Texte intégral
Messieurs les ministres, Messieurs les ambassadeurs, Mesdames et messieurs les Députés, Mesdames et messieurs, chers amis.
Je me réjouis de vous accueillir à l'Assemblée Nationale, aujourd'hui, à l'occasion du colloque consacré aux « nouveaux défis » de l'Amérique du sud. Je veux tout d'abord remercier et féliciter ses organisateurs, de part et d'autre de l'Atlantique, pour leur heureuse initiative. J'avais d'ailleurs eu l'occasion d'apprécier, voilà deux ans, leur dynamisme et leur compétence lors d'une précédente rencontre, cette fois en Argentine. Je retrouve ce même dynamisme aujourd’hui.
Je souhaiterais saisir cette occasion pour aborder rapidement un thème qui me tient à cœur : les relations entre la France et les pays de l'Amérique latine, plus particulièrement ceux du Cône sud, dans un monde qui ne cesse d'évoluer. En effet, la stabilité n'est plus une catégorie géopolitique pertinente. Difficile, dès lors, d'imaginer avec une totale précision les chemins futurs de notre coopération. Heureusement, la France et les pays du Cône sud disposent d'un atout de taille : le dialogue entre nos peuples s'est noué à l'échelle de l’Histoire.
On sait l'accueil enthousiaste qui fut réservé, dans cette région de l'Amérique latine, aux penseurs des Lumières, aux idées de la Révolution, ou encore à la doctrine positiviste, même si on oublie souvent que ces influences nous revinrent, riches des cultures, qu'elles avaient d'abord pénétrées. A travers les siècles, à travers les hommes, des liens intenses, puisés aux sources de la latinité, ont constitué une communauté d'intérêts, de valeurs et d’amitié.
L'amitié ne se nourrit pas seulement de nostalgie. Elle n'existe que par les relations concrètes. L'amitié veut des preuves. Des initiatives sont prises ici, en France, pour renforcer nos liens avec l'Amérique du sud, elles devront être développées.
1 - Première des exigences car universelle, la démocratie. Le choix, aujourd'hui irréversible, de la démocratie, par les pays du Cône sud, constitue le plier principal des rapprochements.
2 - L'harmonisation des systèmes économiques constitue aussi une donnée déterminante pour l'avenir de nos relations. L'entrée des pays du Cône sud les échanges internationaux les a insérés de manière décisive dans la communauté mondiale. Le temps est aux regroupements régionaux et aux accords. Je songe ici bien sûr, aux « accords de troisième génération » passés entre l'Union européenne et le Mercosur et les deux communautés ont à récolter les fruits.
3 - De nouvelles formes de coopération s'annoncent également dans le sillage des bouleversements que les nouvelles technologies font subir à la communication humaine, à l'heure de l'Internet et du numérique. Chacun souhaite que ces nouveaux outils président au déploiement d'un nouvel humanisme, qu'ils servent les interventions du progrès.
4 - Nous devons aussi combattre ensemble contre l'effritement de la société. Lutte contre le chômage, les inégalités, la pauvreté et l'exclusion. Nous devons redonner espoir à des populations aux prises parfois avec un sentiment d'abandon. Pour cela, nous devons développer nos échanges économiques sous toutes les formes.
Pour terminer, j'insisterai sur trois axes d'une coopération dynamique, moderne et efficace entre nous, d'autant plus nécessaire… que la Coupe du Monde de football risque momentanément de nous rendre vifs concurrents… :
1 - L'éducation et la formation d'abord, car tout commence là. C'est pourquoi, la coopération scientifique et technique, déjà importante entre nos pays, doit mériter une attention soutenue. Il serait par exemple souhaitable que les boursiers que la France accueille, trouvent davantage de projets structurés dans lesquels s'inscrire. Pour cela, nos établissements d'enseignement supérieur devront développer leurs liens avec les institutions similaires des pays du Cône sud; Il faut aussi que les occasions de rencontres, d'échanges et de partenariat entre les laboratoires et les chercheurs se multiplient.
2 - Il est important que s'instaure une véritable continuité entre les initiatives du type de celle qui nous réunit aujourd'hui. Nous devons tous y contribuer, associations, ambassades, chambres de commerce, entreprises, mais aussi l'extraordinaire réseau de l'Alliance française, l'Institut des hautes études de l'Amérique latine, la Maison de l'Amérique latine et bien d’autres.
3 - J'insisterai aussi sur le rôle que peuvent jouer les parlements nationaux dans ce nouveau partenariat. Nous devons prendre, avec nos collègues parlementaires sud-américains, des initiatives propres à ouvrir de nouvelles pistes. Cela peut passer par les groupes d'amitié, par des rencontres régulières. Nous devons en tout cas adopter l'habitude de partager nos réflexions sur le fonctionnement comparé de nos institutions. L'ancrage de nos pratiques démocratiques ne pourra qu'y gagner.
Chers amis, l'ancienneté des relations de la France avec les pays du Cône sud, les structures existantes et les attentes qui s'expriment ont jeté les bases d'une action commune. Ne l'oublions pas, « coopérer » signifie « agir ensemble ». Nous devons de plus en plus agir ensemble. C'est le vœu que je forme, sachant que votre colloque y contribuera certainement. Merci.