Lettre commune en date du 28 avril 1998, adressée par MM. Alain Deleu, président de la CFTC et Marc Vilbenoit, président de la CFE CGC à MM. Ernest-Antoine Seillière, président du CNPF, Lucien Rebuffel, président de la CGPME et Jean Delmas, président de l'UPA, sur la nécessité de négociation, notamment sur la réduction de la durée du travail, l'accès des jeunes à l'emploi, la formation professionnelle et les salaires, parue dans "La Lettre confédérale CFTC" du 4 mai 1998.

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Média : La Lettre confédérale CFTC

Texte intégral

Fac-similé de la lettre adressée par Alain Deleu et Marc Vilbenoît, au nom de leur organisation syndicale respective, à Ernest-Antoine Seillière, président du CNPF ; Lucien Rebuffel, président de la CGPME ; Jean Delmas, président de l’UPA ; ainsi que pour information à tous les présidents des unions patronales régionales et départementales.


Monsieur le Président,

En ce jour du 1er mai, « fête du travail », la CFE-CGC et la CFTC tiennent à vous exprimer solennellement leur détermination face à la dégradation du climat social, alors que les réalités du chômage, de la précarité et des excès de travail sont devenues intolérables.

Nous vous demandons de débloquer le dispositif du dialogue social, national, de branche et d’entreprise. Il ne nous paraît pas possible que les partenaires sociaux, dont vous êtes avec nous, renoncent à prendre l’initiative et à peser sur le champ de l’économique et du social. La maîtrise des mutations complexes auxquelles vous et nous sommes confrontés sera mieux assurée par la négociation – même difficile – que par le laisser faire ou à l’opposé par l’excès de réglementation.

Les entreprises ont besoin de collaborateurs motivés pour gagner les batailles techniques et commerciale à l’échelle européenne et mondiale. De plus en plus, c’est la réussite professionnelle des personnes et la performance des équipes de travail qui font la différence dans la compétition économique.

La dénonciation de plusieurs conventions collectives et les annonces actuelles faites autour d’autres dénonciations possibles, vont à l’encontre de cette motivation et exposent les entreprises à de graves risques sociaux.

Au contraire des menaces et du démantèlement de la construction sociale, la négociation permettra de trouver, sur tous les thèmes importants, un équilibre acceptable entre les exigences de compétitivité, la sauvegarde des spécificités d’un « modèle européen », et l’intérêt des salariés et des demandeurs d’emploi.

Dans ce domaine, les thèmes les plus importants sur lesquels des négociations doivent s’ouvrir sont :
– réduction et aménagement de la durée du travail – application négociée de la loi sur les 35 heures en vue de la préparation de la seconde étape législative, avec des modalités adaptées à l’ensemble des catégories de salariés ;
– accès des jeunes à l’emploi et concours des entreprises aux parcours de formation professionnelle ;
– engagement actif des entreprises et des branches pour un programme de création d’emplois pour les jeunes, notamment par l’extension de l’ARPE pour permettre à tous ceux qui ont travaillé 156 trimestres de laisser leur emploi à un jeune, ce qui pourrait concerner près de 200 000 jeunes ;
– révision des classifications et en particulier des niveaux d’embauche des jeunes diplômés, des minima conventionnels et des bas salaires.

La CFTC et la CFE-CGC sont prêtes à s’y engager. Elles vous demandent instamment de l’être tout autant et de le manifester en ouvrant la discussion interprofessionnelle sur les thèmes précédemment évoqués et de le faire savoir à tous les niveaux de vos organisations. La poursuite du développement, du progrès et de la cohésion sociale sont à ce prix. Le 1er mai 1998 est l’occasion de le rappeler.

Nous vous assurons de notre considération distinguée.