Texte intégral
Aux côtés d'Édouard Balladur, avec beaucoup de ministres centristes à des postes clés, nous voici confrontés aux responsabilités du pouvoir. Entre 1986 et 1988, nous avions fait le choix de "ministères techniques". Cette fois-ci, notre famille de pensée détient bel et bien des responsabilités politiques gouvernementales, d'une importance qui ne s'était pas vue depuis longtemps.
Nos idées sont en marche et nous devons nous en féliciter : cette situation est un véritable succès de nos convictions. Cela nous confère des devoirs à la mesure de nos responsabilités. Tout d'abord, celui d'apporter au Premier ministre et à toute son équipe, sans exception, un soutien aussi loyal que constant. Ensuite, celui d'être plus que jamais les défenseurs de nos convictions et des Français qui, du fait du mode de scrutin, ne se sentent pas représentés à l'Assemblée nationale.
Aujourd'hui, nous devons agir pour la prise en compte concrète de nos analyses et de nos propositions. Cette vigilance positive et dynamique ne doit pas nous amener à cultiver notre différence pour le seul plaisir de cultiver la différence, à rechercher l'expression de la spécificité à tout prix et à tout moment : ce n'est pas cela que veulent les Français.
Ainsi que nous nous y sommes engagés pendant la campagne électorale, nous devons tous, encore davantage aujourd'hui qu'hier, être proches et à l'écoute de nos concitoyens, présents sur le terrain, au contact quotidien des réalités concrètes.
Pour cela, militants et parlementaires, ont un rôle capital à jouer dès maintenant. Aux militants d'être mobilisés et de préparer sans tarder les prochaines échéances électorales : cantonales, municipales, européennes. Aux parlementaires d'être dans l'hémicycle les porteurs toujours constructifs de notre idéal, sans complexe vis-à-vis de sensibilités plus à droite, aujourd'hui puissantes au sein de la majorité au Palais Bourbon. Ainsi, militants et parlementaires contribueront à la prise en compte de nos idées dans les décisions et les actes du nouveau pouvoir.
Nous ferons davantage encore, entendre la voix du centre et nous renforcerons notre mouvement à la veille de scrutins importants. L'existence du CDS sera assurée et nous conjurerons le risque de voir nos convictions noyées dans le si vaste ensemble de l'UPF, porté par la vague de droite qui a déferlé sur le pays, renforcée par les effets techniques du scrutin majoritaire au détriment d'une représentation centriste que nous aurions souhaitée numériquement plus grande.
Notre attitude ne pourra que servir le gouvernement, et par conséquent les Français, en évitant de commettre les erreurs de la première cohabitation. Obéissant parfois à des réflexes de revanche, trop sensible aux modes ultra-libérales alors en vogue outre-Manche et outre-Atlantique bien que profondément étrangères aux réalités françaises, le gouvernement de l'époque n'avait pas suffisamment écouté la voix du centre, les conseils de mesure et de réalisme que nous prodiguions alors. L'expérience de ce passé récent est à méditer : je suis sûr qu'elle est présente dans beaucoup d'esprits chez nos partenaires UDF et RPR.
Unité de la majorité, concrétisation de nos convictions, renforcement du parti, voilà les priorités d'un CDS, qui doit demeurer vivant et présent, au cœur de la vie des Français.