Interview de M. Michel Deschamps, secrétaire général de la FSU, à RTL le 10 mars 1994, sur le contrat d'insertion professionnelle (CIP), dit "SMIC jeunes".

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Média : RTL

Texte intégral

J.-M. Lefebvre : Vous persistez dans votre refus du CIP ?

M. Deschamps : Sous réserves de voir exactement en quoi consistent ces aménagements, oui. Un pas est fait. On aurait évité beaucoup de désagréments si on s'était aperçu tout de suite qu'il ne fallait pas engager le CIP sur cette voie. Mais si le gouvernement redresse, tant mieux.

J.-M. Lefebvre : Êtes-vous opposé à toute nouveauté ?

J.-M. Lefebvre : Non. L'insertion sociale des jeunes est devenue un problème majeur. Je comprends l'inquiétude de l'ensemble de la jeunesse. Il est frappant de voir que ce ne sont pas seulement les jeunes diplômés, les jeunes en situation d'exclusion manifester une vraie solidarité de jeunesse par rapport à cette entrée dans l'emploi. La solution, c'est proposer aux jeunes à la sortie de l'école un mode d'entrée dans l'entreprise qui leur assure à la fois un vrai emploi, une perspective et une formation complémentaire. Cela ne peut se faire qu'en collaboration entre l'école et l'entreprise.

J.-M. Lefebvre : Le gouvernement a-t-il évolué depuis une semaine ?

M. Deschamps : Oui, mais avec une jeunesse qui est très tendue. Il faut bien mesurer ce qu'on fait. Il ne faut pas avancer n'importe quelle mesure. Je ne comprends pas qu'on puisse débattre d'une telle question sans négocier avec les jeunes, les familles et les enseignants.

J.-M. Lefebvre : Les enseignants ont été un peu oubliés ?

M. Deschamps : Totalement. C'est une des parties des difficultés que nous avons. Cela tient à cette concertation incomplète. Dès lors qu'il s'agit à la fois d'emploi et de formation, il est bien qu'il y ait le patronat, les organisations syndicales de salariés, mais il faut également les représentants des personnels de l'enseignement, des jeunes et des familles. On aurait certainement eu dès le départ un texte plus complet.

J.-M. Lefebvre : Le tutorat ?

M. Deschamps : Si le tuteur dans l'entreprise permet d'être un trait d'union entre la formation, les formateurs, le jeune et l'entreprise, oui. Si un veut ainsi remplacer une formation, ce n'est pas la bonne voie. Nous pratiquons depuis des années dans l'enseignement des stages en entreprises. Les entreprises désignent des maîtres de stage. Nous travaillons avec eux très facilement, pour le plus grand bien de tout le monde.

J.-M. Lefebvre : Il faudrait donc une phase intermédiaire entre la sortie de l'école et l'entrée dans la vie professionnelle ?

M. Deschamps : Tout à fait, avec une collaboration entre l'école et l'entreprise, avec une vraie perspective d'emploi et une vraie formation. Cela fait des années qu'on propose au patronat que cette période d'adaptation soit un des lieux de l'exercice de l'alternance.