Déclaration de M. Alain Juppé, ministre des affaires étrangères, sur les relations culturelles entre la France et les Philippines, la croissance des investissements français et l'approfondissement des relations avec l'Union européenne, Paris le 13 septembre 1994.

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Circonstance : Visite à Paris le 13 septembre de M. Fidel Ramos, Président des Philippines

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Notre premier contact ce matin a été tout à fait symbolique puisque j'ai eu l'honneur et le plaisir de vous accueillir dans notre grande halle de La Villette, pour inaugurer la prestigieuse exposition « San Diego », ce galion retrouvé il y a peu de temps au large de votre pays et dont nous avons pu admirer quelques-uns des trésors. Ce n'est pas la première grande manifestation culturelle qui permettra aux Français de s'initier à l'histoire des Philippines. Il y a quelques mois, madame, au mois de juin dernier, vous inauguriez de remarquables expositions du Museum d'Histoire Naturelle et du Musée de l'Homme, et je pourrais rajouter à la liste de nombreuses manifestations culturelles proposées tout au long de l'année. Vous nous faites ainsi partager la richesse de votre héritage culturel, mais aussi la créativité contemporaine des Philippines. Et je vois là un excellent moyen de soutenir l'effort que nous avons engagé ensemble pour dissiper quelques clichés encore trop souvent répondus.

Permettez-moi, monsieur le Président, de saluer ici devant les amis des Philippines et de France rassemblés pour le temps d'un dîner, l'œuvre que vous avez accompli depuis votre élection afin de réaliser la réconciliation nationale au sein de votre pays et d'ouvrir également son économie. Votre ambition a été de faire avancer d'un même pas la démocratie et le développement, fidèle en cela aux aspirations des réformateurs Philippins de la fin du XIXe siècle qu'on appelait les « Illustrados ». La France des Droits de l'Homme, la France républicaine qui inspira et accueillit sur son sol José Risal, Juan Luna, Félix Hidalgo et tant d'autres, ne peut qu'être à vos côtés, bien entendu, dans cette entreprise. Et à l'occasion de ce voyage, nous avons tenu à vous en donner quelques preuves concrètes. Je ne voudrais pas être trop prosaïque mais je citerai néanmoins la signature d'un nouveau protocole financier important ou la signature d'un accord sur la protection et l'encouragement des investissements, signal très attendu par les industriels français ici présent et par les autres, et qui verront là, j'en suis sûre, une incitation nouvelle à investir aux Philippines.

Puis-je former le vœu, monsieur le Président, qu'ainsi la place de la France qui est encore trop modeste dans votre pays par notre faute, puisse s'y renforcer. C'est l'une des significations que vous donnez et que nous donnons à ce voyage. Mais ici, au Quai d'Orsay, on est aussi très sensible à la dimension culturelle de nos relations. Elles sont en plein essor avec le festival philippin, la signature entre l'université des Philippines et celle de Franche-Comté, d'un accord institutionnel exemplaire en matière de langue et de civilisation française ou enfin la coopération technique que nous entretenons dans le domaine des sciences de la terre, de l'agronomie tropicale et bientôt dans les questions de santé publique comme le paludisme ou le sida.

Je voudrais enfin évoquer les aspects politiques de cette coopération entre nos deux pays. Nous sommes, vous et nous, très attachés à la stabilité de la région où vous vous trouvez. À ce titre, nous avons signé – nos deux ministre de la défense ont signé – un arrangement qui est une première étape sur la voie d'un approfondissement de nos relations dans le domaine de la sécurité. Comme nous avons eu l'occasion de vous le dire, monsieur le Président, lors des entretiens que vous avez eu avec le Président de la République, le Premier ministre, comme je l'ai redit à mon homologue, votre ministre des affaires étrangères, nous attachons une grande importance à l'approfondissement des relations de l'Union européenne avec l'ASEAN et j'espère que notre prochaine réunion ministérielle à Karlsruhe permettra de franchir une étape importante dans un climat de meilleure compréhension peut-être que par le passé.

Voilà en quelques mots, monsieur le Président, madame, ce que je voulais vous dire en vous accueillant ici dans notre ministère. C'est une banalité que de dire que l'Asie-Pacifique est une région, la région peut être la plus dynamique et la plus fascinante de cette fin de XXe siècle. Entre notre nation, qui joue un rôle important au sein de l'Union européenne, et la vôtre, qui joue le même rôle au sein de l'ASEAN, il y a beaucoup à faire. Votre présence ici, monsieur le Président, atteste de la priorité que vous accordez à ces relations. Sachez qu'il en est de même de la part du gouvernement français. Je lève donc mon verre à votre santé personnelle, monsieur le Président, à celle de madame Ramos, à la réussite de vos entreprises, à l'amitié entre la France et les Philippines.