Déclarations de M. Dominique Perben, ministre des DOM TOM, sur le renforcement de la coopération bilatérale entre la France et la Nouvelle-Zélande et sur la protection de l'Antarctique, Wellington le 16 septembre 1994.

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Circonstance : Voyage de M. Perben dans le Pacifique sud (Nouvelle-Zélande et Australie) du 12 au 20 septembre-signature d'un accord sur l'Antarctique entre la France et la Nouvelle-Zélande.

Texte intégral

1. – 1994 a été une année faste pour les relations franco-néo-zélandaises, illustrée par la visite en France en juin dernier de votre Premier ministre, avec lequel j'ai eu l'honneur de m'entretenir.

2. – L'accord de coopération relatif à l'Antarctique que nous venons de signer illustre bien la nouvelle voie de coopération sur laquelle se sont engagées les relations entre nos deux pays, de même que notre action commune dans le Pacifique Sud pour le secours aux victimes de catastrophes naturelles.

3. – Voisines dans le Pacifique, la France et la Nouvelle-Zélande partagent le même souci de contribuer au développement de cette région. Alors même qu'on pouvait craindre, après la fin de la guerre froide, un certain désintérêt pour le Pacifique Sud, la France entend montrer qu'elle n'entend nullement suivre cette voie mais veut tout au contraire renforcer son action dans une région à laquelle tant de liens la rattachent. Notre souci de maintenir la prospérité et la stabilité de nos territoires et de contribuer au développement régional, en découle. Nous souhaitons que les relations commerciales entre la Nouvelle-Zélande et nos territoires se développent, et que nos actions respectives en faveur du développement régional fassent désormais l'objet d'une concertation plus étroite entre nos deux pays. Le thème du dernier Forum du Pacifique Sud à Brisbane "la préservation des ressources" devrait désormais inspirer la politique de développement du Pacifique insulaire.

4. – Nos relations culturelles sont excellentes et nous pouvons nous réjouir de l'action très positive du Fonds d'Amitié France-Nouvelle-Zélande. Il importe de développer encore nos relations économiques qui bien que trop faibles, ont progressé en valeur absolue. Les problèmes de maintien de la paix qui intéressent votre pays, l'évolution de l'Asie toute proche, l'institution d'un lien entre l'Union Européenne et I'APEC peuvent être autant de sujets de notre dialogue politique.

5. – Monsieur le ministre, vous avez marqué par le passé votre volonté de rétablir des relations de confiance avec la France. Ce désir, de la part d'un homme qui a toujours su, et non sans courage, exprimer avec force ses convictions quand l'intérêt de son pays était en jeu, ne peut que nous conforter dans la voie désormais clairement tracée, celle d'un dialogue nourri sur toutes les questions d'intérêt commun, dans le Pacifique et au-delà du Pacifique.

6. – Si le toast est porté à la santé du président de la République, il convient de lever son verre à la santé de la reine Elisabeth, reine de Nouvelle-Zélande.


DÉCLARATION LORS DE LA SIGNATURE DE L'ACCORD ENTRE LA FRANCE ET LA NOUVELLE-ZÉLANDE SUR L'ANTARCTIQUE


La zone de l'Antarctique était déjà, mais est appelée à devenir davantage encore avec l'accord de coopération que nous allons signer, un terrain privilégié du rapprochement entre la France et la Nouvelle-Zélande. Tel était l'espoir soulevé par la déclaration conjointe de Christchurch, qui en décembre 1992 annonçait l'ouverture des négociations dont nous célébrons aujourd'hui l'heureux aboutissement.

Nos deux pays, signataires du Traité sur l'Antarctique et actifs au sein du système antarctique, partagent en effet les mêmes convictions qui ont fait qualifier ce continent de "terre de paix et de science". La signature du protocole à ce traité, qui a pour objet d'assurer la protection de ce milieu naturel unique, signature par toutes les parties consultatives du traité sur l'Antarctique, constitue un progrès historique, et c'est dans ce cadre que se situe la coopération franco- néozélandaise sur ce continent.

C'est en effet d'abord sur les questions spécifiques relatives à la protection de l'environnement que nos deux pays, qui sont sur cette matière en plein accord, s'engagent à se consulter mutuellement, que ce soit dans le cadre de leurs programmes nationaux respectifs ou lors des réunions consultatives au cours desquelles sont abordées des questions relatives à l'environnement.

Cette coopération bilatérale s'étend également au domaine scientifique. Nos deux pays développent dans ce domaine des programmes de recherche en Antarctique qui, comme toutes les activités menées dans cette zone, doivent être organisées et conduites de façon à limiter leurs incidences négatives sur l'environnement de la région et sur les écosystèmes dépendants et associés. C'est d'ailleurs pour le soutien logistique de ces programmes que la France et la Nouvelle-Zélande ont inclus dans cet accord des dispositions destinées à faciliter le transport aérien, par l'utilisation des installations aéroportuaires de Christchurch, vers le continent antarctique. Le territoire néo-zélandais, et en particulier la Dépendance de Ross, constitue une voie d'accès des plus importantes vers l'Antarctique et entre autres vers le territoire français de Terre Adélie. Afin de faciliter le transit vers l'Antarctique, un régime douanier spécial et d'autres facilités seront consentis en faveur des personnels et des matériels impliqués par ces programmes de recherche scientifique ou de sauvegarde de l'environnement. En outre les deux pays s'engagent de manière réciproque à faciliter la protection et la sécurité des personnels employés dans les programmes de recherche en Antarctique ainsi que des aéronefs, équipements et matériaux devant y être utilisés.

Mais la collaboration entre nos deux pays ne se limite pas à la seule logistique des programmes de recherche puisque l'accord que nous allons signer concerne également les installations existantes du Centre international d'Information et de recherche sur l'Antarctique, de Christchurch.

Un nouveau champ de collaboration scientifique sera ouvert avec la station scientifique "Concordia" actuellement en voie de création du Dôme C, et à laquelle travaillent conjointement la France et l'Italie, la Nouvelle-Zélande ayant également conclu un accord de coopération avec ce dernier pays en 1987. La France diffusera d'ailleurs une évaluation globale définitive d'impact sur l'environnement portant sur la création de cette station scientifique "Concordia", en tenant pleinement compte des observations et recommandations des parties au traité sur l'Antarctique et des organisations non-gouvernementales faites conformément aux dispositions du protocole et de ses annexes.

Dans cet esprit, la France et la Nouvelle-Zélande désigneront prochainement des agents ou organismes responsables en vue de coordonner et de faciliter les activités prévues dans cet accord. Les deux pays concluront éventuellement d'autres arrangements particuliers qui pourraient être jugés appropriés pour le développement de cette coopération.