Interview de M. Bernard Pons, président du groupe RPR à l'Assemblée nationale, à RTL le 2 février 1994, sur le soutien de la majorité au gouvernement et à sa politique.

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Texte intégral

J.-M. Lefebvre : Le RPR apparaît de plus en plus critique vis-à-vis d'E. Balladur.

B. Pons : Si c'est une impression, elle est fausse. En tant que président du groupe RPR, je dois dire que dans sa totalité le groupe RPR soutient le gouvernement et est solidaire de l'action du gouvernement. Il est en place depuis dix mois. Il a pris avec courage un certain nombre de mesures pour redresser une situation qui était grave et qui était la conséquence de politiques conduites dans les années passées. Les résultats sont déjà là puisque notre économie va mieux. On a une maîtrise du déficit budgétaire. On a une diminution de la croissance des demandeurs d'emplois. On a quelques éléments positifs, notamment en matière de dépôts de bilans. Tout le monde voudrait que ça aille mieux et plus vite. Bien sûr, c'est insuffisant. Bien sûr, la maîtrise du déficit budgétaire est encore trop faible. Bien sûr, la croissance est encore trop faible. C'est pourquoi le Premier ministre a réuni son gouvernement en séminaire dimanche. Un certain nombre de mesures ont été prises pour agir au niveau de la demande, pour agir au niveau de l'emploi, et pour mieux maîtriser les finances de l'assurance-maladie.

J.-M. Lefebvre : Il y a quand même eu la valse des communiqués de J.-L. Debré, l'agacement d'E. Balladur, et les déclarations ce matin de N. Sarkozy !

B. Pons : Je ne suis pas là pour donner de bonnes ou de mauvaises notes. Je comprends parfaitement l'agacement du Premier ministre car il est confronté à des difficultés majeures et qu'il voudrait que ça aille beaucoup plus vite et mieux. Les lourdeurs législatives et administratives sont là. La loi quinquennale sur l'emploi ne verra l'ensemble des 44 décrets nécessaires qu'en mars. Elle ne pourra produire ses effets qu'à partir d'avril ou de mai. Il y a une pesanteur lourde qui fait que les choses bougent lentement. Mais elles bougent dans un sens positif. Le Premier ministre doit être tout à fait conscient qu'à l'intérieur de sa majorité, le groupe RPR à l'Assemblée nationale est solidaire unanimement derrière l'action du gouvernement.

J.-M. Lefebvre : C'était un plan sérieux ou des mesurettes, dimanche ?

B. Pons : Un plan très sérieux. Les mesures qui concernent la relance de la demande sont bonnes, avec ce qui concerne les fonds de participation, l'automobile. Il y a eu des mesures très courageuses en ce qui concerne le rééquilibrage de l'assurance-maladie. C'est ce gouvernement qui a eu le courage de s'attaquer au problème de la Sécurité sociale et qui fait que l'équilibre des comptes sociaux est pour lui une priorité aussi importante que la lutte contre le chômage. Il s'est attaqué au problème de la vieillesse il y a quelques temps. Il vient de proposer des mesures très courageuses pour un rééquilibrage de l'assurance-maladie.

J.-M. Lefebvre : Certains prônent une autre politique au sein du RPR !

B. Pons : Dans les débats, je n'ai pas entendu d'autre politique. Il est vrai que parmi les députés RPR tous les jours confrontés à des problèmes d'emplois dans leurs circonscriptions, certains voudraient que les choses aillent beaucoup mieux et que le ciel s'éclaircisse. Mais il faut qu'ils fassent preuve d'un peu de patience. Les choses seront longues et difficiles à redresser.

J.-M. Lefebvre : Pas de rivalité Chirac-Balladur via le groupe RPR ?

B. Pons : J. Chirac a déclaré à plusieurs reprises qu'il était totalement solidaire du gouvernement.

J.-M. Lefebvre : Il y a eu quelques réserves sur la loi Falloux !

B. Pons : Mais on est en démocratie ! Si on ne peut pas en tant qu'homme politique responsable exprimer ici et là quelques réserves… Ce n'est pas cela qui compte : c'est le soutien au gouvernement. Le Premier ministre peut être assuré de la solidarité totale et unanime du groupe RPR. Aucune voix ne lui manquera.

J.-M. Lefebvre : Vous êtes touché par la grâce balladurienne !

B. Pons : Pas du tout ! Je sais les raisons pour lesquelles les socialistes ont perdu les élections législatives. La majorité n'a pas gagné sur un projet : ce sont les socialistes qui ont été sanctionnés. Aujourd'hui, nous avons à être solidaires pour redresser la situation de la France dans un certain nombre de domaines essentiels. Le gouvernement fait son travail. La majorité fait le sien. Il y a des observations ici ou là. La récréation est terminée. Ceux qui utilisent les petites phrases dans un sens ou dans l'autre, ici ou là, feraient mieux de se taire.