Lettre de M. François Fillon, ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, à M. Jean Garagnon, président du Haut Comité Éducation - Économie, publiée dans "Éducation Économie" de décembre 1993, sur l'alternance dans les établissements supérieurs, l'orientation universitaire et l'insertion professionnelle des étudiants et la formation des enseignants des disciplines technologiques.

Prononcé le 1er décembre 1993

Intervenant(s) : 

Circonstance : Nomination de M. Jean Garagnon à la présidence du Haut Comité Éducation-Économie

Média : Education Economie

Texte intégral

Le ministre,

Monsieur le Président,

Au moment où vous venez d'être nommé président du Haut Comité Éducation-Économie, je souhaite porter à votre connaissance certaines orientations que je juge prioritaires et sur lesquelles des propositions du Haut Comité me paraissent indispensable, compte tenu de l'évolution de l'enseignement supérieur français.

Le Haut Comité s'est exprimé à plusieurs reprises ces dernières années sur des sujets relatifs à l'enseignement post-baccalauréat et sa contribution s'est avérée d'une grande importance en ce qui concerne notamment les formations d'ingénieur, les formations supérieures à la gestion et la professionnalisation des filières de l'enseignement supérieur.

J'attends aujourd'hui de la part une réflexion sur plusieurs thèmes qui me paraissent constituer des enjeux essentiels.

Le premier d'entre eux concerne le développement de l'alternance au sein des établissements d'enseignement supérieur. Les stages en entreprise sont devenus une composante importante de plusieurs filières de formation (IUT, IUP, écoles d'ingénieur). La loi quinquennale relative au travail, à l'emploi et à la formation professionnelle permettra l'implantation de l'apprentissage dans tous les établissements d'enseignement, y compris les établissements d'enseignement supérieur. Il importe que l'alternance, dans la diversité des statuts qui l'organisent, se mette en place de manière cohérente et que la qualité des formations qui y ont recours soit garantie.

Le second domaine d'action qui constitue également une priorité pour le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche concerne l'orientation universitaire et l'insertion professionnelle des étudiants issus de certains baccalauréats non scientifiques (lettres, sciences humaines). Ces étudiants, de plus en plus nombreux, ont vocation à s'insérer dans des métiers qui leur sont normalement ouverts comme ceux de l'enseignement par exemple. Mais il importe qu'ils puissent également accéder dans les meilleures conditions aux métiers de l'entreprise. Ceci pose, d'une part, le problème de l'aménagement de certaines filières d'enseignement supérieur pour ces étudiants, filières auxquelles ils ne peuvent pas actuellement accéder. Ceci pose, d'autre part, le problème de la mise en place de formations complémentaires à finalité professionnelle susceptibles de conférer à ces étudiants une qualification reconnue par les entreprises.

Je sais par ailleurs que vous avez commencé à étudier l'ensemble des problèmes posés par le premier emploi des jeunes diplômés. Cette réflexion s'insère parfaitement dans les préoccupations qui sont les miennes.

Le troisième domaine est celui du recrutement et de la formation des enseignants dans les disciplines technologiques et professionnelles. Afin de compléter la réforme des IUFM que nous avons décidé M. le ministre de l'Éducation nationale et moi-même, il convient de s'interroger sur le dispositif spécifique adapté aux finalités de cet enseignement, à la connaissance du monde professionnel que doit avoir ce corps enseignant, à un recrutement plus ouvert, permettant l'accès à l'enseignement des personnels des entreprises.

Il va de soi que, comme par le passé, l'intérêt du travail effectué par le Haut Comité implique qu'il puisse se saisir lui-même des thèmes dont l'étude lui apparaît pertinente et urgente.

Très attentif à vos conclusions, j'attends avec le plus grand intérêt le résultat de vos travaux.

Je vous prie de croire, Monsieur le Président, en l'expression de mes sentiments les meilleurs.

François Fillon