Texte intégral
Lorsque rien de bon ne vient de l'intérieur, lorsque les contre-performances de gestion se multiplient, rien ne vaut, pour les gouvernants, des gesticulations diplomatico-humanitaro-militaires, hors de nos frontières.
L'attention du bon peuple est ainsi distraite de ses problèmes quotidiens et la corde naturelle du patriotisme est utilisée, à de mauvaises fins certes, mais de façon d'autant plus efficace qu'elle est accompagnée d'une « union sacrée » factice, créée de toutes pièces par les médias.
Distraire les Français
C'est à la démonstration par l'exemple de cette constance politique que nous assistons aujourd'hui. Plutôt que d'avoir à ramener l'ordre chez nous, dans les banlieues de nos grandes villes, on préfère menacer de bombardements des troupes étrangères en direct au journal télévisé. Plutôt que de tenter de juguler la misère qui grandit dans notre pays, on préfère mettre en scène, sous les projecteurs des médias, l'envoi de riz à des populations étrangères dans le besoin sans ensuite se préoccuper de savoir si elles les reçoivent.
Plutôt que de balayer devant sa porte, on préfère s'agiter devant celle des autres et se faire au passage un peu de publicité. MM. Léotard et Juppé sont très forts dans cette catégorie de ministres « communicateurs » dans la lignée des Tapie, Kouchner et Ségolène Royal. Question de génération pour eux qui confondent le fond et la forme, le contenu et l'apparence.
Le fond ou la forme ?
Présenté comme la crème de la classe politique, mais aussi comme proches des gens et de leurs préoccupations, ils accumulent en fait les erreurs et les fautes politiques : la relève de l'établissement ne viendra pas de ces gens-là qui confondent actions concrètes et passages à la télé.
En une année, M. Léotard à la Défense a multiplié les fautes : dissolutions d'unités et restrictions budgétaires dans le strict prolongement du Plan Joxe, engagement massif en Bosnie, sujétion renforcée de notre armée à l'égard des États-Unis, retour de fait dans le dispositif de l'OTAN dont la France était sortie 1966 ! De son côté, M. Juppé aux Affaires étrangères a additionné les bourdes ; collaboration systématique avec les derniers pays communistes de la planète ou leurs compagnons de route, reprise sans condition des relations diplomatiques et économiques avec le sanglant régime chinois, aide massive à la dictature vietnamienne, soutien à l'action de Mandela, relations ambiguës avec le régime FLN algérien, gesticulation en Bosnie sous contrôle américain. N'en jetez plus !
Mais le plus grave, c'est que chacune de ces malheureuses initiatives ont été accompagnées de communiqués de victoire des ministres en question qui, avec le ton sentencieux qu'on leur connaît, n'ont pas hésité à venir en chaque occasion parader à la télévision et minauder avec les caméras.
Dérisoire
Dérisoire, à l'instar d'ailleurs des propos grandiloquents de MM. Balladur et Mitterrand quelques heures après l'expiration de l'ultimatum contre les serbes de Bosnie. Comme il était affligeant pour un patriote de voir les deux dirigeants de notre pays crier victoire à la face du monde parce qu'à Sarajevo, les plus grandes nations du monde ont obtenu le recul de quelques kilomètres de quelques pièces d'artilleries serbes. Ces pitoyables tentatives de récupération personnelle, dont on sait, depuis la parution du récit romancé d'Orsenna Grand Amour, qu'elles sont diligentées par des cellules de communication et ne font que souligner la terrible impuissance de la France dans le monde.
L'impératif de puissance
Au-delà, la leçon de tout cela est simple, elle tient en quelques mots : comme les autres fonctions régaliennes de l'État, la défense et la politique étrangère sont aujourd'hui en jachère, laissées pour compte car dépourvues de toute vision directrice. Aujourd'hui la France est incapable de repenser sa défense en fonction des grands enjeux de cette fin de siècle, elle n'a plus non plus de politique étrangère indépendante empêtrée qu'elle est à s'aligner sur la doctrine du « nouvel ordre mondial ».
Dans les deux cas, nos gouvernants s'agitent mais sont dans l'impossibilité de faire valoir les spécificités de l'intérêt national. Las, notre mobilisation est… médiatique tout comme nos initiatives.
Demain, il faut le dire, seule une politique de puissance, sans agressivité, pourrait redonner à la France son rang sur la scène internationale. Seule une politique de puissance pourrait nous permettre de définir librement l'avenir que nous voulons pour notre nation.
S'opposer, s'imposer, proposer, disposer, être libres, tels sont les termes d'une politique extérieure et de défense marquée par le changement, celui que le Front National offre aux français.