Déclaration de M. François Léotard, ministre de la défense, sur l'activité culturelle et sportive au sein de l'armée, Fréjus le 22 avril 1994.

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Circonstance : Congrès de la FCSAD (Fédération des clubs sportifs et artistiques de la défense), à Fréjus le 22 avril 1994

Texte intégral

Monsieur le préfet, 
Madame le député maire,
Monsieur le commissaire général,
Président de la fédération des clubs sportifs et artistiques de la défense, 
Messieurs les officiers généraux,
Mesdames, Messieurs,

Il y a juste un an, je vous disais, monsieur le président, mon plaisir de découvrir une institution aussi dynamique que la fédération des clubs sportifs et artistiques de la défense. Les mois qui ont suivi m'ont conforté dans mon sentiment de grande satisfaction à l'égard de cette belle association que je salue aujourd'hui très chaleureusement.

Je suis d'autant plus réjoui que vous avez choisi cette magnifique région – la mienne – comme cadre de vos travaux et que je vous accueillerai ce soir à Fréjus – ma ville – où sport et culture seront mêlés.

Sport et culture : voilà bien les deux piliers d'activités de votre fédération, traduits avec ambition dans ses statuts. S'il fallait qualifier sa démarche, je retiendrais sans détour le bel adjectif de dynamique.

Convient-il de rappeler le dynamisme d'ordre structurel, comme disent les énarques, dont votre association a fait preuve, en choisissant de devenir une fédération ? En donnant à l'ancienne union fédérale cette dimension nouvelle, lui permettant d'être admise au sein du comité national olympique et sportif français, vous avez très certainement souhaité conforter la place de l'ensemble des clubs affiliés, structurer et ouvrir davantage une organisation de grande ampleur, responsabiliser des échelons d'actions intermédiaires, bref donner un nouvel élan à votre organisation.

Les premiers résultats dont vous venez de faire état prouvent que vous avez eu raison. Cette évolution ne se fait pas sans difficultés ; n'est-ce pas là le signe rassurant d'une vitalité certaine ? Je voudrais ajouter qu'en décidant cette ouverture vous avez, vous tous membres de la fédération, voulu fondre vos pas dans ceux que les forces armées dessinent pour un meilleur rapprochement avec la nation. Vous participez bien en cela à développer ce que le Livre blanc sur la défense appelle « l'harmonie des relations armée-nation ».

Dynamisme dans l'organisation et dans la politique de la fédération. Dynamisme également dans les activités, qu'il s'agisse de l'animation de la fédération par ses instances dirigeantes ou des rencontres sportives; ou des initiatives culturelles.

Le bilan sportif très riche que vous venez de retracer, Monsieur le président, intègre cette année les résultats exceptionnels obtenus par le cercle sportif de l'institution nationale des Invalides aux jeux « paralympiques » de Lillehammer. Permettez-moi aujourd'hui d'adresser publiquement des félicitations très chaleureuses à ce club, à son président, à tous ses membres et notamment à ces athlètes qui nous ont donné une merveilleuse leçon de vie, c'est-à-dire d'espérance, en ces temps où les difficultés de l'existence se font plus dures et plus étouffantes.

J'ai noté également avec une grande satisfaction la vigueur des activités culturelles engagées au cours de l'année dernière : activités régionales et nationales de peinture, sculpture, photographie, artisanat, théâtre. Vous savez mon attachement à l'amplification des activités culturelles au sein de votre fédération. C'est un point que je développerai dans quelques instants.

Ayant souligné, à juste raison, la dynamique dont votre fédération fait preuve, dynamique qui vient de l'intérieur, vivifiée par vous tous, je veux, maintenant marquer celle que développe le ministère de la défense, à la fois par son soutien et ses initiatives.

Le soutien matériel indispensable dont la fédération a besoin est bien acquis. La subvention que j'ai décidé de lui accorder en 1994 doit vous permettre d'achever sa réorganisation et de poursuivre ses actions. Même si les cérémonies du cinquantenaire du débarquement et de la libération conduisent de nombreuses associations subventionnées par le ministère de la défense à présenter des demandes d'allocations spécifiques, je puis vous rassurer, Monsieur le président : la demande de subvention que vous avez présentée sera honorée.

Le soutien logistique dont la fédération a besoin porte aussi sur la mise à disposition de personnels. Vous aviez émis le vœu lors du dernier congrès de bénéficier des compétences de personnels au niveau des ligues nouvellement créées. Votre souhait a été exaucé puisque, votre président le rappelait il y a quelques instants, un tableau d'effectif particulier a été arrêté. Je m'en félicite, d'autant que la ressource humaine de nos forces armées est désormais très comptée.

Me tournant maintenant vers les deux pôles d'activité que j'évoquais précédemment, je retiendrai volontiers de façon simultanée les termes de continuité et d'ouverture.

Continuité d'abord. Continuité des activités sportives telles qu'elles sont actuellement conçues et vécues, mais en même temps renforcement des initiatives sportives au profit des jeunes.

Madame Alliot-Marie, ministre de la jeunesse et des sports et moi-même avons décidé de fortifier la concertation entre nos deux ministères dans les domaines d'activités qui concernent la jeunesse. C'est ainsi que sont notamment étudiées la mise à disposition d'un officier auprès du cabinet du ministre de la jeunesse et des sports et la nomination d'un correspondant jeunesse au sein du secrétariat général pour l'administration.

Les jeunes de notre pays, qui représentent le capital de demain de notre nation ont maintenant, plus que jamais, besoin d'être aidés, écoutés, encouragés car ils cherchent un épanouissement bien légitime qui se dérobe sans cesse.

Je sais l'action très forte que les clubs sportifs mènent auprès des jeunes notamment en organisant des écoles du sport durant les mercredis. J'encourage très vivement cette action ; je vous demande de l'élargir à d'autres domaines ; soyons tous persuadés qu'en enrichissant l'autre, nous fortifions nos richesses respectives et que nous relevons le défi d'une humanité plus ouverte et plus fraternelle.

Continuité également et sans aucun doute, des activités culturelles avec la recherche très affirmée d'une dimension plus vaste de ces activités.

Je sais l'attachement du commissaire général Ducasse à ouvrir davantage la fédération au domaine culturel. Sa participation aux réunions annuelles du comité interarmées du patrimoine culturel de la défense marque bien la volonté du ministre de la défense d'associer votre mouvement associatif aux préoccupations culturelles du ministère.

J'ai le plaisir à ce sujet de vous annoncer que monsieur Jacques Toubon ministre de la culture et moi-même préparons un protocole important qui ouvre la voie à une nouvelle politique culturelle entre nos deux départements ministériels. Le ministère de la défense dispose, en effet, d'un patrimoine culturel extraordinaire et d'une richesse humaine unique de cadres, d'appelés, de familles ; leur valorisation méritait une politique d'ensemble. C'est l'objet de cette démarche, à laquelle votre président a été étroitement associé.

Ainsi, les actions suivantes seront lancées : développement de la concertation, de l'échange d'informations entre les deux ministères et création d'actions culturelles communes ou croisées – renforcement de l'information du grand public sur le patrimoine de la défense – conservation, restauration et enrichissement de ce patrimoine – développement des activités culturelles au profit du personnel de la défense. Enfin, formation et utilisation des compétences de ce personnel. Le commandement et les structures concernées du ministère de la Défense sont, évidemment, les premiers artisans de cette ouverture culturelle.

Votre fédération est, sur ce plan-là comme sur le plan sportif, pleinement intégrée à la démarche d'ensemble du ministère. C'est ainsi qu'elle sera associée à des développements culturels spécifiques et qu'elle bénéficiera de séquences de formation au profit de ses animateurs, ou qu'elle saura tirer le meilleur profit de la mise à sa disposition d'animateurs appelés ou civils.

Il me faut à ce propos évoquer le projet dont votre président souhaite l'avènement et qui vise la création d'un centre culturel permanent à APT. S'appuyant sur une structure juridique d'association, ce centre utiliserait les facilités du cercle existant et bénéficierait de l'aide de la ligue concernée et du commandement local.

Ce projet reçoit mon appui dans la mesure où son montage est financièrement et matériellement adapté aux moyens que la défense peut mettre à son profit.

Il me paraît .raisonnable, dans un premier temps, de privilégier les contacts au niveau local entre le président de la ligue concernée et le directeur régional des affaires culturelles compétent afin de définir l'aide qui serait la mieux adaptée à vos besoins et de traduire par des accords locaux un partenariat – qui pourra ultérieurement prendre une dimension nationale, si cette évolution s'impose.

Citant ce président de ligue, je crois devoir souligner de façon générale le rôle fondamental que chacun d'eux aura à jouer dans le développement et l'animation de la vie culturelle de la fédération. Mais en insistant sur l'importance d'établir ces relais, je me dois aussi de bien situer l'action des clubs sportifs et artistiques. Cette action n'est pas une action à la marge, imaginée, et entretenue pour répondre à une mode ou à une vision étriquée des relations sociales.

Devant bénéficier du soutien sans détour du commandement – j'insiste beaucoup sur ce point – cette action à sa propre dynamique, qui n'est pas à la remorque d'une autre, mais qui s'inscrit très normalement dans le cadre des objectifs globaux que se fixe le ministère de la défense dans les domaines sportif et culturel. Ainsi, ses initiatives doivent-elles, dans ce cadre fixe, être encouragées et ses animateurs et ses membres confortés et aidés.

Il s'agit bien, en effet, de ne pas perdre de vue les objectifs de chacun de vos clubs : c'est la création d'une véritable communauté humaine en forgeant un esprit d'équipe, en suscitant une volonté d'entraide, en favorisant des échanges toujours porteurs de richesses.

C'est le rôle social des clubs : à un moment où j'ai souhaité que soit réédité le bel ouvrage du maréchal Lyautey, le rôle social de l'officier, cet aspect essentiel de votre action est, plus que jamais, nécessaire à mes yeux.

En citant ces femmes et ces hommes qui font vivre ces clubs, en assument diverses responsabilités, je voudrais prolonger les propos très justes que votre président a prononcés, concernant le bénévolat.

Ce « bien vouloir », comme le rappelle son étymologie, trouve sa pleine expression au travers de vos clubs. Au moment où le repli sur soi menace, où les tensions sociales émergent, le bénévolat représente dans les forces années, marquées par la déflation des effectifs, un engagement difficile mais nécessaire.

Ce rôle doit être bien accueilli et préservé par le commandement. Il est en effet l'expression d'une dimension humaine retrouvée. J'ajouterai que le bénévolat de femmes et d'hommes de la défense prend une signification toute particulière à l'heure où, sous un ciel proche du nôtre, leurs frères et sœurs d'armes ont un geste et un regard empreint d'humanité pour d'autres femmes et d'autres hommes, qui aspirent à la paix et à la fraternité.

En concluant, je dirais que votre fédération et tous les clubs qui la composent agissent et doivent continuer d'agir pour que vous tous, nous tous, sachions perdre du temps, c'est-à-dire que nous soyons capables d'ouvrir nos personnalités et nos potentiels professionnels exprimés quotidiennement, à des richesses nouvelles qui permettent à chacun, non seulement de se découvrir davantage mais aussi et peut-être surtout de regarder et d'apprécier différemment l'autre qui nous côtoie.

Ainsi, serons-nous sur « le vrai chemin de la vie », celui qui, comme disait Emile Verhaeren, « n'est pas à descendre, mais bien à monter ».