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Hory : "Toute négociation électorale est prématurée"
Le président des radicaux de gauche souhaite d'abord un dialogue "sur les questions de fond", pour "que la gauche redevienne crédible".
Les socialistes sont prêts à discuter avec les radicaux de gauche dans la perspective des élections municipales. Réunis en conseil national le 6 juillet, ils ont voté, à l'unanimité moins une voix (celle du rocardien Manuel Valls), pour une reprise de contact avec leurs "alliés traditionnels". De Bernard Tapie, il n'a pas ou peu été question. S'il est étouffé, le débat entre ceux qui, par réalisme électoral, ne veulent rejeter aucune alliance, et ceux qui, au nom de "l'éthique", refusent de considérer que le MRG peut être dissocié de Bernard Tapie, n'est pas pour autant tranché. Il réapparaîtra tout au long des discussions qui précéderont la tenue du congrès socialiste les 18, 19 et 20 novembre. Même si le nouveau premier secrétaire du PS, Henri Emmanuelli, espère que son parti saura ne pas tomber dans le "piège" d'un débat organisé autour du seul député des Bouches-du-Rhône. Le MRG risque pourtant de contrarier cette stratégie de contournement retenue par le PS. Jean-François Hory, non président, dans l'interview qu'il a accordé au Figaro, se déclare hostile à toute négociation locale avec le PS, tant que n'auront pas été engagées des discussions nationales sur le fond.
Le Figaro. : Le conseil nationale du PS, réuni le 6 juillet, a décidé de reprendre contact avec ses "alliés traditionnels", notamment le MRG, pour préparer les municipales. Êtes-vous prêt à commencer ces négociations ?
J.-F. Hory : Je suis toujours disponible pour un dialogue sur les questions de fond. Si la gauche n'est pas crédible aujourd'hui, c'est bien parce qu'elle n'a pas de projet. Mais avant le congrès du MRG qui se tiendra les 4, 5 et 6 novembre, je juge prématurée toute négociation électorale – qu'il s'agisse des municipales ou de la présidentielle – et toute discussion portant sur la nouvelle configuration de la gauche. Nous avons d'abord, au MRG, un travail de rassemblement à faire, et de consolidation de nos résultats aux européennes, qui restent friables.
Le Figaro : Après les européennes, vous avez annoncé votre intention de "faire des propositions de dialogue" au PS, quelles sont-elles ?
J.-F. Hory : Je vais proposer au Parti socialiste et aux personnalités de la gauche non communiste que, dans la discrétion, nous commencions à travailler en ateliers sur les huit ou dix grands sujets qui intéressent les français : le chômage des jeunes – nous avons déjà formulé des propositions, mais elles ne sont pas gravées dans le marbre –, l'aménagement du territoire, la réforme fiscale, l'éducation, la politique de la ville, l'immigration, la lutte contre l'exclusion.
Le Figaro : N'est-ce pas le processus des assises de la transformation sociale, auxquelles vous avez pourtant refusé de participer ?
J.-F. Hory : Non. Les assises étaient de grandes messes publiques dans lesquelles venaient des gens qui, dans le même temps, se présentaient aux européennes sur des listes séparées pour défendre des points de vue contraires, c'était incompréhensible. Ce que nous voulons, nous, c'est vraiment un travail de fond, dans la discrétion, pour que la gauche redevienne crédible. Elle ne le sera pas si elle se contente de trouver un candidat pour la présidentielle, une procédure de rassemblement mais sans projet politique. Ce travail de réflexion devrait commencer cet été. Après seulement, nous pourrons parler des municipales et de la présidentielle. Vous voyez, je ne refuse pas le dialogue !
Le Figaro : Quelle sera votre attitude au moment du choix du candidat à la présidentielle ?
J.-F. Hory : J'espère que nous arriverons, par un travail de fond, à l'élaboration d'un projet commun minimum qui sera la base d'un rassemblement. Je ne souhaite pas de désignation d'un candidat par les partis, mais plutôt un soutien à celui ou celle qui aura les qualités et la volonté pour se présenter à la présidentielle. Je souhaite enfin que, sur une base partenariale et équilibrée, l'éventualité d'élections législatives anticipées et la préparation des municipales soient traitées simultanément. Après les congrès du MRG et du PS, je proposerais l'élaboration d'un cahier des charges complet pour la présidentielle.