Article de M. Bernard Bosson, ministre de l'équipement des transports et du tourisme et secrétaire général du CDS, dans "Démocratie moderne" du 19 mai 1994, sur l'Union européenne, intitulé "Le 12 juin : choisir notre Europe".

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Intervenant(s) : 
  • Bernard Bosson - Ministre de l'équipement, des transports et du tourisme

Média : DEMOCRATIE MODERNE

Texte intégral

Choisir notre Europe

Par Bernard BOSSON

Le 12 juin, tous les citoyens d'Europe vont se prononcer, ensemble, en matière européenne ce qui n'arrive qu'une fois tous les cinq ans. Nous sommes engagés dans cette campagne avec d'autant plus d'enthousiasme que Dominique Baudis conduit la liste unique de la majorité. En quelques semaines, notre président exécutif a démontré sa formidable capacité à convaincre, à rassembler, et à porter son message européen, à un moment où l'Europe doit faire face à plusieurs grands défis.

– Le premier défi est un défi de valeurs : il existe toujours deux visions de l'Europe : celle d'une zone de libre-échange un peu améliorée, ou celle d'une Europe politique, sous-tendues par deux philosophies : la philosophie ultra-libérale d'un grand marché, ou la philosophie équilibrée rejetant et le protectionnisme et l'ultralibéralisme, exigeant une concurrence maîtrisée au service des hommes et du progrès social. Notre vision de l'Europe, celle des pères fondateurs a toujours été de créer une véritable communauté et non pas de constituer simplement un grand marché.

– Le deuxième défi concerne les élargissements : ils sont nécessaires. Mais nous devons éviter de ne pas unir que les pays riches de l'Europe et de dériver progressivement vers une grande A.e.l.e. Nous devons remplir notre devoir vis-à-vis des peuples de l'autre moitié de notre unique Europe ; nous couper d'eux serait indigne et tragique ; les accueillir, sans préparation, reviendrait à les tromper en leur offrant une Communauté - mirage.

– Le troisième défi concerne la nécessaire démocratisation des institutions européennes pour nous sortir de l'insuffisance démocratique devenue insupportable. Je crois qu'il faut que les commissaires européens soient nommés, non plus par chaque État, mais par le Conseil européen dans le dialogue avec le Parlement ; qu'ils puissent être responsables, individuellement et collectivement devant aussi bien le Conseil européen que devant le Parlement européen ; que l'on renforce enfin le nécessaire dialogue entre les conseils des ministres et le Parlement. Face à ces défis, nous devons, nous démocrates-chrétiens, apporter des réponses permettant d'unir dans un même projet l'affirmation des valeurs de l’Europe, l'approfondissement et la démocratisation, enfin l'élargissement. J'ai la conviction qu'une Europe a plusieurs cercles est l'une des solutions, pour que le rêve européen puisse demeurer : Un premier cercle politique, respectueux des identités nationales, unissant les États qui le peuvent et le veulent ; un deuxième cercle plus large monétaire ; un troisième cercle plus large économique ; un quatrième plus large de défense ; un cinquième cercle enfin de coopération politique. Le cercle central devant être le noyau dur, le moteur de l'ensemble et le but qu'un jour tous les cercles rejoindront. L'Europe est à la croisée des chemins. Être fidèles à notre idéal européen nous impose aujourd'hui de répondre aux nouvelles questions fondamentales qui nous sont posées. C'est à nous démocrates-chrétiens, militants européens de toujours, de démontrer pendant cette campagne électorale, autour de Dominique Baudis, que l'Europe est toujours, pour reprendre la phrase de Camus : "Le plus clairvoyant de nos rêves".