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Chirac : "Une vitrine pour le savoir-faire français"
Pour Jacques Chirac, le maire de Paris, la rénovation des Champs-Élysées était d'abord l'affaire de tous les parisiens. Cependant, cette opération sauvegarde s'adressait également à tous les français soucieux de voir les Champs-Élysées préserver leur statut d'avenue la plus belle du monde.
Le Parisien : Pourquoi avez-vous lancé l'opération sauvegarde des Champs-Élysées ? La plus belle avenue du monde était-elle en péril ?
J. Chirac : En péril, non, plutôt en voie de "banalisation". Il fallait réagir vite, avant qu'on ne puisse plus revenir en arrière. Je pense que ce n'est pas l'avenue en elle-même qui avait changé, mais son apparence, son état d'esprit. Le développement de commerces jusqu'ici peu répandus dans ce quartier de la capitale, correspondant à de nouveaux besoin et comportements de la société – je pense notamment aux commerces de restauration rapide –, ont peu à peu transformé son image, au point que les visiteurs avaient souvent du mal à retrouver les Champs-Élysées d'antan, et le souvenir qu'ils en avaient. Une réforme en profondeur s'imposait. Je l'ai initiée, en complète concertation avec les riverains et surtout avec les commerçants.
Le Parisien : Quelle est l'idée directrice qui a présidé à cette opération ?
J. Chirac : Notre propos était de rendre sa vocation initiale de promenade à ce lieu mondialement connu, tout en mettant en valeur la perspective et l'architecture de l'avenue, et en créant une ligne de mobilier urbain spécialement conçue pour les Champs-Élysées. Du rond-point à la place Charles-de-Gaulle, la suppression des contre-allées a permis de rendre aux promeneurs de nouveaux espaces, avec la plantation d'une nouvelle rangée d'arbres. Elle s'est accompagnée, pour compenser la disparition de ces places de stationnement, de la création d'un parking souterrain de huit cent cinquante places. Nous avons également adopté une nouvelle réglementation, qui impose aux terrasses, aux publicités et aux enseignes des obligations de discrétion et d'harmonisation avec le nouvel aménagement de l'avenue.
Le Parisien : Comment ont été choisi les architectes ? Êtes-vous intervenu personnellement ?
J. Chirac : J'ai confié à une instance particulière, la Mission Champs-Élysées, la tâche de concevoir le nouvel aménagement et de veiller à sa mise en œuvre en collaboration étroite avec les services de la ville. Cette mission a organisé un concours d'architecture. Parmi les cinq candidats retenus, elle a choisi le projet Bernard Huet, qui nous a paru correspondre le mieux à l'esprit des Champs. J'ai approuvé ce choix. Par ailleurs, la conception du nouveau mobilier urbain a été confiée à Jean-Michel Wilmotte, qu'il n'est plus besoin de présenter.
Le Parisien : Combien cela a-t-il coûté ? À la ville ? Aux parisiens ?
J. Chirac : La ville a pris en charge l'ensemble du coût des travaux. Ces derniers auront coûté au budget municipal, de l'étude préparatoire à la pose du dernier pavé, 240 millions de francs. Cette somme a été répartie sur trois années dans le budget d'investissement de la ville, afin que cette opération ne pèse pas sur la fiscalité parisienne, et permette la poursuite des autres travaux programmés.
Le Parisien : Pensez-vous que le nouveau visage des Champs-Élysées puisse faire revenir les commerces de luxe ?
J. Chirac : Les professionnels du luxe n'ont jamais quitté le quartier des Champs-Élysées, simplement, on ne les voyait plus ! Cette partie du VIIIe arrondissement a traditionnellement vocation à accueillir aussi bien les sièges sociaux d'entreprises renommées de cette profession que les grands couturiers. Si l'avenue reste une vitrine exceptionnelle pour le savoir-faire français, elle demeure également une adresse de prestige pour les sièges sociaux des entreprises étrangères. C'est aussi à eux que s'adresse cette rénovation.
Le Parisien : Et aujourd'hui, quel sont les nouveaux projets de prestige que vous avez lancé ?
J. Chirac : Les Champs-Élysées sont une opération considérable. Laissez-nous respirer ! Ce que je voudrais dire, c'est qu'en les rénovant on restitue à un lieu éminemment prestigieux un lustre qu'il avait perdu. Mais en même temps, ce qui n'est pas moins important, on améliore le cadre de vie quotidien des habitants de la capitale. Bien entendu, nous rénoverons d'autres lieux historiques de Paris quand cela sera nécessaire, comme nous l'avons toujours fait. Je pense notamment au nouveau visage de la place Vendôme. Mais, pour moi, ces projets n'ont de sens que s'ils concourent, pour les parisiens, à une meilleure qualité de vie. Préserver le passé de Paris est une grande priorité. Améliorer, ce faisant, le présent de Paris et des parisiens en est une autre.
C'est même mon ambition première.