a échoué, pour faire du neuf. Dans notre programme, nous avançons l'idée sur les licenciements qu'il faut les bloquer tant qu'il n'y a pas d'autre solution possible. On voit alors que l'on peut trouver d'autres solutions que le licenciement. Nous mettons en avant aussi la lutte contre la pauvreté et l'exclusion. On entre dans l'exclusion par le chômage, il faut en sortir par l'emploi. Bref, nous avons des propositions. C'est d'abord à partir du contenu de la politique qu'il faut opposer à celle de Balladur alors que celui-ci dit toujours qu'il n'y a pas d'autre politique que la sienne. Oui, il y en a une autre dans l'intérêt du peuple et de la France.