Texte intégral
Le Quotidien : Que pensez-vous des déclarations qu'ont faites hier soir François Léotard et Simone Veil et qui mettent en avant leur préférence pour la candidature d'Édouard Balladur pour les présidentielles ?
Philippe Vasseur : Simone Veil et François Léotard sont deux des ministres d'État qui travaillent avec Édouard Balladur et qui apprécient l'homme. Ils ont dit ce qu'ils avaient à dire et ça n'engage qu'eux, dont acte. Évidemment, la déclaration et le positionnement de Léotard sont intéressants.
Sa ligne politique se dessine et il apparaît clairement que dans le cas d'une candidature d'Édouard Balladur, il se mettra hors de la course en 95. Autrement dit, si Balladur ne se présentait pas, Léotard pourrait se sentir investi.
Le Quotidien : Il est quand même intéressant de noter que leurs déclarations respectives ont été quasi simultanées et ont été suivies le lendemain par une interview du Premier ministre dans laquelle il disait qu'il n'envisageait pas de rester à Matignon pendant cinq années encore…
Philippe Vasseur : Je peux me tromper mais je pense que ce même discours au même moment est quelque chose de fortuit. C'est une conjonction. Tout à fait honnêtement, j'imagine assez mal Édouard Balladur demandant à ses ministres de faire de telles déclarations. Bien entendu, deux ministres qui déclarent qu'ils souhaitent voir Balladur se présenter, c'est un événement. Pourtant, je ne pense pas qu'ils soient concertés. À partir de ça, il s'en trouvera toujours pour spéculer sur d'éventuelles présidentielles anticipées. Mais moi je ne me place pas dans cette perspective. Tout ce que je vois c'est que les élections auront lieu dans dix-sept mois et avant de savoir qui, de tel ou tel, sera candidat et qui nous soutiendrons, il y a du travail. Nous sommes parties prenantes d'une majorité et nous devons d'abord nous assurer que l'action gouvernementale réussira. Pour l'instant, nous devons veiller à la bonne marche de l'UDF et notre problème n'est pas de savoir s'il y aura une candidature unique de la majorité ou bien deux. Je n'exclus aucune solution.
Le Quotidien : Mais il me semblerait bien que par ces déclarations, Simone Veil et François Léotard aient donné le signal de départ et se placent dans une situation qui verrait s'opposer Balladur à Chirac…
Philippe Vasseur : C'est peut-être un départ pour François Léotard, mais je pense que nous ne courons pas la même course. Pour l'instant, nous travaillons sous les couleurs de la majorité dans son ensemble et dans l'idée de réussir l'action engagée, alors maintenant, savoir s'il y aura un duel Balladur-Chirac, très sincèrement je pense que c'est en fonction de leur popularité que l'un ou l'autre se déclarera candidat et c'est entre eux que cela se réglera. Pas de façon forcément amicale d'ailleurs.
Le Quotidien : Et dans les circonstances actuelles, quelles chances reste-t-il à Valéry Giscard d'Estaing de se positionner favorablement dans la course aux présidentielles ?
Philippe Vasseur : Vraiment, je ne sais pas. Et je ne suis même pas sûr qu'il veuille lui-même être candidat aujourd'hui. Si les élections devaient avoir lieu demain, il est certain qu'il jouerait un rôle important mais je ne pense pas qu'il se présenterait. Je suis plutôt convaincu qu'il s'abstiendrait. Il est capable de juger la situation et d'en tirer les conclusions lui-même. De toute façon, ce n'est pas le rôle d'un parti de décider qui sera candidat ou pas. Et puis vraiment aujourd'hui, ce n'est ni le problème ni la question. Le tout est que nous nous donnions les meilleures chances de gagner en 1995. Et quand je dis nous, c'est de la majorité dont il s'agit. Il est clair que pour le moment Édouard Balladur est le mieux placé mais demain les choses peuvent très bien changer. On ne peut pas préjuger de ce qui se passera d'ici à un an.