Déclaration de M. Michel Giraud, ministre du Travail, de l’Emploi et de la Formation professionnelle, sur l'inauguration du réseau d'information routière Sirius et sur la prise en compte de l'environnement dans l'aménagement du réseau routier en Ile-de-France, avec notamment le projet de passage en souterrain de l'A86, Paris le 18 janvier 1994.

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Intervenant(s) : 
  • Michel Giraud - ministre du Travail, de l’Emploi et de la Formation professionnelle

Circonstance : Inauguration de la deuxième tranche du réseau d'information routière Sirius à Paris le 18 janvier 1994

Texte intégral

L'inauguration de SIRIUS (Système d'Information pour un Réseau Intelligible aux Usagers) au moment où le débat sur l'aménagement du territoire entre dans une phase très active, à l'aube du XIème Plan, est particulièrement bienvenue.

Dans une grande métropole urbaine comme l'Ile-de-France, où le nombre de déplacements ne cesse de croître, les voies de circulation sont au cœur de la politique d'aménagement. Leurs incidences sur l'économie, l'environnement, la santé l'habitat, la politique sociale sont multiples.

À mesure que nous nous approchons du 21ème siècle, les caractéristiques du réseau se modifient de façon heureuse. Avec SIRIUS, il devient interactif, convivial.

Le réseau du futur se doit de privilégier deux caractéristiques : il devra être mieux adapté ; il devra être mieux intégré.

I. – Un réseau mieux adapté : dans sa conception comme dans ses moyens de gestion

Une nouvelle conception du réseau de transport

Il ne s'agit pas de se tromper de débat en matière de transports. Ne raisonnons pas avec des schémas des années 80. La route n'a pas à être opposée aux transports collectifs. Les deux modes sont complémentaires, répondant chacun à des besoins différents. Ils participent l'un et l'autre au confort des usagers tout autant qu'au rayonnement régional dans l'intérêt national.

Au moment où l'Ile-de-France doit se positionner face à la concurrence des autres grandes régions d'Europe, le réseau de circulation et de transport est une les clefs de l'aménagement. Il doit prendre en compte à la fois des exigences de l'économie et du développement et celles de l'environnement, c'est-à-dire de la qualité de vie qui sera demain, un des critères prioritaires de la concurrence entre les métropoles.

Il y aura celles qui auront su concilier croissance et qualité de vie et les autres. L'Ile-de-France entend compter parmi les premières.

C'est sa vocation. Elle en a l'ambition. SIRIUS y contribuera.

Une meilleure gestion des moyens

Avec 630 kms de voies rapides utilisées quotidiennement par plus de 5 millions d'automobilistes, avec les encombrements qui croissent plus vite sur les autoroutes que sur le reste du réseau, la gestion active de celui-ci s'impose. Elle permettra d'éviter des conséquences pénalisantes qui se chiffrent en pertes de temps, en fatigue autant qu'en coûts financiers.

La gestion est déjà assez bien maîtrisée en milieu urbain. On le constate, notamment à Paris, avec la régulation centralisée du trafic. Celle-ci doit, désormais, être étendue aux voies rapides qui, non seulement, drainent une part croissante de la circulation, mais, surtout, correspondent à la dimension régionale, de plus en plus affirmée, de notre réseau, un réseau qui doit s'adapter à la répartition des activités sur l'ensemble des principaux pôles régionaux : Roissy, Saclay, Villepinte, Rungis, les Villes Nouvelles…

Cette meilleure gestion, dont SIRIUS est l'instrument, et qui se développe d'abord sur la partie Est de la région porte sur :

– les équipements de sécurité,
– la coordination de la signalisation,
– l'information des usagers,
– la meilleure exploitation des équipements techniques.

Elle vise à mieux utiliser les voiries, à orienter l'usager, afin d'améliorer son parcours, en confort et en temps. Elle sera étendue, dans le prochain Contrat de Plan, à l'ouest de la région.

L'information joue un rôle essentiel. Les systèmes embarqués marqueront à terme – à court terme, n'en doutons pas – un nouveau et significatif progrès.

La Région, consciente de ces enjeux, a tenu à prendre une part importante au financement de ce dispositif en y contribuant, à parité avec l'État, au cours du Xème plan : 450 MF sur les voies existantes et 200 MF pour les voies nouvelles.

Dans un secteur très dense, parfois saturé, comme ici, dans le Val-de-Marne, où les voies rapides constituent un élément déterminant du développement de l'activité économique, on ne saurait sous-estimer l'apport d'une telle gestion moderne du réseau. Elle redonnera du souffle à tout le département.

Mais la nouvelle conception d'une voirie adaptée au 21ème siècle ne peut se limiter aux apports de la technique, aussi perfectionnée soit-elle. La route doit, également, mieux s'intégrer aux sites qu'elle traverse. Ce qui est vrai pour l'ensemble du territoire l'est encore plus dans une métropole urbaine.

Telle est la position que le Conseil Régional d'Ile-de-France défend depuis de nombreuses années : concilier la meilleure qualité de vie et le nécessaire développement dont dépend le dynamisme de la Région-Capitale, c'est-à-dire l'emploi.

II. – Un réseau bien intégré à l'environnement

Comment pourrait-on admettre qu'un réseau libérant l'homme de nombreuses contraintes et favorisant les circuits économiques soit, en même temps, insupportable pour l'environnement ?

Ce scénario de l'absurde n'est pas acceptable. En même temps que des mesures innovantes sont mises en œuvre pour la bonne gestion du réseau, il est également indispensable de s'attacher à bien intégrer celui-ci dans son environnement.

Telle est la politique menée par le Conseil Régional, à la fois pour les infrastructures nouvelles et pour celles déjà existantes. La recherche de la meilleure protection possible de l'environnement nous a conduit à repenser, avec les services de l'État, avec les collectivités locales et les riverains, un certain nombre de projets.

Je citerai la déviation de Rueil dont la couverture est maintenant envisagée sur l'ensemble des sections traversant les sites urbanisés. Je pense au périphérique d'Ile-de-France – l'A86 – en Seine-Saint-Denis, où les travaux vont reprendre, grâce à votre initiative, M. le Ministre, et avec le soutien de la Région pour l'adaptation de protections phoniques supplémentaires, conformément aux engagements pris auprès des riverains, des associations et des élus.

Tel est également le cas entre Rueil et Versailles où, avec le département des Yvelines, le Conseil Régional a souhaité une expertise du projet. Une fois l'utilité de celui-ci reconnue, il prendra à son compte la recherche de la meilleure intégration possible des échangeurs. Ces exemples, bien connus, attestent de la vigilance de la Région en ce domaine.

Mais il est un autre projet qui, vous le savez Monsieur le ministre, cher ami, me tient, nous tient tout particulièrement à cœur. Il s'agit du double passage de l'A4 et de l'A86 à Joinville qui, à quelques kilomètres d'ici, doit permettre d'écouler à la fois des relations radicales entre Paris et l'Est de l'Ile-de-France et des liaisons, appelées à croître, entre les communes de la proche couronne Est.

Vous savez que nous récusons l'hypothèse de doublement du viaduc qui, quels que soient les habillages, défigurerait l'environnement. Vous savez notre attachement militant à une solution souterraine. Récemment, et lors de plusieurs entretiens, j'ai défendu devant vous le concept et les bases d'une proposition raisonnable, consistant à assurer la continuité de l'A86 en souterrain. Bien entendu, ce projet fera l'objet d'études approfondies de l'État et de la Région, en concertation avec les collectivités locales concernées. C'est, je le sais, au nom de toute une population et de leurs élus unanimes, qu'avec mes amis du Conseil Régional, je défends avidement cette thèse depuis longtemps.

Pour sa part, le Conseil Régional est prêt à inscrire une contribution importante pour ce projet, dès le Contrat de Plan 94/98. Vous avez bien voulu me faire savoir que l'État était disposé à faire sienne cette proposition. Ici, en Val-de-Marne, entouré de mes collègues qui se sont tant battus pour une décision qui est celle de la raison. Je veux vous en remercier très, très chaleureusement.

Monsieur le ministre, Mesdames et Messieurs, une voie bien intégrée dans son environnement, une voie plus fluide grâce à la mise en œuvre d'un système d'exploitation routière efficace et moderne, voilà les conditions d'un bon aménagement de la Région d'Ile-de-France. Relever le défi, c'est assumer le bien-être des Franciliens de demain.