Texte intégral
Paris Match. Les résultats des Jeux ne sont pas à la mesure de vos espérances. Depuis 1988, le budget a été augmenté de 84 % pour le ski et de 66 % pour les sports de glace.
Michèle Alliot-Marie : C'est même une grosse déception pour le ski alpin. En revanche, les résultats sont encourageants pour le biathlon.
Paris Match : On a entendu certains athlètes se plaindre du froid. On a dit que les fusils français tiraient dans les coins par -20°…
Michèle Alliot-Marie : Ne parlons plus du froid. Tout le monde a eu les mêmes conditions.
Paris Match : Curieusement, il semble que les skis français fonctionnent mieux aux pieds des étrangers qu'aux nôtres…
Michèle Alliot-Marie : je me suis étonnée de cet état de fait et me suis renseignée. Le choix du matériel incombe aux fédérations qui ont passé les contrats deux ou trois ans auparavant, en fonction d'analyses de neige et des pistes effectuées à l'avance.
Paris Match : Nos athlètes ont également invoqué la « pression » qui pesait sur eux.
Michèle Alliot-Marie : j'ai constaté dans certaines disciplines un développement du vedettariat, parfois désiré par les athlètes eux-mêmes, mais pas forcément bien assimilé. Or ce vedettariat engendre une certaine solitude qui renforce la pression. A l'inverse, en biathlon, vivre ensemble, en groupe, a développé un esprit d'équipe qui aide à lutter contre la pression. Cet esprit d'équipe doit être recherché à tout prix par ceux qui encadrent.
Paris Match : Quand on entend Michel Vian, directeur technique du ski français, se plaindre de ce que les athlètes n'ont pas skié à 110 % de leurs possibilités, quand on entend que Fabrice Guy se dit content de n'avoir pas gagné, on se demande ce qui ne va pas.
Michèle Alliot-Marie : J'ai ressenti dans certains cas ce manque de motivation, de combativité en comparant avec les sportifs d'autres pays, C'est vrai, certains n'ont pas eu le déclic. Mais le ski et le patinage ne sont pas les seuls concernés. Le problème concerne l'ensemble du sport français et même de la société française.
Paris Match : Vous avez évoqué un problème de sélection et d'organisation.
Michèle Alliot-Marie : Pour le ski alpin, nous avons un réel problème d'organisation. Quelques athlètes confirmés n'ont pas donné les résultats espérés. Je pense à Franck Piccard et Carole Merle. D'autres très jeunes sélectionnés, tout en sachant qu'ils ne rapporteraient pas de médailles, nous ont agréablement surpris.
Paris Match : Pour expliquer le manque de motivation des Français, certains ont accusé les délégations pléthoriques, qui rendraient impossible tout esprit de commando.
Michèle Alliot-Marie : Il y a deux choses : les sportifs et ceux qui les entourent. Je pense que l'on pourrait diminuer un peu le nombre de sélectionnés tout en gardant la double vacation de compétition et de formation. Pour les accompagnateurs, je vais demander qu'on essaie de faire un pointage très serré de l'entourage immédiat des athlètes afin de définir ceux qui sont nécessaires et ceux qui gonflent le nombre. Je demanderai aussi des explications sur bon nombre de gens que j'ai croisés en me demandant ce qu'ils faisaient là.
Paris Match : Quels remèdes appliquerez-vous pour améliorer les résultats ?
Michèle Alliot-Marie : Il faudra établir les responsabilités sereinement, cas par cas. Je verrai d'abord les présidents des fédérations, puis les directeurs techniques et les athlètes.
Paris Match : Cela ressemble à une convocation.
Michèle Alliot-Marie : Il est normal que le ministre fasse le point avec les présidents des fédérations. Mais, de toute façon, si la Fiance veut des médailles, elle doit prendre conscience de l'importance du sport toute l'année, pas seulement le jour des épreuves mondiales et devant son poste de télévision.