Article de M. Lucien Rebuffel, président de la CGPME, dans "La Volonté" de juillet 1998, sur la création d'emplois aux Etats-Unis, l'admiration de la gauche pour l'économie de marché et la condamnation de la réduction du temps de travail, intitulé "Si nous traversions l'Atlantique".

Prononcé le 1er juillet 1998

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Média : LA VOLONTE

Texte intégral

Tout homme politique, réputé de gauche, qui se rend en Amérique, en ressent un choc. Pourquoi Mitterrand l'avait éprouvé la dernière fois qu'il est allé aux États-Unis ? « J'ai eu l'impression », a-t-il expliqué, « d'entrer dans le futur ». Est-il vrai que tout ce qu'on découvre aux États-Unis se retrouve dix ans plus tard, sur le Vieux continent ? Ce qu'a constaté l'ancien chef de l'État : que la politique n'obéissait à aucune théorie. « Pour garder son rang. il faut accepter la lutte », en avait-il déduit. « Se replier sur soi est la tentation du déclin, la certitude de l'échec ».

Lionel Jospin a-t-il fait, le mois dernier. Le même constat ?

Notant que la protection sociale y est aussi « exemplaire » que les programmes de formation et que les emplois créés sont le contraire de « petits boulots » non-qualifiés, l'économie américaine n'est pas, a-t-il reconnu, l'exploitation systématique des salariés. « Oui, a-t-il admis. l'économie de marché est un formidable moteur de production de richesses ». Le Premier ministre a-t-il craint qu'il lui soit fait reproche d'avoir ainsi parlé ? « Mon gouvernement ne fait pas d'idéologie », s'est-il défendu. « Il est réaliste ».

Au cours de cet été, le Gouvernement va arrêter les grandes lignes de ce que sera son action à venir. Se résoudra-t-il à admettre que de vrais emplois ne se créent jamais en réduisant la durée du travail et que, moins l'État se mêle de sa gestion, mieux l'économie d'un pays se porte ? Au moment où la Cour des comptes vient de dénoncer « l'inertie » du secteur public, un effort sera-t-il fait pour y remédier ? Le réalisme aura-t-il le dessus ? Nous en jugerons à la rentrée. Notre voeu : qu'il ne soit rien fait qui porte atteinte à un outil de travail qui nous permet - parce que nous sommes les seuls à créer des emplois - d'aider onze millions de salariés à gagner leur vie. Je l'ai déjà dit. Je le répète. Foutez la paix à ceux qui veulent travailler à leur compte et à leurs risques Prenez bien soin de ne pas les pousser à une rébellion. A bon entendeur