Interview de M. Hervé de Charette, président du PPDF, dans "Le Parisien" du 3 juin 1998, sur le droit de grève dans les transports en commun, notamment dans le conflit d'Air France, intitulé "Le droit de grève doit être encadré dans les transports".

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Média : Le Parisien

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Le Parisien : Selon vous, le problème du droit de grève est aujourd’hui sur la table !

Hervé de Charrette : Le droit et la pratique de la grève se posent de façon très forte dans les services publics de transports en commun. C’est le dernier secteur où l’on pratique le conflit de façon sauvage sans se soucier de l’existence des usagers.

Le Parisien : Quelle réforme proposez-vous concrètement ?

Hervé de Charrette : La situation ne serait pas celle que nous connaissons si Air France était une entreprise privée. Je propose donc que l’on reprenne le processus de privatisation d’Air France ainsi que celui de l’ouverture du ciel français. Cela permettra d’éviter la situation de monopole et de prise en otage de la clientèle. Il faut également traiter par négociation la question de l’exercice du droit de grève dans les transports en commun, que ce soit à Air France, à la SNCF, à la RATP… Je suis d’avis que les pouvoirs publics prennent leurs responsabilités en ouvrant le débat, l’exercice du droit de grève doit être encadré. Regardez à EDF, les choses ont évolué dans le bon sens : les salariés ont renoncé aux coupures d’électricité. On doit faire la même chose à Air France et dans les transports en commun.

Le Parisien : Vous êtes par ailleurs très critique sur le conflit à Air France, pourquoi ?

Hervé de Charrette : Parce que cette grève est scandaleuse. Sans les 20 milliards de recapitalisation versés par les contribuables, la compagnie nationale aurait disparu. Les Français sont donc en droit de ne pas être bloqués dans les aéroports. De plus je trouve totalement anormal que les pilotes puissent ridiculiser de la sorte notre pays au moment où le monde entier nous regarde.

Le Parisien : Comment pourra-t-on sortir de cette grève ?

Hervé de Charrette : Je ne désespère pas de voir les pilotes renoncer à leur mouvement impopulaire et choquant. Dans le cas contraire, les pouvoirs publics doivent avoir l’énergie de pratiquer les réquisitions qui s’imposent.