Texte intégral
Q - Il y a un an, se constituait le gouvernement et la majorité plurielle sur laquelle il s'appuie. Quelle appréciation portez-vous sur le travail accompli ?
Il va dans le bon sens. La loi sur les 35 heures, celle sur les emplois-jeunes, le projet de lutte contre l'exclusion marquent une volonté de faire bouger les choses, d'enclencher de nouvelles dynamiques. Les députés communistes ont d'ailleurs contribué par leurs amendements à améliorer ces textes. D'autres décisions - celles relatives au droit de la nationalité et aux conditions de séjour des étrangers - ne nous ont pas paru à la hauteur du possible, ce qui nous a conduit à nous abstenir. Par contre, nous avons émis des votes négatifs sur la nouvelle réforme du statut de la Banque de France et sur la résolution prônant l'intégration à l'euro. Nous sommes dans la majorité pour la durée avec la volonté de conjuguer solidarité et franchise. Il reste -beaucoup à faire : les attentes sociales sont fortes, il faut y répondre plus vite
Q - Êtes-vous satisfaits de la pratique de concertation entre votre groupe et, d'une part, le gouvernement, et d'autre part, vos partenaires de la majorité ?
Au fil de l'expérience, les choses se sont améliorées. Sans doute les démons de l'hégémonie ne sont-ils pas totalement écartés. Reste qu'il serait illusoire de croire qu'il suffit de bonnes relations pour que tout se règle. La loi sur les 35 heures a été élaborée sous une très forte pression du CNPF. Le projet de lutte contre l'exclusion porte quant à lui la marque du mouvement des chômeurs, de la mobilisation des associations. On n'imagine pas la force des actions et interventions hors du Palais Bourbon sur les décisions de l'Assemblée nationale
Q - Comment alliez-vous l'affirmation d'une identité communiste au sein de la majorité avec la liberté de vote reconnue à chaque député du groupe que vous présidez ?
Je me félicite de la vie démocratique du groupe. Il est le seul à l'Assemblée qui autorise la liberté de vote. Celle-ci a pour corollaire une exigence de débat large et approfondi. A l'arrivée, il y a une responsabilité partagée, jamais imposée, de cohérence. Les votes différents ont, au demeurant, été assez rares
Q - Et maintenant ?
Il faut aller de l'avant. Le budget 1999, nous entrons dans le vif de sa préparation, doit être marqué d'une empreinte de gauche lisible tant en ce qui concerne l'évolution nécessaire de la fiscalité que des moyens à mettre en œuvre dans plusieurs domaines prioritaires. Les premiers éléments connus sont inquiétants. Or, pour réussir, il faut impérativement une autre utilisation de l'argent. Deuxième chantier : le moratoire et la prévention des licenciements. Les décisions prises depuis un an en faveur de l'emploi sont en permanence fragilisées par les plans de suppression d'emplois. Cela n'est pas acceptable. Le troisième chantier est celui de la protection sociale et de l'hôpital public. Les députés communistes feront tout, à la mesure de leurs moyens. Ces derniers ont deux limites : le poids de l'influence électorale, la primauté de l'exécutif sur le Parlement. Cela nous ramène aux citoyens. Leur rôle est déterminant. Il est urgent de pousser à la roue du changement. Il y a tant d'obstacles qu'il faut pousser, plus nombreux, et plus fort.