Déclaration de Mme Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication, sur les bibliothèques-médiathèques et la politique menée en faveur de la lecture, Nilvange le 19 juin 1998.

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Circonstance : Inauguration de la médiathèque de Nilvange le 19 juin 1998

Texte intégral

Monsieur le maire,
Monsieur le président du conseil général,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames, Messieurs,
Chers amis,

Inaugurer une bibliothèque-médiathèque est toujours un moment de plaisir particulier. Parce que la lecture, le partage de la lecture par le plus grand nombre, est vraiment l’une des clés d’accès essentielles à l’univers de la culture, au sens de l’épanouissement individuel au sein de la collectivité. Et parce que j’ai pu observer depuis longtemps, en ma qualité de maire de Strasbourg, bien sûr, mais davantage encore dans l’exercice de mes fonctions de ministre de la culture, combien les bibliothèques-médiathèques jouent un rôle fédérateur dans la cité.

Au cours des quinze dernières années, grâce au concours des collectivités et de l’État, la lecture publique a connu un essor remarquable dans l’ensemble de notre pays. Et ce, à tous égards.

En matière d’équipements, et l’édifice que nous inaugurons aujourd’hui en est une belle illustration. En matière de coopération, et je dois vous dire que celle qui s’est instaurée ici entre la municipalité et le département pour mener à bien ce projet original me paraît exemplaire, au même titre que les partenariats intercommunaux que vous avez su faire fructifier. En matière, enfin, mais ce n’est pas le moindre, de contenu et d’initiatives.

À cet égard, je veux féliciter tout particulièrement et très chaleureusement l’équipe des bibliothécaires. Vous récoltez les fruits de votre engagement et de votre imagination. L’Association des bibliothèques Fensch – Pays-Haut que vous avez créée est devenue une véritable force de frappe, au meilleur sens du terme, pour favoriser l’accès à la connaissance. Vous avez eu raison de vous montrer exigeants dans vos objectifs : le public vous a entendus.

Ainsi, sont battus en brèche tous les discours frileux qui voudraient faire croire que la lecture n’est plus de mise, que le livre est dépassé.

Certes, les techniques évoluent. Mais c’est bien pour cette raison que la pratique de la lecture est plus que jamais indispensable. C’est dans cette optique que la politique, que j’ai souhaité initier dès mon arrivée au ministère de la culture, est inscrite : le soutien au livre, à l’écrit, sur tous ses supports. La mise en réseau des ressources documentaires, telle que vous l’avez instituée ici entre la médiathèque et la bibliothèque départementale de prêt de la Moselle favorise l’élargissement des richesses. C’est bien ainsi, grâce à ce réseau, que les textes se rapprocheront davantage des usagers.

Ce point est d’autant plus important – et j’entends y veiller avec la même attention aussi bien pour les très grands équipements, je pense bien sûr à la BNF, que pour ceux installés dans les régions – que l’attente du public est forte.

Mon ministère s’apprête à publier dans les tous prochains jours les résultats d’une enquête sur les pratiques culturelles des Français. Ainsi, que vous pourrez le constater dans ce document, les résultats, en ce qui concerne la situation de la lecture publique, sont bons. Ils font apparaître une augmentation sensible du nombre des inscrits en bibliothèques, alors qu’au cours des dernières années, l’offre culturelle s’est considérablement développée et a, de ce fait, introduit des concurrences.

Je veux y voir, plus qu’un encouragement, un impératif : nous devons poursuivre le travail, qui s’apparente parfois au militantisme, nous devons, comme vous le faites à Nivlange, offrir de nouveaux services, développer des animations, conquérir encore de nouveaux publics, notamment chez les jeunes.

C’est, pour une bonne mesure, ce que j’entends lorsque je parle de démocratisation de l’accès à la culture : rapprocher les œuvres du public, promouvoir le rôle indispensable des créateurs dans la société, aider à provoquer cette rencontre qui, parfois, change une vie.

Puisque nous nous trouvons au plus près des livres, nous savons bien, certains parmi nous pour l’avoir éprouvé, combien la découverte de tel ou tel auteur peut être déterminante dans la prise de conscience de notre présence au monde.

Parce que l’écriture, qu’il s’agisse d’œuvres de fiction ou de textes portés par des connaissances scientifiques, est le vecteur privilégié de la transmission. C’est, là encore, l’un des missions fortes de la lecture publique.

C’est l’un des éléments constitutifs du pacte démocratique : acquérir, en toute liberté, de quoi nourrir son jugement et, en se familiarisant avec d’autres pensées, vaincre les peurs qui peuvent nous habiter et dont certains s’efforcent de tirer parti en entretenant le rejet et la haine. C’est aussi cela une médiathèque : la garantie du libre accès à la diversité humaine.

Toute cette mémoire contenue dans les rayonnages, mémoire accomplie ou de demain, puisque la création ne saurait se tarir, est également présente dans le lieu qui l’abrite. François Noël, en signant ce bâtiment, a parfaitement réalisé la synthèse entre le respect et la valorisation du riche patrimoine sidérurgique et l’élan d’une architecture ouverte sur le tout prochain XXIe siècle. Je suis convaincue que les usagers de la médiathèque, qui ont tout de suite pris possession des lieux, sont sensibles à cette alliance entre la mémoire et le futur. L’affirmation d’une identité ne signifie pas être figé.

Je savais, en venant à Nivlange, que j’allais me trouver dans une cité-lecture. J’en ai désormais les meilleures preuves. Je vous souhaite une excellente poursuite sur le chemin que vous avez su ouvrir pour le développement culturel de la vallée de la Fensch.