Déclaration de M. Alain Juppé, ministre des affaires étrangères, sur les relations franco-chinoises, les droits de l'homme et la progression des échanges commerciaux, Paris le 13 septembre 1994.

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Circonstance : Entretien de M. Juppé avec le ministre chinois des affaires étrangères, M. Qian Qichen le 13 septembre 1994

Texte intégral

A. Juppé. : Nous nous sommes d'abord félicités de voir que les relations franco-chinoises prennent finalement un nouveau cours. Vous savez que, dès le mois d'avril 1993, quand je suis arrivé dans cette maison, le but que je m'étais fixé était de rétablir le contact entre la France et la Chine qui était interrompu pour les raisons que l'on sait ; c'est fait, il a fallu du temps. On se rend compte aujourd'hui que la visite du Premier ministre, Édouard Balladur à Pékin, a permis de jeter les bases de ce rapprochement franco-chinois et nous tirons aujourd'hui les dividendes à la fois politiques, économiques, économiques, j'espère aussi culturels.

Q. : Quel bilan faites-vous de la visite du président ?

R. : Je trouve cette visite très positive, je ne vais pas vous redire les chiffres des contrats qui ont été signés mais au-delà même de l'aspect économique, nous avons décidé de nous tenir en contact régulièrement avec des séances de travail des hauts fonctionnaires des deux ministères des Affaires étrangères, sur tous les sujets d'intérêts communs. Nous avons parlé du Cambodge, nous avons parlé de la situation également dans la région, en Corée du Nord, des problèmes de sécurité, de la réforme des Nations unies, de la Bosnie aussi. La Chine est une grande puissance, elle est membre permanent du Conseil de sécurité, nous avons tout intérêt à entretenir avec elle un dialogue aussi fréquent et aussi approfondi que possible.

Q. : Concernant la question des Droits l'Homme, avez-vous le sentiment d'avoir été entendu ?

R. : Nous en avons parlé en tout cas, c'est déjà un premier point. Le Premier ministre a été tout à fait explicite et, avec la méthode qui est la nôtre, qui n'est pas de faire de grandes déclarations tonitruantes mais de faire passer des messages, je pense que quelques premiers résultats ont été obtenus.

Q. : Juste un mot sur les 15 milliards 900 millions de l'aide d'intention. En fait, les contrats fermes ne représentent que 900 millions, ou à peine plus d'un milliard. C'est un peu modeste par rapport au chiffre impressionnant que vous annoncez ?

R. : C'est en tout cas beaucoup plus qu'avant ; avant c'était zéro. On progresse et les lettres d'intention sont déjà des orientations très précises ; il faut continuer. Les Chinois sont des gens tout à fait réalistes, ils reconnaissent que nos produits, dans un certain nombre de domaines sont les meilleurs du monde mais ils ont joué la concurrence, c'est bien normal. C'est à nous, maintenant, à nos entreprises de montrer qu'elles sont aussi, dans le domaine financier, je parle des prix, les meilleures du monde. Ce qui n'était plus tolérable, c'était cette sorte d'ostracisme politique dont nous étions victimes. Maintenant, c'est fini, cela ne veut pas dire que tout va tomber immédiatement, il faut des efforts, il faut continuer ces efforts.