Texte intégral
Dans la défaite de la gauche, le territoire de Belfort a bien résisté « quand même. » Je tiens en particulier à remercier les électeurs qui, à 56,5 % m'ont renouvelé leur confiance.
J'éprouve, comme beaucoup, le sentiment d'une immense espérance gâchée.
Mais cette débâcle de la gauche parlementaire n'est pas celle de la gauche véritable. Les Français n'ont pas condamné les socialistes parce qu'ils étaient socialistes mais parce qu'ils ne l'étaient plus.
La gauche n'a pas échoué par excès d'ambition mais par défaut, quand elle a choisi la Bourse contre l'emploi et paru faire du « pouvoir pour le pouvoir » son seul horizon.
Je n'ai de comptes à régler avec personne, parce qu'à trois occasions, en 1983, en 1990 et en 1992, j'ai refusé de m'aligner sur des choix de renoncement, dont les conséquences désastreuses apparaissent aujourd'hui.
L'hégémonie de la droite crée pour le pays une situation grave.
En votant pour la droite, les Français ont cru en effet changer de politique. Ils vont vite s'apercevoir du contraire.
La politique d'argent cher, de libre-échangisme doctrinaire, et par conséquent de chômage, celle des grands intérêts financiers, va se poursuivre, avec d'autres hommes, plus éloignés des soucis des Français.
Le poids de l'Establishment financier va s'appesantir encore sur notre pays.
L'un des premiers projets de la droite sera la privatisation de la Banque de France, nationalisée jadis par Léon Blum et Charles de Gaulle.
Ce sera un recul majeur pour la démocratie.
D'avance, j'appelle les Socialistes et les Républicains à la refuser.
Les Français attendent une autre politique, jamais appliquée jusqu'ici.
Pour faire reculer le chômage, il faut rompre avec les dogmes libéraux.
Pour faire vivre la démocratie, il faut parler aux citoyens le langage de la vérité.
Pour construire l'Europe des peuples, il faut leur proposer un autre horizon qu'un taux de change !
La gauche a connu des défaites plus terribles encore, en 1871 ou en 1940, par exemple.
Elle s'est relevée avec la France.
Et c'est avec la France, encore une fois, qu'elle se relèvera. L'emploi, la démocratie, la paix, voilà des chantiers sur lesquels la gauche pourra se reconstruire.
Après le fiasco de la gauche libérale, il n'y a plus d'autre relève aujourd'hui que dans le peuple lui-même et d'abord dans sa jeunesse. Cette relève pulvérisera toutes les habitudes et tous les clivages.
En effet, c'est à partir de l'exigence de citoyenneté que chacun porte en lui, qu'on pourra reconstruire. Avec tous ceux qui le voudront, avec tous ceux qui produisent et qui créent, sans exclusive, j'entends m'y consacrer.
Le Mouvement des Citoyens ouvrira pour cela les dialogues nécessaires.
Les lecteurs de « La Lettre de République Moderne » ont pu lire ici la déclaration que j'ai faite à France 2 le soir du 2e tour des élections législatives.
Trois jours plus tard, et puisqu'il s'agit maintenant d'aller d'abord à l'essentiel, j'ai peu de choses à y ajouter.
Le Président de la République, gardien par excellence de la Constitution, a commencé par malmener celle-ci dans l'annonce qu'il a faite de la nomination d'un nouveau Premier ministre. Faut-il en effet rappeler les termes de son article 20 : « Le Premier ministre détermine et conduit la politique de la Nation » ? On ne sache pas, en effet, que la fixation de la parité de la monnaie fasse partie des prérogatives du Président de la République que la constitution énumère limitativement.
En élevant à la hauteur d'un principe intangible, fondateur de la cohabitation, la parité de la valeur actuelle du franc avec le mark, le Président de la République confirme que l'Europe qu'il nous propose comme la seule possible n'a pour seul horizon qu'un taux de change.
Maastricht demeure bien le fil conducteur de la politique européenne, par conséquent, de la politique économique et sociale de la France.
Après le départ des uns, la même politique sera donc continuée par les autres.
L'ancien Premier ministre et son successeur n'avaient pas attendu de se passer le relai pour le proclamer.
Ayant combattu cette politique qui fut celle de Jacques Delors, Pierre Mauroy, Laurent Fabius, Michel Rocard et Pierre Bérégovoy, nous la combattrons plus aisément désormais que la gauche officielle a été pour fait même sanctionnée par les électeurs.