Interview de M. Philippe de Villiers, président du Mouvement pour la France, dans "Le Parisien" du 19 septembre 1998, sur la proposition d'un référendum sur le Traité d'Amsterdam, la position de M. Pasqua sur l'immigration clandestine et le PACS.

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Média : Le Parisien

Texte intégral

Philippe Ridet : Vous continuez à réclamer un référendum avant toute ratification du traité d’Amsterdam ?

Philippe de Villiers : Bien sûr ! Car la question que pose aujourd'hui le traité d’Amsterdam est la suivante : la France va-t-elle disparaître en tant que nation souveraine ? Avec Maastricht, nous avions transféré notre souveraineté monétaire. En ratifiant Amsterdam, nous allons transférer notre souveraineté législative, notamment en matière d'immigration et de sécurité. Le peuple français doit donc se prononcer par référendum.

Philippe Ridet : En fait, vous songez déjà aux élections européennes de juin 1999…

Philippe de Villiers : Ces élections seront la sanction du débat sur Amsterdam. Je serai naturellement présent à ce rendez-vous.

Philippe Ridet : Charles Pasqua sera-t-il cause commune avec vous ?

Philippe de Villiers : Sur l'Europe, nous avons, lui et moi, les mêmes convictions, la même analyse : le traité d'Amsterdam c'est la fin de la Constitution, de la loi et du territoire français.

Philippe Ridet : Pourtant, sa prise de position en faveur de la régularisation de tous les sans-papiers est aux antipodes de la vôtre !

Philippe de Villiers : Pasqua a voulu démontrer la double impasse dans laquelle se trouve la France : l'impasse socialiste, avec une régularisation systématique et sans fin de ceux qu'il faut désormais appeler des « clandestins officiels », et l’impasse d’Amsterdam, puisque ce traité va abolir toute idée de contrôle et toute idée de frontière. Connaissant les convictions de Pasqua, je le crois capable de provoquer, pour surprendre et convaincre.

Philippe Ridet : L’opposition cherche à se reconstruire, mais sans vous…

Philippe de Villiers : L’Alliance, c'est le jeu des procédés et des procédures. L'Alliance n’a ni idées ni programme. Tout cela ne tiendra pas la marée. L'explosion des affaires, dont certaines peuvent remonter au plus haut niveau de l’État, et l'implosion des idées minent le RPR et l’UDF.

Philippe Ridet : François Bayrou est devenu cette semaine président de l’UDF…

Philippe de Villiers : Bayrou pratique avec talent l’art du ramassage de confettis. Tout comme il pratique la « sous-enchère » aux idées socialistes. Personne, dans l’opposition, n’ose dire ce que doit être un véritable programme de droite : baisser les impôts, réformer l’école, encourager les entrepreneurs et les créateurs d’emplois, ne pas tout attendre de la sphère publique, punir les délinquants, expulser les clandestins, remettre l'Europe à sa place.

Philippe Ridet : On devine que vous n'êtes pas un fana du PACS…

Philippe de Villiers : L’objectif de ce projet est la reconnaissance du couple homosexuel, et l’égalité fiscale des couples mariés et non mariés. Or le mariage a été créé pour la protection des enfants. Tout autre modèle social fait porter une responsabilité très grave à ses auteurs.