Déclaration de Mme Simone Veil, ministre des affaires sociales de la santé et de la ville, sur la malnutrition en France, sur l'utilité des banques alimentaires et sur les aides de l'Union européenne et de l'industrie agro-alimentaire, à Paris le 17 février 1994.

Prononcé le

Intervenant(s) : 
  • Simone Veil - ministre des affaires sociales de la santé et de la ville

Circonstance : Réunion du Conseil national de l'alimentation à Paris, le 17 février 1994

Texte intégral

Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,


C'est avec beaucoup de plaisir que j'assiste à cette séance du Conseil National de l'Alimentation que vous avez consacrée à la suite de la Conférence Internationale sur la Nutrition. Il se trouve en effet – et vous le savez – que l'on m'avait fait l'honneur de me confier à titre personnel la présidence de cette conférence internationale, à une époque où je ne participais pas au gouvernement. Organisée pour le compte des Nations-Unies, par la FAO et L'OMS, cette conférence a permis un examen à la fois complet et approfondi des problèmes nutritionnels qui se posent dans les différentes parties du monde, et proposé les moyens d'intervention qui peuvent être mis en œuvre pour y porter remède.

C'est un sujet qui m'a toujours préoccupé, et j'ai été très impressionnée par la qualité des réflexions exprimées au cours des deux années de travaux préparatoires ainsi que par la densité des débats que j'ai présidés pendant une semaine à Rome, semaine au cours de laquelle 157 États et organismes se sont exprimés.


Vous avez choisi de consacrer la réunion de travail d'aujourd'hui à un sujet qui me semble particulièrement préoccupant et qui me touche profondément. Il s'agit de l'alimentation des personnes défavorisées qui habitent notre pays.

Je souhaite dire avec force : le fait qu'on puisse de nos jours, en France, dans nos villes, ne pas manger à sa faim, m'est tout à fait insupportable.

Des dispositifs sociaux comme le Revenu Minimum d'Insertion mais aussi les Fonds d'Aide aux Jeunes et les Fonds de Solidarité Logement doivent permettre à tous d'être à l'abri de la faim et d'avoir un toit.

Je sais que les problèmes de sous-alimentation et surtout de mal nutrition touchent aussi les enfants. Je me suis déjà ému du faible taux de fréquentation de cantines dans certains quartiers, et je connais depuis longtemps l'importance des distributions de produits laitiers à l'école.

Mon souhait est que ces problèmes soient très rapidement examinés avec l'ensemble des partenaires concernés : ministères de l'agriculture, de l'éducation nationale et collectivités locales en particulier.

Les associations de solidarité sont actives depuis longtemps de ce sujet de la malnutrition. J'ose le dire : je souhaite que la situation permette qu'elles n'aient rapidement plus à intervenir dans ce domaine.

Mais je souhaite bien sûr aujourd'hui les aider à assumer leur tâche difficile. Ce d'autant qu'elles ont bien compris que la demande alimentaire doit être utilisée, cela vient d'être dit, pour permettre à ces personnes en situation d'exclusion de se rencontrer, d'échanger, d'entrer en contact avec ceux qui peuvent les aider à se réinsérer. La distribution d'alimentations doit être l'occasion d'écouter, de parler, de réconforter, d'aider à trouver le chemin de l'insertion.

C'est dire qu'il faut donc non seulement des denrées alimentaires à fournir à tous ceux qui en ont besoin, mais aussi un personnel dévoué. Je tiens à rendre hommage ici au remarquable travail des bénévoles et de tous ceux qui travaillent pour aider les plus démunis. J'ai eu, à plusieurs reprises, l'occasion de les remercier personnellement.

L'expérience montre que le système des banques alimentaires est très utile pour assurer la redistribution des denrées disponibles ; je souhaitais le souligner.

J'ai par ailleurs bien noté les demandes plus précises que vous m'avez adressé concernant l'aide de l'Union Européenne et celle des entreprises agro-alimentaires pour disposer les produits agricoles, et en particulier laitiers : je propose qu'un groupe de travaillant regroupant l'ensemble des acteurs concernés en particulier les banques alimentaires, le ministre de l'agriculture et celui des affaires sociales se réunisse pour examiner ces points.

Pour ce qui est de l'éducation à la santé, je peux vous annoncer que de telles actions sont prévues dans le cadre des réseaux de santé de proximité que je viens de relancer dans le cadre de la politique de la ville et pour lequel 26 MF sont prévus. Plus généralement, de nombreux contrats de ville abordent les questions de santé. Par ailleurs, le Fond d'Action Sociales des Travailleurs Immigrés finance des actions de ce type, en particulier pour les familles qui arrivent en France pour la première fois.


Pour terminer, permettez-moi de vous dire combien j'apprécie l'action de votre Conseil, monsieur le Président.

Vous avez su développer les axes retenus par le France à la conférence Internationale de Rome, et je suis particulièrement sensible à celui qui fait l'objet, aujourd'hui de votre réunion.

Heureusement, le mot Solidarité n'est pas un vain mot. C'est le vôtre, c'est le mien. Ensemble nous ferons en sorte qu'il s'applique dans les faits.