Texte intégral
Monsieur le Président, je suis heureux de vous accueillir aujourd'hui au ministère des Affaires étrangères et d'y poursuivre la conversation que nous avions nouée il y a quelques mois, lors de notre première rencontre à New York lors de l'Assemblée générale des Nations unies.
Je crois, Monsieur le Président, qu'il s'agit de votre premier déplacement officiel dans un pays occidental, et la France est très sensible au fait que vous l'ayez choisie. Elle souhaite, pour sa part, témoigner, en vous recevant de l'intérêt et de l'estime qu'elle porte à l'Erythrée et célébrer ainsi très publiquement l'amitié entre nos deux pays.
Sachez que nous apprécions beaucoup, ici à Paris, l'œuvre que vous avez déjà accomplie depuis votre arrivée au pouvoir il y a presque trois ans. Nous connaissons les problèmes les plus urgents auxquels vous avez à faire face : le maintien de l'unité de votre nation, la préservation de relations harmonieuses entre les communautés, la démobilisation des combattants, le retour et la réinsertion des réfugiés expatriés érythréens. Voilà une lourde tâche.
Nous savons que le travail qui vous attend pour le plus long terme est également immense : reconstruire un pays dévasté par trente années de guerre, bâtir un État, affronter les calamités naturelles, la sécheresse très grave qui sévit hélas aujourd'hui dans cette région d'Afrique, autant de défis à surmonter.
Comme l'ambition et le courage ne vous manquent pas, vous avez choisi dans le même temps de mener une diplomatie très active vers l'extérieur, sans exclusive, qui s'exerce en faveur de la paix, dans une région souvent victime non seulement des éléments naturels, mais aussi des conflits entre les hommes.
La France, qui est présente à Djibouti et qui partage votre intérêt et beaucoup de vos analyses, je viens encore de m'en rendre compte au cours de l'entretien que nous avons eu sur la Corne de l'Afrique, ne peut que se féliciter de l'action stabilisatrice que l'Érythrée mène dans la région. Vis-à-vis de Djibouti, pays ami qui travers des moments difficiles, nos préoccupations se rejoignent : votre pays préconise, comme nous le faisons nous-mêmes, un retour durable à la paix par le dialogue et la participation de l'ensemble des communautés à la vie publique du pays.
Nous sommes heureux de votre relation privilégiée avec l'Éthiopie, qui contribue à effacer les souffrances nées des années de guerre et permet d'établir pour l'avenir des bases saines de coopération pour l'intérêt de la région. Nous partageons pleinement votre inquiétude au sujet du Soudan : la communauté internationale a le devoir de rester vigilante et d'amener le Soudan à renouer avec les pratiques d'une politique de bon voisinage et avec la paix civile.
Dans ce contexte régional difficile – je n'ai pas évoqué la Somalie –, face aux efforts et aux besoins de la jeune Érythrée, la France souhaite être à vos côtés et vous marquer son soutien. C'est dans cet esprit que le gouvernement français avait tenu à être représenté aux fêtes de l'Indépendance. C'est également dans cet esprit qu'un dialogue politique étroit s'est développé entre nos deux pays, en particulier à propos de certaines des crises que je viens d'évoquer. Avec la conclusion d'un protocole financier en 1993, les interventions qui montent en puissance de la Caisse française de développement, la réouverture à Asmara d'une Alliance française, notre intérêt pour l'Érythrée a pris un caractère concret. J'ai bien conscience qu'il y a encore beaucoup à faire face aux immenses besoins de votre pays, sachez que nous sommes ici animés de la volonté d'aller dans ce sens.
Tous les amis de l'Érythrée qui sont réunis autour de cette table, Monsieur le Président, contribueront activement, j'en suis sûr, à ce que l'engagement de la France s'accentue, à ce que nos relations s'intensifient, et c'est la raison pour laquelle je les invite tous, ces amis de l'Érythrée, à lever leur verre en l'honneur de votre personne, Monsieur le Président, des éminentes personnalités qui vous accompagnent, au bonheur et à la prospérité du peuple érythréen, à l'amitié entre la France et l'Érythrée.