Déclaration de M. Philippe Douste-Blazy, ministre délégué à la santé, sur la recherche pharmaceutique, Paris le 14 juin 1994.

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Circonstance : Discours à l'occasion de la remise du 25ème Prix Galien de la recherche pharmaceutique à l'Institut Mérieux.

Texte intégral

Monsieur le Ministre,
Mesdames, Messieurs,

J'ai l'honneur et le grand plaisir de participer avec vous à la remise officielle du prix Galien de la Recherche Pharmaceutique.

Ce plaisir est d'autant plus vif que le 25ème Prix Galien est attribué cette année :
– pour la recherche pharmaceutique à une entreprise française, l'Institut Mérieux et Pasteur Mérieux,
– et pour son deuxième volet, à un chercheur français de grand renom, le Pr Potier.

C'est pour la découverte et la mise au point du premier vaccin pentavalent pour les nourrissons que Pasteur-Mérieux reçoit le prix Galien. L'association de la Valence Hémophilus au vaccin polyvalent contre la diphtérie et le tétanos, la coqueluche et la poliomyélite, assure une protection étendue de l'enfant contre ces maladies infectieuses.

L'histoire de la médecine est marquée par les grandes avancées de la protection des populations contre les maladies épidémiques et le vaccin pentavalent constitue une de ces grandes avancées. L'enfant bénéficie principalement de nos jours de cette protection. Existe-il une démarche plus noble, plus généreuse, plus porteuse d'avenir que la prévention vaccinale ? Je ne crois pas. C'est en tout cas la démarche la plus efficace et la plus économique pour notre système de santé.

C'est un grand honneur pour notre pays de voir récompensés les efforts des chercheurs des laboratoires Mérieux et Pasteur. Les pédiatres, comme tous les responsables de la santé publique, se réjouissent de disposer dorénavant d'un vaccin unique, pentavalent, qui a fait la preuve de son efficacité et de son innocuité. L'attribution du 25ème prix Galien vient aujourd'hui marquer leur reconnaissance.

Ce prix récompense enfin les travaux et l'énergie du Docteur Charles Mérieux et de son fils Jean dont les recherches sur les vaccins associés, notamment antitétanique, antidiphtérique et antipoliomyélitique, peuvent être considérées comme annonciatrices du vaccin pentavalent aujourd'hui honoré par le prix Galien. Il me tient à cœur aujourd'hui, en ce lieu, de saluer la mémoire de Jean Mérieux prématurément disparu, et auquel nous devons tant.

L'attribution du prix Galien au Pr Potier et à son équipe de l'institut de chimie des substances naturelles au CNRS à Gif-sur-Yvette revêt aujourd'hui une importance considérable.

C'est en effet la preuve à mes yeux que les chercheurs impliqués dans une démarche très fondamentale, attachés à comprendre les lois biologiques essentielles, peuvent découvrir des substances nouvelles, les explorer et envisager leur utilisation dans le traitement d'affections humaines.

C'est ensuite la preuve que les collaborations profondes, suivies et fructueuse peuvent s'établir entre les grands organismes de recherche comme le CNRS ou l'INSERM et l'industrie pharmaceutique.

Le Pr Potier est en effet récompensé pour la découverte de deux anti-cancéreux prometteur : le Vinorelbine développé et commercialisé sous le nom de Navelbine par les laboratoires Pierre Fabre, et le Docétaxol, développé et commercialisé sous le nom de Taxotère par Rhône Poulenc Rorer.

Ces deux, produits d'origine végétale, extrait l'un de la pervenche, l'autre des feuilles de l'if, ont montré leur efficacité dans le traitement médical de certaines tumeurs et leur spectre d'activité n'est pas encore complètement exploré. Il y a donc là une source de potentialités à investiguer en oncologie.

Ces découvertes et la mise au point de ces médicaments sont exemplaires car elles représentent une évolution qui devrait considérablement s'affirmer dans les prochaines décennies, évolution qui verra des équipes de chercheurs découvrir de nouvelles substances actives et identifier leur mécanisme d'action puis transmettre le soin du développement clinique à des structures beaucoup plus lourdes, privées le plus souvent, chargées d'organiser les longs et coûteux essais cliniques nécessaires à l'enregistrement.

C'est cette symbiose entre les chercheurs-découvreurs et les développeurs de médicament qui garantit les chances de succès des futures découvertes pharmaceutiques. Il apparaît en effet évident qu'il s'agit de deux métiers différents mais parfaitement complémentaires.

Le chercheur doit avoir une grande liberté d'action et d'investigation. Il doit pouvoir exercer avec grande disponibilité ses facultés d'observation scientifique. Mais il n'est pas équipé pour assurer le développement clinique des médicaments qui nécessite l'utilisation d'une méthodologie complexe dans le respect d'un cadre éthique et technico-réglementaire de plus en plus contraignant.

Deux métiers certes, mais qui ne peuvent se concevoir l'un sans l'autre et qui doivent échanger en permanence information et observation !

Je souhaite que l'exemple de Pierre Potier et de son équipe soit suivi par de nombreux autres, car ce sont la collaboration et l'interconnexion des équipes de chercheurs et des équipes de développeurs des médicaments qui apporteront les meilleurs chances de succès dans la course à la découverte.

Il est donc remarquable que le 25ème prix Galien reconnaisse les travaux et l'exemple du Pr Potier des membres de son équipe, auxquels je présente toutes mes félicitations et pour lesquels je formule les vœux de succès dans la poursuite de leurs recherches.

Je vous remercie