Texte intégral
Je n'ai pas l'intention de revenir sur l'ensemble des questions qui ont été abordées à ce CCN d'autant que la richesse de la discussion évite de trop longues considérations.
Dans le processus de préparation du 46e congrès, le débat d'hier a été l'occasion d'une première phase d'échanges, de réflexions que nous allons mettre à profit pour responsabiliser l'ensemble des organismes de direction de la confédération dans la maîtrise, la construction et la mise en oeuvre de ce que nous avons décidé.
Cette volonté de recherche de méthodes nouvelles, notamment lorsqu'il s'agit de préparer un congrès et de renouveler une direction, ne se fait pas en vase clos mais sous la pression des médias qui n'apprécient pas forcément le fait que la CGT soit en train de retrouver toute sa place d'acteur et d'interlocuteur incontournable dans le mouvement social d'aujourd'hui et qui déforment non pas par manque d'informations mais avec la volonté de masquer précisément les avancées dans la recherche de toujours plus de démocratie, de transparence, de travail en commun.
Le bureau confédéral a discuté. Il a fait part de son opinion à la commission exécutive et au CCN qui décidera, le moment venu de la nouvelle direction. Pour la presse cela s'est transformé par « Viannet a désigné son successeur » pour les uns, ou par « le bureau confédéral a désigné un successeur » pour
les autres.
Je pense qu'il faut nous habituer à vivre sous cette pression des médias et, pour nous protéger des difficultés qui en résultent, en faire une motivation supplémentaire à la recherche de meilleures formes de démocratie et de transparence.
Quelques remarques maintenant sur les différents aspects des questions qui ont fait débat.
* Le rôle du CCN.
J'ai entendu les critiques, pris en compte les insatisfactions et les progrès qui restent à faire. Mais je ne passe pas par pertes et profits tout ce que nous avons réussi à faire bouger ensemble sur la vie, le fonctionnement et le rôle du CCN pour trouver les meilleures formes de travail, de réflexion collective et d'échanges.
Au risque d'apparaître entêté, je considère que nous venons de vivre un bon CCN que les sujets que nous avons abordés sont conformes à la volonté que nous avons de lui faire jouer un rôle actif dans l'élaboration des processus en cours.
Le débat que nous avons eu sur le projet de document d'orientation va constituer un apport riche et nécessaire a la commission chargée de ce travail. Celui sur la future direction a également été l'objet d'une discussion fertile qui doit se poursuivre.
Enfin l'échange sur l'actualité n'a pas donné lieu à une juxtaposition d'interventions comme cela a été souvent le cas, mais à une recherche collective, à un échange croisé pour essayer d'aller vers la construction de réponses concrètes sur des questions précises au coeur de l'actualité.
Il est nécessaire d'améliorer l'articulation du travail bureau/commission exécutive/CCN, de persévérer dans l'organisation de réunions inter/unions départementales trop peu nombreuses pour certains camarades, ou de réunions téléphonées inter/unions départementales fédérations...
Mais que l'on s'entende bien, autant je considère que ces réunions sont nécessaires, indispensables, pour aider à la direction collective et prendre des décisions dans les meilleures conditions, autant elles ne remplaceront pas les débats du CCN. Nous le vérifions encore aujourd'hui, le fait de croiser les approches et les expériences diverses, voire différentes, entre fédérations et unions départementales, constituent un élément décisif pour bien saisir les contours et les aspects d'une réalité et travailler à la construction des réponses les meilleures.
Puisque l'on a parlé du bureau confédéral et de la maison CGT, beaucoup de choses sont à réfléchir et à faire dans la construction d'un travail collectif qui associe les camarades de la commission exécutive et des organisations qui bénéficiera ainsi de la richesse et de l'expérience de tous.
Nous ne parviendrons pas à changer la conception du travail collectif confédéral si parallèlement nous n'engageons pas une réflexion sur l'importance de sa prise en compte par toutes nos organisations.
Quel que soit le camarade sollicité pour participer à un collectif confédéral, si cela vient en plus de son travail il y a de grande chance pour que l'organisation concernée ne s'implique pas dans la réflexion et que cela débouche sur un surplus de travail pour l'intéressé. Il faut donc que la sollicitation soit discutée avec l'intéressé et l'organisation. Qu'elle soit prise en compte dans la répartition du travail pour que le camarade puisse apporter sa pleine contribution au collectif confédéral. Si les discussions intègrent cette nécessité, une phase importante d'avancées sera engagée pour le plus grand intérêt de l'efficacité de notre travail et de nos interventions.
* La construction de la future direction
Deux mots sur le processus de construction de la future direction.
Nous sommes toujours en recherche de formes meilleures et cela n'est pas facile. J'invite d'ailleurs les camarades qui font des critiques de les accompagner de propositions, cela leur donnera plus de poids. En fait, si la partie « critiques » est développée, celle des « propositions » est quant à elle beaucoup plus que réduite.
Que ce soit au bureau ou à la commission exécutive, je considère que nous sommes collectivement preneurs de propositions. Dès l'instant où elles viennent de l'extérieur de l'organisme, elles peuvent faire l'impasse sur tel ou tel aspect, mais cela permet au moins de discuter. Le fait qu'il n'y ait pas beaucoup de propositions montre que ce n'est pas si évident, que les contraintes de la vie, du quotidien n'épargnent personne, ni les fédérations, ni les unions départementales, ni la direction confédérale.
J'ai eu l'occasion de dire à la commission exécutive, la direction confédérale a sans doute une part de responsabilité dans l'insuffisance de lisibilité sur tout ce qu'elle fait.
Il y a ce qui se voit et qui se traduit par des actes concrets : la sortie d'un matériel, dont vous dites d'ailleurs qu'il est maintenant de qualité et qu'il constitue une aide précieuse pour votre travail, l'organisation de réunions etc.
Mais il y a également tout ce qui ne se voit pas. Les contraintes des uns et des autres, au niveau du bureau confédéral ou de la maison CGT, qu'elles soient institutionnelles, ministérielles et qui constituent l'essentiel du quotidien de la vie confédérale et dont il faut tenir compte et la meilleure façon de s'en sortir c'est justement d'élargir la capacité d'un travail collectif qui associe plus de camarades sans pour cela aller à une dissémination qui gênerait la maîtrise et la cohérence de notre action.
Sur la question des candidatures. On touche à un problème qui me parait assez fondamental.
Je rappelle l'objectif : il faut que le CCN ait le moyen de faire des choix en fonction des orientations qui ont été définies, des réflexions et des enseignements tirés du fonctionnement de la commission exécutive, du bureau, etc. Il faut donc qu'il joue tout son rôle. Il est à la fois organisme suprême de la commission des candidatures à présenter au congrès et il a la responsabilité d'élire le bureau confédéral parmi les camarades élus à la commission exécutive. Pour qu'il y ait « osmose » entre sa responsabilité et celle des organisations qui gardent à plein leurs prérogatives de faire des propositions, il faut qu'il y ait une articulation « par anticipation ». C'est-à-dire que le CCN donne, par anticipation, des éléments de réflexion aux organisations sur le niveau auquel on situe le nombre de candidatures, les objectifs en matière de catégorie sociale, répartition géographique, recherche de mixité, de rajeunissement et que les organisations en aient connaissance pour que les unions départementales, les fédérations, l'Ugict, l'UCR travaillent à des propositions qui aillent dans le sens de ces objectifs.
Certains camarades ont dit « ce n'est jamais agréable d'être proposé à la commission exécutive et de ne pas être retenu ».
Le fait de ne pas retenir 25, 30 ou 35 % des candidatures n'a pas le même caractère que lorsqu'on élimine individuellement trois ou quatre camarades. Je serai donc d'accord pour dire que les organisations font des propositions de candidatures et le CCN, après discussion, choisit celles qui seront soumises au vote du congrès. Je suis convaincu que ce processus d'élaboration sera perçu par nos organisations ainsi que par les intéressés comme conforme à ce que sont aujourd'hui les besoins de la CGT pour parvenir à relever des défis qui lui sont lancés.
Nous aurons l'occasion d'avoir d'autres discussions et d'autres débats sur toutes ces questions mais je rappelle que le bureau confédéral ou la commission exécutive confédérale n'ont pas le monopole de la recherche des meilleures solutions. C'est une question qui nous est posée à tous.
* Quelques mots sur l'actualité
Je considère que nous sommes dans une situation nouvelle à laquelle nous devons apporter beaucoup d'attention.
Quand on prend en compte les luttes actuelles. Les initiatives prises, à l'évidence les choses bougent.
L'origine de cette modification se trouve dans un changement d'état d'esprit des salariés et cela nous ouvre de bonnes perspectives. Les signes sur lesquels la presse revient : reprise de l'activité, résultats de la Bourse, bilans des entreprises incitent non seulement les salariés à exiger leur part et cette donnée influence leur façon de se positionner par rapport à la question des 35 heures, tout cela en lien avec l'effort considérable qui a été déployé du point de vue du matériel distribué, des réunions, des débats organisés à l'initiative de la confédération, des organisations, des unions départementales, des fédérations et dont les camarades ont rendu compte. Cette évolution se ressent au-delà de nos rangs. Et, plus va grandir la prise de conscience des enjeux, plus vont s'affirmer les exigences des salariés et plus la montée du mouvement revendicatif sera importante.
C'est à la lumière de ces réalités que nous devons apprécier les évolutions qui se produisent dans les autres confédérations dont le prolongement se situe dans les luttes unitaires qui se développent.
Ensuite, pèse également l'attitude du CNPF qui bloque toute perspective de voir se développer le petit jeu de « l'interlocuteur privilégié » dont certains espéraient pouvoir se servir pour tirer leur épingle du jeu. Cela oblige tout le monde à réfléchir en terme de rapport de forces à construire.
Enfin, il y a l'état d'esprit des salariés.
C'est tout cela qu'exprime Nicole Notat dans son intervention au rassemblement de Charléty dans lequel, à quelques mots près, l'idée que la situation créée interdit toute perspective d'efficacité à la démarche « cavalier seul » est présente. C'est non seulement un élément nouveau mais une véritable transformation dans la réflexion pour aborder la situation actuelle, d'où l'importance des ouvertures qui sont contenues dans ce discours sur le besoin de rapport de forces, l'articulation entre action et négociation, les perspectives unitaires « sans exclusive ». Ce qui montre quand même qu'il y a beaucoup de choses qui évoluent.
Il est donc important de développer le travail que nous avons entrepris, particulièrement sur le lieu de travail car c'est là que nous pouvons donner à l'enracinement unitaire à partir de l'aspiration des salariés, sa force la plus dynamique.
Et, ce « sans exclusive », ouvre également des perspectives pour l'unité y compris avec FO.
Je suis tout à fait convaincu que les conditions peuvent se créer pour qu'ensemble les confédérations CGT, CFDT, FO s'engagent dans un processus de mobilisation pour la phase de négociations qui va commencer et, les rencontres prévues dont a parlé Maryse Dumas peuvent constituer des points d'appui supplémentaires pour avancer. De ce point de vue aussi l'essentiel va se jouer sur le lieu du travail.
Pour autant, nous ne renonçons à rien et si à la rentrée, des possibilités d'actions nationales, interprofessionnelles unitaires se dégageaient, nous nous saisirons évidemment de l'occasion car cela donnerait de l'élan pour une mobilisation sociale sur notre cible essentielle, le lieu de travail. Cela implique d'intensifier nos efforts pour la mise en oeuvre de notre démarche revendicative.
Deux mots sur le défi que représente pour nous la question du mandatement. Je me félicite que le débat qui a eu lieu au CCN sur cette question, se situe dans le droit fil de ce qui était le contenu des conclusions du dernier CCN. Cela prouve le chemin parcouru.
Car ce n'est pas dans les conclusions, mais dans le CCN que les questions sont venues et surtout que cela nous permette d'apprécier le point d'appui formidable que représentent les premières expériences. Autrement dit, nous avons bel et bien confirmation dans la vie de la justesse de notre positionnement. Oui, nous pouvons faire de grandes choses et cela représente à la fois un défi et des perspectives extraordinaires.
* ne CGT complètement transformé
Je le dis avec une certaine solennité, je souhaiterais que nous repartions tous et toutes de ce CCN convaincus que si nous parvenons à engager les forces disponibles de la CGT dans l'esprit et dans la forme que nous avons envisagée, nous pouvons dans les deux années à venir parvenir à une CGT complètement transformée : en forces organisées, en méthodes de travail en coopération, en construction du syndicalisme solidaire tout en ayant renforcé le processus unitaire.
Je vous demande à tous et à toutes de réfléchir sur ce que représente une telle perspective. Pour autant, il faut bien voir ce que veut dire toutes les forces sur le pont. C'est une nécessité si nous voulons être à la hauteur de l'ampleur des attentes qui vont aller en s'amplifiant et de ce point de vue, l'expérience du « téléphone vert » en est une confirmation éclatante.
Un certain nombre d'unions départementales commencent à réfléchir en se disant pourquoi on n'en ferait pas autant. Vraiment aucune retenue, allez-y, à une condition, c'est que vous mettiez en place la logistique qui doit aller avec. Recevoir un coup de téléphone c'est bien, être capable de lui donner une suite demande un certain nombre de dispositions, de moyens, en particulier humains. C'est pourquoi il faut nous atteler à préciser le rôle et les responsabilités de chacun : confédération, fédérations, unions départementales.
Au niveau de la confédération, nous allons continuer les efforts d'impulsion, d'argumentation, d'aide pour la formation. Il y a des mesures à prendre pour que le dispositif de formation corresponde à l'ampleur de la situation pour contribuer à tout ce qui peut aider à la coordination des efforts entre fédérations, unions départementales et unions locales, travailler à construire les conditions d'un effort financier qui permette la contribution de tous et de toutes pour répondre à ce que sont aujourd'hui les besoins et couvrir les potentialités.
Pour les fédérations, il est difficile d'imaginer une intervention sur le terrain des structures fédérales. Mais il faut être clair, nous ne gagnerons pas la bataille qu'implique le mandatement, s'il n'y a pas engagement de tous les syndicats professionnels. Pour cela, le rôle des fédérations est essentiel pour alerter, impulser, voir avec la confédération et les unions départementales ce qui peut se faire de façon à ce que tous les syndicats participent à la construction des collectifs au plan local pour que la CGT soit disponible, présente et active partout.
Sans oublier bien sûr les fédérations du secteur public ce qui leur demandera un effort plus important d'explications et de discussions avec leurs syndicats. Mais, je n'ai aucun doute sur leur capacité à gagner à la conviction de leurs organisations.
Enfin sur les unions départementales et les unions locales, où la mise en place de plans de travail ambitieux est indispensable.
Je voudrais enfin attirer votre attention sur le besoin de faire circuler l'information si nous voulons travailler dans l'état d'esprit que je viens d'évoquer qui demande y compris des initiatives bilatérales et multilatérales.
Il est difficile d'envisager un contexte plus stimulant pour la préparation du 46e congrès car c'est la vie qui nous le demande qui nous fait obligation d'articuler cette préparation et d'assumer les tâches du quotidien.
Nous partons avec une valise bien pleine de tâches à remplir et nous ferons le point lorsque nous nous reverrons.