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Dominique Baudis : "Ma femme m'accompagne toujours et partout"
Au moment même du coup d'envoi de la campagne pour les élections européennes, Dominique Baudis, tête de liste pour la majorité, nous a reçus dans son fief de Toulouse. Le maire de la ville rose savoure les instants délicieux de la vie familiale avant le sprint final.
"Je suis européen mais toulousain par toutes les fibres de mon corps"
Paris Match : Si Pierre, votre fils, vous demande : "C'est quoi, l'Europe ?" que lui répondrez-vous ?
Dominique Baudis : Je lui dirai : "C'est l'assurance que tu as de ne pas connaître la guerre qu'ont vécue ton grand-père et ton arrière-grand-père. Cette assurance, il faut qu'on la sauvegarde pour toi et ce sera ensuite ton tour pour tes propres enfants".
Paris Match : Vous avez été désigné comme tête de liste de la majorité aux élections européennes. Pourquoi pensez-vous avoir été choisi ?
Dominique Baudis : Peut-être parce que je suis le maire d'une ville qui est l'exemple de la réussite, le symbole de l'Europe. Avec l'aéronautique, Toulouse, c'est 400 000 emplois en France et 2 millions en Europe…
Paris Match : De quels atouts supplémentaires dispose le gestionnaire de la quatrième ville de France ?
Dominique Baudis : Le mandat de maire est celui qui rend le plus pragmatique et le plus concret. Le maire est un élu de proximité ; et l'Europe doit gagner en proximité. Elle est trop éloignée des gens et elle a souvent agacé dans des domaines où on n'avait pas besoin d'elle.
Paris Match : Et que répondre à ceux qui craignent d'y laisser leur identité ?
Dominique Baudis : Que c'est un absurde procès en sorcellerie. Je suis toulousain par toutes les fibres de mon corps. Mais en suis-je moins français ? Et en quoi cela m'empêche-t-il d'être européen ? L'Europe est riche d'une diversité de traditions dont l'ensemble forme une civilisation et que seule l'Europe permettra de conserver.
Paris Match : Que vous a appris votre père, qui vous a précédé à la mairie de Toulouse ?
Dominique Baudis : Il m'a appris à bien faire ce que l'on fait. Lui-même a consacré l'essentiel de sa vie à la mairie. J'essaie de ne pas me disperser ; je ne suis pas allé au gouvernement, par exemple.
Paris Match : Vous aviez été pressenti ?
Dominique Baudis : J'ai refusé un poste ministériel. J'ai dit non à M. Balladur parce que je me voyais mal entre la direction d'un portefeuille et la gestion de Toulouse. Je n'ai jamais accepté de responsabilités importantes à la tête d'un parti politique. Je suis maire, député – aujourd'hui député français et demain député européen –, et c'est déjà beaucoup.
Paris Match : Votre fille aînée, Florence, a 23 ans. Sentez-vous chez elle un désarroi, un manque d'idéal ?
Dominique Baudis : Moi, j'ai eu la chance d'avoir 20 ans après la guerre et avant la crise. Les jeunes, aujourd'hui, sont confrontés à un monde très dur. Avec le chômage, le sida, la guerre à nos portes, comment ne pas être désemparé ? Ils hésitent à poursuivre des études, restent chez leurs parents le plus longtemps possible.
Paris Match : Regrettez-vous parfois votre métier de journaliste ?
Dominique Baudis : Parfois, oui. Je n'ai pas la nostalgie de l'époque où j'étais présentateur du journal TV, assis dans un fauteuil. Je regrette le reportage, c'était une autre vie, j'ai eu la chance d'avoir plusieurs existences.
Paris Match : Cela vous servi, pour être élu, d'être fils du maire de Toulouse et d'avoir un visage connu à la télé ?
Dominique Baudis : Cette question m'a souvent été posée. En 1983, j'ai été élu à Toulouse avec 56 % des voix. Bon ! Mais, six ans après, on me jugeait sur ce que j'avais fait et, là, j'ai obtenu 57 % de voix. Ce n'était plus le fils du maire ni le présentateur de télévision.
Paris Match : Est-ce vous qui avez demandé à votre femme, Ysabel, de s'arrêter de travailler ?
Dominique Baudis : Nous nous sommes connus en 1981. À ce moment-là, elle était journaliste dans la presse écrite. Puis tout a changé. J'ai été élu maire, puis député. Elle a alors organisé sa vie en fonction de la mienne. Elle m'accompagne toujours et partout, elle est souvent mon interlocutrice quand j'ai besoin de mettre les choses à plat.
Ysabel Baudis : Les choses se sont faites naturellement. À partir du moment où c'était une histoire à deux, il m'a semblé que ma priorité, c'était lui.
Paris Match : Quelles sont vos plages de délassement ?
Dominique Baudis : Nous restons à la maison. Nous n'acceptons presque jamais d'invitations. C'est notre façon de conserver notre équilibre.
Ysabel Baudis : Et puis, une fois par an, nous faisons un voyage. Et c'est à chaque fois un voyage de noces.