Texte intégral
France-Soir : Croyez-vous au plan Balladur ?
Jean-Louis Giral : Je suis satisfait de voir que le gouvernement a pris conscience de la gravité de la situation et qu'il a décidé d'intensifier et d'accélérer le soutien à l'économie en lançant immédiatement un emprunt de 40 milliards de francs. Si les premières mesures prisent allaient dans le bon sens, elles apparaissaient toutefois trop limitées pour provoquer le choc psychologique nécessaire à la reprise. Avec cette nouvelle initiative, je suis plus confiant dans un retournement de la situation.
Cela étant le gouvernement devra rester vigilant.
France-Soir : Combien faut-il investir pour que ce soit significatif ?
Jean-Louis Giral : Un milliard de francs de travaux représente 2 000 emplois sur nos chantiers et 1 000 emplois chez nos fournisseurs ou nos sous-traitants. En outre, sur le milliard investi dans les travaux publics, ce sont 600 millions qui reviennent dans les caisses de l'Etat ou les organismes sociaux, la charge du contribuable n'atteignant que 400 millions.
A partir de là, il est facile de constater que tout ce qui peut être fait et investi pour le secteur des travaux publics est plus profitable pour le pays que le coût du chômage.
France-Soir : Y a-t-il des programmes tout prêts que l'on peut commencer immédiatement ?
Jean-Louis Giral : Oui, bien sûr les programmes existent et notre organisation professionnelle les a répertoriés récemment. Plus de 150 projets ont été recensés. Ils sont bloqués pour des motifs administratifs, politiques, ou financiers et pourraient être relancés très rapidement.
Ces projets sont techniquement prêts et couvrent l'ensemble des secteurs d'activités des travaux publics. A titre d'exemple, je citerai : les projets de lignes à haute tension qui attendent le feu vert dans le Haut Rhin, la Sarthe, la Seine-Maritime, le Var, la Mayenne ; les chantiers des barrages de Serre-de-la-Fare, de Naussac-II et de la Borie, qui sont gelés par les écologistes ; le tunnel du Somport également gelé par les écologistes ; la A86 à Bobigny, arrêtée en raison de l'opposition des riverains, enfin la construction du pont Charles-de-Gaulle, sur la Seine, aujourd'hui en panne parce que quelques arbres doivent être abattus.
En un an, les travaux en souffrance se chiffrent à 21 milliards de francs, dont 11,5 milliards résultent de blocages administratifs ou écologiques.