Texte intégral
Q - Comment jugez-vous la philosophie générale du projet ?
Martin Malvy : Il y a des intentions louables, des mesures non contestées, comme par exemple les 10 milliards pour le logement et le BTP. Mais, ce qui est inquiétant dans le plan Balladur, c'est qu'il implique une forte ponction sur les revenus.
Si on ajoute à la CSG et à la taxe sur l'essence les mesures prises il y a quelques jours sur le traitement des fonctionnaires, les cotisations Unedic et ce qui se profile sur la Sécurité sociale, on va arriver à une ponction forte sur la consommation.
D'autant que ces mesures viennent après d'autres qui visaient déjà à donner de l'oxygène aux entreprises. En France, le patronat répète qu'il croule sous le poids salarial, alors qu'aujourd'hui, c'est surtout la contraction de la demande qui est en cause. Pendant la grande période de spéculation sur l'immobilier, on n'entendait pas les chefs d'entreprises se plaindre du trop fort poids des salaires.
Les quelques mesures de relance, qui sont des concessions faites à la clientèle électorale du gouvernement, seront insuffisantes tandis que la ponction me paraît trop forte.
Q - L'effort demandé vous semble-t-il équitablement réparti ?
Incontestablement, non. Pour un gouvernement qui, depuis un mois joue du symbole, il manque singulièrement quelques mesures s'adressant aux hauts revenus qui ne sont pas concernés par ce plan. Ce sont encore les salariés, les retraités, les classes moyennes qui vont supporter pour l'essentiel ce plan difficile. Il n'y a rien qui permette de dire que les mesures sont équitables.
D'autres part, en ce qui concerne la retraite, on ne parle plus du fonds de garantie imaginé par Pierre Bérégovoy pour passer le cap des années difficiles. On peut s'inquiéter que la diminution des retraites servies ajoutée à l'allongement de la durée de cotisation nous entraîne, dans quelques mois, vers une nouvelle offensive en faveur de la retraite par capitalisation. C'était le programme de l'UPF qui, aujourd'hui, n'en pas plus. Une retraite minimale, la capitalisation pour ceux qui peuvent, et pour les autres…
Q - Lorsque le collectif budgétaire viendra à l'Assemblée, souhaitez-vous l'amender où pensez-vous qu'il faut le rejeter en bloc ?
J'ai dit que nous ne pratiqueront pas l'opposition systématique. On en a connu pourtant un certain nombre d'exemples. En particulier sur la CSG. La droite qui s'y était opposée en déposant une motion de censure pratique aujourd'hui le détournement. La CSG avait été instaurée pour remplacer progressivement les cotisations sociales assises sur les salaires. Là, elle s'ajoute.
Nous ferons des propositions et nous aviserons. Mais il n'est plus possible d'ajouter encore des exonérations de charges patronales sans obtenir des entreprises un certain nombre de garantie en matière d'emploi.