Texte intégral
Monsieur Dewavrin est un homme intelligent. Il a découvert que ses amis, et lui-même sont « bidon ». Ses amis, ce sont les fameux quadras de la politique, ceux qui se sont affirmés par leur âge, un âge qu'ils n'ont plus depuis longtemps, ce sont les éternels jeunes hommes de la politique française, les Léotard, Madelin, Séguin, Villiers et autres Baudis, Bayrou, Noir ou Millon. M. Dewavrin a écrit un livre* pour expliquer qu'ils sont bidons, c'est-à-dire creux, vides, superficiels, insignifiants, factices, hypocrites et inutiles.
Ils étaient jeunes et ils croyaient que cela suffisait à leur ouvrir les portes du pouvoir. Des amis journalistes, un petit peu de savoir-faire médiatique, une bonne gueule, des costumes de chez Smalto, de l'arrogance et de l'ambition, et le monde – en tout cas la France – allait leur appartenir !
Et les années ont passé et ceux qui se voyaient déjà, qui président, qui Premier ministre, qui chef de parti voient toujours la réalité du pouvoir leur échapper. Et surtout, après tant d'années, après tant d'agitation, de déclarations, de manœuvres et de combinaisons, qu'ont-ils réalisé ? De rénovation avortée en néo-rénovation manquée, leur page reste blanche. Comme le dit Dewavrin, elle est « désespérément blanche, non pas de nos regrets, colères, nostalgies, mais de nos idées, de nos actes, de nos projets. Pour nous (…) le risque est là, brûlant (…) : demeurer confinés dans le rôle de saltimbanques d'une République déclinante ».
On ne saurait mieux dire
Et Dewavrin donne même, consciemment ou non, les raisons de cette grande farce dérisoire : les quadras n'ont jamais compris que la vraie politique exige du caractère et des convictions. Et pour cause, ils n'en ont pas. Jamais ils n'ont su franchir un Rubicon. Pour eux, « le moment de l'action n'est jamais venu ». C'est qu'ils croient toujours que la politique se fait sur les plateaux de télévision avec des conseillers en communication. Comme le dit Dewavrin, « nous sommes la génération couilles-molles qui à la naïveté de croire que les murailles de Jéricho tombent à coup de trompettes médiatiques ».
Pire, c'est la génération qui n'a rien à dire. Elle cultive le conformisme comme les publicitaires suivent l'opinion. Lorsque Dominique Baudis demanda en direct à Giscard de se retirer, celui-ci le défia en duel télévisé. Et Baudis de répondre : « Inutile puisque nous sommes d'accord sur le fond ». Mais alors pourquoi remplacer l'ancien président de la République ?
Dewavrin est décidément un homme intelligent. En quelques pages, il nous donne la clé explicative de la politique française. Car, ne l'oublions pas, la génération bidon, c'est la fine fleur de la classe politicienne. Or quand les descendants d'une lignée ne sont plus que des fins de race, c'est la race qui s'éteint. Si la classe politicienne n'a pu produire qu'une génération bidon, elle est condamnée.
Et c'est pourquoi à l'inverse, je nous sais si forts au Front national. Je suis prêt quant à moi à tout risquer pour mes convictions, à ne jamais les sacrifier à quelque parcelle de pouvoir que ce soit. Je sais qu'il en est de même pour tous au Front national, Jean-Marie Le Pen en tête. C'est la raison pour laquelle nous vaincrons.
* « Génération bidon », Hugues Dewavrin, J.-C. Lattès, 1993.