Texte intégral
Monsieur le Président,
Monsieur le Vice-Président,
Mesdames, Messieurs,
Je suis très heureux d'être parmi vous aujourd'hui pour la remise du prix Galien 1993, perpétuant ainsi une tradition qui veut que chaque année, depuis sa création en 1970, le prix Galien soit remis aux lauréats par un des ministres de tutelle.
Nous connaissons l'importance de ce prix, créé il y a 23 ans, qui contribue à promouvoir la recherche en matière de médicaments et nous saluons le très bon travail du jury composé de représentants du monde médical et pharmaceutique et présidé par M. le Pr Claude Laroche, professeur émérite à l'Université Paris 5, membre de l'académie de médecine, avec l'aide du vice-président pharmacologue, M. le Pr Paul Lechat, professeur émérite à la faculté de médecine Lariboisière-Saint Louis, membre des académies de médecine et de pharmacie.
Le prix Galien est attribué en 1993 d'une part aux laboratoires Smith Kline Beecham pour le vaccin contre l'hépatite A, Havrix, d'autre part aux laboratoires Synthélabo pour leur équipe de recherche.
Permettez-moi tout d'abord de parler du prix récompensant le vaccin Havrix.
Il faut ainsi saluer le fait que, pour la première fois dans son histoire, le prix Galien récompense la découverte d'un vaccin. Ceci témoigne de l'importance croissante prise dans notre pays par la médecine préventive et les médicaments ou vaccins permettant de prévenir les maladies.
Il n'existe pas en médecine de démarche plus importante pour la santé de nos concitoyens que la démarche préventive. Vous savez tout l'intérêt personnel que j'ai porté et que je continue de porter à la prévention des maladies cardiovasculaires.
Je suis heureux aujourd'hui de récompenser la découverte et la mise au point d'un vaccin contre l'hépatite A.
Le virus de l'hépatite A, identifié en 1973, est un virus extrêmement contagieux et 20 à 30 000 cas d'hépatites A sont dénombrés en France chaque année. L'intérêt d'une prophylaxie de cette maladie est expliqué par trois facteurs principaux :
1. Le nombre des sujets adultes immunisés diminue au fur et à mesure de l'amélioration des conditions d'hygiène dans notre pays.
2. L'extraordinaire développement des voyages intercontinentaux amène les sujets en pays d'endémie de l'hépatite A pour des voyages d'affaires ou des voyages touristiques.
3. Le coût pour la santé de l'hépatite A en France est important et correspond à des coûts directs liés aux soins et à des coûts indirects liés aux arrêts de travail et autres conséquences socio-professionnelles de la maladie.
Les laboratoires Smith Kline Beecham ont mis au point un vaccin inactivé dont les essais cliniques ont montré l'efficacité et la bonne tolérance. Lorsqu'on sait que la protection contre l'hépatite A s'exerce pendant 10 ans après l'injection de rappel, on comprend que ce vaccin soit intéressant pour tous ceux qui voyagent en pays d'endémie et pour tous les sujets à risque de contacts répétés avec le virus.
Cette découverte du premier vaccin mondial contre l'hépatite A, qui suit la mise au point du vaccin de l'hépatite B, ne doit pas nous faire oublier l'impérieux besoin d'un vaccin contre les virus des hépatites C et E.
Vous savez combien ces hépatites ont des conséquences majeures pour la santé des patients contaminés et combien il est urgent que des vaccins soient mis au point et puissent être utilisés. C'est pourquoi ce prix Galien, récompensant les travaux de recherche du laboratoire Smith Kline Beecham dans le domaine de la prévention de ces maladies, me semble exemplaire et je suis heureux que le jury du prix Galien ait pris cette décision qui marque son désir de soutenir des recherches majeures pour la santé de nos concitoyens.
Dans son deuxième volet, le prix Galien 1993 récompense aujourd'hui l'équipe de recherche des laboratoires Synthélabo. Cette récompense va à un homme, M. Bartholini et à son équipe dirigée par MM. Langer, Scatton, Carron, Wick et George.
Ainsi, la renommée de la recherche pharmacologique italienne initiée par Galien, médecin grec mais qui exerça et enseigna dans les prestigieuses écoles de Pergame et de Rome est-elle aujourd'hui honorée en la présence de M. Bartholini.
Or, ce qui fit de Galien un des plus grands hommes de la médecine dont la pensée domina jusqu'au milieu du 17e siècle, ce ne sont pas ses théories sur la physiopathologie et la pathologie. En revanche, ce qui fit la grandeur de Galien, ce sont ses qualités d'observation, son sens de l'analyse et de la recherche notamment anatomique.
Or, c'est bien ce que récompense le prix Galien 1993, le sens de la recherche et les qualités d'investigation de l'équipe de M. Bartholini dans trois grands domaines :
1. Dans les neurosciences, où ont été découverts et développés un antiépileptique le Gabrène, un hypnotique et un anxyolytique d'une nouvelle série le Zolpidem et l'Alpidem.
2. Dans le domaine cardio-vasculaire où on connaît le succès du Diltiazem dans l'angine de poitrine et l'hypertension artérielle.
3. En urologie enfin, avec l'Alfusozine, antagoniste des récepteurs adrénergiques alpha 1.
Ces molécules seront suivies de nombreuses autres dans des domaines variés, qu'il s'agisse des neurosciences et notamment du traitement des maladies dégénératives du système nerveux central, de la pathologie cardiovasculaire et du diabète.
Nous sommes fiers de la recherche pharmaceutique française et nous tenons à ce qu'elle garde sa place dans le monde.
Je sais que nombreuses ont été les critiques des dirigeants de l'industrie pharmaceutique concernant le niveau général des prix des médicaments en France. Je sais qu'il s'agit là d'un élément qui peut entraîner à terme une diminution des investissements effectués par les firmes pharmaceutiques dans la recherche et le développement de nouveaux médicaments.
Je sais aussi qu'il s'agit d'un des enjeux majeurs de cette fin du 20e siècle car une industrie pharmaceutique qui n'investit pas dans la recherche et le développement risque d'être condamnée à terme à disparaître ou en tous cas à être totalement dépendante des détenteurs des brevets des nouvelles molécules.
Or, vous le savez, il n'existe pas de solution miracle au problème du prix des médicaments dont la progression doit rester compatible avec la nécessité de l'équilibre des comptes de l'assurance maladie.
Mon action dans ce domaine sera marquée par la concertation. C'est par la concertation que nous établirons avec l'industrie pharmaceutique des accords et des conventions fixant une évolution des prix et des volumes des médicaments, qui tiendra compte de la taille des laboratoires et des investissements réalisés dans le domaine de la recherche et du développement.
Ces accords et conventions, instituant une véritable politique industrielle du médicament, devraient permettre à l'industrie pharmaceutique française de soutenir ses efforts de recherche et développement et de mieux planifier ses investissements.
Voici, Monsieur le Président, Monsieur le Vice-Président, Mesdames, Messieurs, ce que je souhaitais vous dire ce soir, et j'insiste sur l'intérêt que présente à mes yeux la récompense du prix Galien, allant d'une part à un vaccin, d'autre part à une prestigieuse équipe de recherche française.
J'adresse toutes mes félicitations au laboratoire Smith Kline Beecham et au laboratoire Synthélabo et je suis sûr que la communauté scientifique internationale appréciera à sa juste valeur l'importance de la distinction qui leur est décernée ce soir.
Mon vœu je plus cher est que cette distinction, en reconnaissant la valeur de vos travaux, vous permette de soutenir vos efforts de recherche et de développement.
Merci à vous tous qui travaillez pour l'avenir dans les domaines de la prévention et du traitement des maladies humaines.