Texte intégral
Mesdames et Messieurs, chers amis,
Lundi dernier, en ouvrant les travaux du Conseil supérieur des Français de l'étranger, qui vous représentent à Paris auprès des pouvoirs publics, je disais qu'à l'occasion de chacun de mes déplacements à l'étranger, la rencontre avec la communauté française était un temps fort auquel j'attachais beaucoup d'importance. J'essaie aujourd'hui de mettre mon comportement en accord avec ces récentes déclarations. Je suis très heureux d'avoir quelques instants à passer avec vous. Je dis bien quelques instants car, hélas, les programmes que l'on me fabrique dans chacun de mes déplacements sont tellement chargés qu'ils ne laissent peut-être pas à la conversation et aux contacts personnels tout le temps qu'il faudrait. Mais enfin, j'espère que sous ce beau soleil, qui ne m'incite pas à me dépêcher de rentrer à Paris où il pleut (il fait 14 degrés !), nous aurons malgré tout le temps d'échanger quelques impressions. Je lisais dans les chiffres que Monsieur l'ambassadeur me communiquait à l'instant que la communauté française en Roumanie, même si elle n'est pas extrêmement nombreuse, est en progression rapide : près de 40 %, je crois, d'une année sur l'autre. Ce n'est pas très fréquent dans les communautés françaises à l'étranger. Nous avons l'habitude de dire que les Français ont un peu de mal à s'expatrier et que notre présence en dehors de nos frontières n'est pas tout-à-fait à la hauteur de nos ambitions et de notre action. Eh bien, ici, les choses vont dans la bonne direction et je m'en réjouis.
Vous savez qu'en tant que Président du Conseil supérieur des Français de l'étranger, en tant que ministre aussi, animant les services qui s'occupent des Français de l'étranger, je suis particulièrement attentif à tous les problèmes que vous rencontrez, que rencontrent un peu partout à travers le monde les Français qui ont fait le choix de vivre en dehors des frontières : problèmes de sécurité (je ne pense pas qu'ici ils soient aussi aigus que dans d'autres pays que je visite), problèmes sociaux parfois, problèmes de scolarisation – je sais que là partout c'est un souci prioritaire pour les familles. Nous avons essayé dans ce domaine de faire de gros efforts depuis deux ans. Cette année, en 1994, les moyens mis en œuvre pour développer notre système de bourses, ont augmenté sensiblement et – je l'annonçais précisément au cours de la réunion du Conseil supérieur lundi dernier – nous allons à nouveau en 1995, grâce aux arbitrages qui ont été rendus par le Premier ministre, faire un effort extrêmement substantiel, puisque les crédits de bourse augmenteront de près de 40 pour cent en 1995 et que nous pourrons passer d'environ 14 000 bourses en 1994 à environ 18 000 l'année prochaine. Donc, vous voyez que dans ce domaine de préoccupation prioritaire pour nos compatriotes expatriés, nous avons fait un très gros effort. Voilà, ce que je voulais vous dire sur l'attention que portent les pouvoirs publics à vos difficultés. J'espère que nous aurons l'occasion d'en parler. Je n'espère pas que vous soulèverez beaucoup de ces difficultés, mais enfin vous pourrez peut-être préciser dans mon esprit les conditions dans lesquelles se pose le problème en Roumanie.
Je voulais vous dire aussi que ce voyage est d'abord fait pour développer les relations entre la France et la Roumanie. Je n'ai pas la prétention en quelques heures, puisque je suis arrivé hier après-midi simplement, de vous en apprendre beaucoup sur ce sujet, mais je peux vous dire que j'ai ressenti très fortement, très directement, très personnellement ce lien dont on parle souvent : lien culturel et linguistique – c'est vrai que je m'émerveille de voir qu'ici partout, tous mes entretiens avec le Président de la République, avec les Présidents des assemblées, avec le ministre des Affaires étrangères se déroulent en français – lien historique, lien affectif, et lien politique aussi. Nous avons ici un capital considérable qu'il faut préserver et développer. Mes entretiens ont montré que sur beaucoup de sujets, nous étions en phase, qu'il s'agisse du rapprochement progressif de la Roumanie et de l'Union européenne auquel la France contribue très activement, qu'il s'agisse de la coopération que nous pouvons nouer entre nous dans certaines régions, comme la région du Danube, qu'il s'agisse de notre approche de certaines grandes crises internationales. Nous avons longuement parlé ce matin de la situation dans l'ex-Yougoslavie où les analyses française et roumaine se complètent et se confortent.
Ce lien politique doit être évidemment renforcé sur le plan économique. Je sais qu'il y a sans doute ici beaucoup de responsables d'entreprises, de cadres qui participent à des projets de développement ou de coopération. Il faut faire plus dans ce domaine. Les autorités roumaines le souhaitent. Je crois que c'est également l'intérêt de la France. Nous ne sommes que le quatrième partenaire commercial de la Roumanie. Nous sommes certes encore, je pense, le deuxième investisseur étranger. Mais, il faut conforter nos positions, faire preuve de plus d'initiatives, de plus d'imagination et c'est un peu le message que je ferai passer en rentrant à Paris auprès des milieux économiques qui doivent s'intéresser encore plus qu'ils ne le font aujourd'hui à la Roumanie.
Voilà quelques impressions que je voulais vous livrer. Cette Roumanie qui doit rester ouverte sur l'Europe, puisque c'est sa famille, cette Roumanie qui doit continuer à progresser sur le chemin de la démocratie, cette Roumanie qui doit également pousser en avant son processus de réformes économiques est une Roumanie avec laquelle la France peut développer à l'avenir une coopération très utile, mutuellement utile et c'est dans cette disposition d'esprit que le gouvernement français travaille.
Je voudrais terminer en vous remerciant d'être venus, en vous remerciant de faire ici ce que vous faites chacun à votre poste, que vous soyez fonctionnaire, que vous soyez représentant d'entreprise, que vous soyez gendarme participant à l'opération de contrôle de l'embargo sur le Danube – j'espère que nous aurons l'occasion, Messieurs tout à l'heure, d'en dire quelques mots – que vous soyez aussi présents dans le secteur universitaire. Bref, quel que soit votre rôle ici en Roumanie, vous êtes le visage de la France et vous avez droit à ce titre à la gratitude du gouvernement et de votre ministre que je tiens à vous exprimer très simplement en concluant. Vive la République ! Vive la France ! Et vive les relations entre la France et la Roumanie !