Texte intégral
Monsieur le président du conseil d'administration,
Monsieur le directeur,
Mesdames et messieurs,
Mes chers amis,
Je tiens d'abord à vous remercier de votre accueil et pour la visite que je viens de faire aujourd'hui. Une visite que j'attendais, dans l'une des écoles les plus anciennes et les plus prestigieuses de notre pays.
En venant à l'École nationale vétérinaire d'Alfort, j'ai souhaité, effectuer avec vous la rentrée de nos établissements d'enseignement supérieur. Cela me semblait d'autant plus nécessaire que ce secteur a sans doute été trop négligé pendant ces dernières années.
Vous savez que j'ai fait de son développement l'une des priorités de mon action.
En effet, j'ai jugé indispensable que l'enseignement supérieur puisse bénéficier d'un effort budgétaire significatif pour répondre aux défis de l'avenir. C'est pourquoi j'ai décidé de doubler les moyens d'investissement, qui sont passés de 1993 à 1994 de 20 MF à 40 MF et qui seront portés en 1995 à 65 MF.
Cet effort est l'expression de ma volonté personnelle et je n'ai pas hésité pour le conduire à opérer au sein du ministère les redéploiements internes nécessaires.
Bien entendu, votre école bénéficiera de cet effort.
Ainsi, j'ai voulu effectuer cette rentrée dans votre établissement car il a vécu ces dernières années des moments particulièrement difficiles. Ma présence parmi vous doit être considérée comme le symbole d'une sérénité retrouvée et d'un nouvel élan pour votre école.
J'ai pu constater, à l'occasion de ma visite, l'ampleur des dégâts auxquels votre établissement est confronté. Toutes les études et toutes les évaluations ont souligné l'impérieuse nécessité d'un vaste plan d'investissement, non seulement pour rénover les locaux actuels mais pour réaliser l'équipement de nouveaux bâtiments.
Cette rénovation est d'autant plus urgente que la situation actuelle met en cause la sécurité des personnes et des animaux.
Vous savez que j'ai été le premier à demander ce bilan car la maintenance des bâtiments et leur sécurité sont une priorité.
S'agissant plus particulièrement de la région Île-de-France, le ministère de l'agriculture et de la pêche va prochainement conclure avec la région Île-de-France un accord particulier de l'ordre de 300 MF.
Sans attendre la conclusion définitive de cet accord, je peux vous annoncer que le projet de budget pour 1995 intègre d'ores et déjà la première étape de ce plan. Le dispositif définitif, pour la réalisation duquel le Préfet de la Région Île-de-France représentera l'État, sera mis en place au cours de l'automne. J'ai demandé à M. Dassonville, directeur régional de l'agriculture et de la forêt pour cette région, de suivre personnellement cette opération.
Pour qu'elle soit menée à bien, il est indispensable que vous définissiez rapidement un projet global de site. Le premier objectif de ce projet sera de proposer une restructuration de l'ensemble de votre établissement dans la perspective d'une meilleure utilisation scientifique et d'une organisation aussi : rationnelle que possible des bâtiments.
Bien sûr, cette restructuration devra prendre en compte l'émergence à Alfort du pôle « santé animale, hygiène et sécurité alimentaires » avec l'installation sur le site des laboratoires parisiens du CNEVA et en coopération avec le centre technique de la salaison.
Je le répète : l'objectif prioritaire de la rénovation des locaux que je mène doit favoriser ce qui est au cœur des missions de l'école, l'enseignement et la recherche. Vous m'avez fait part, M. le directeur, de vos autres préoccupations concernant notamment la construction d'un bâtiment moderne à vocation hospitalière.
C'est un exemple qui mérite d'être examiné car il pourrait, s'il était conçu dans ce sens, satisfaire à la fois les besoins de la pédagogie et ceux de la recherche tout en répondant aux besoins exprimés par les collectivités.
Vous avez également appelé mon attention sur les conditions de vie des élèves de l'école. J'ai pu constater par moi-même qu'elles n'étaient pas satisfaisantes et qu'elles ne correspondaient pas à ce que l'on peut attendre d'une école moderne.
Il faudra procéder par étapes, ma première préoccupation étant d'assurer la sécurité des personnes. Croyez bien que je ne suis pas insensible à la situation du foyer des élèves, mais là aussi l'État ne pourra prendre seul en charge sa rénovation. En revanche, j'ai demandé à mes services d'étudier une solution de financement à parité avec vos partenaires.
Tout en améliorant ses conditions matérielles, votre école doit poursuivre parallèlement la rénovation des contenus scientifiques et pédagogiques de ses formations.
Vous espériez depuis plusieurs années la mise en place d'un cursus en trois cycles, je suis heureux d'avoir pu mener à bien cette réforme.
Il est évident que le premier cycle, dont les programmes sont désormais prêts, devra trouver progressivement son équilibre entre une première année en classe préparatoire et une seconde au sein de l'école.
Il est indispensable que ces deux années puissent offrir aux élèves les formations scientifiques fondamentales de base. Elles leur permettront ultérieurement de poursuivre dans les meilleures conditions leurs études jusqu'au troisième cycle. À cet égard, je me félicite des mesures que vous avez prises pour favoriser l'entrée de vos élèves en DEA. Je fais allusion notamment à la convention que vous avez passée avec l'université de Paris VII, et à celle que vous passerez très bientôt avec l'université de Paris VI.
Cette démarche me paraît exemplaire et je souhaite qu'elle soit imitée par nos autres établissements d'enseignement supérieur Elle permet en outre à vos étudiants, ainsi préparés, de se situer parmi les plus brillants diplômés de DEA – c'est du moins ce que l'on m'a rapporté.
Je ne peux donc qu'insister sur la nécessité d'une augmentation significative du nombre de titulaires de ce diplôme. Cela permettra en effet de répondre aux besoins de la recherche publique et privée, mais aussi, aux besoins de l'enseignement supérieur, qui devra constamment renouveler son vivier d'enseignants-chercheurs.
Il me semble qu'une proportion de 10 % des étudiants accédant au DEA est un objectif raisonnable à atteindre.
Par ailleurs, vous savez que les travaux sur les contenus du deuxième cycle, qui est le cœur de la formation professionnelle des vétérinaires, sont en train d'aboutir avec le concours des écoles.
En outre, Le comité de la spécialisation vétérinaire, qui est maintenant entièrement constitué, sera mis en place au plus tard au début de l'année 1995 : il parachève la construction du nouvel édifice de formation.
C'est pour affirmer de manière solennelle l'importance que nous attachons à l'ensemble de cette réforme que mon collègue François Fillon et moi-même avons personnellement signé l'arrêté d'organisation des nouvelles études vétérinaires.
C'est dans le même esprit que j'ai souhaité conclure avec le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche un protocole de coopération. Ce protocole vise à donner une nouvelle impulsion aux domaines agronomiques, agro-alimentaires, agro-industriels et vétérinaires ainsi qu'à ceux qui concernent la pêche, la forêt, l'environnement et l'aménagement de l'espace rural et des paysages.
Ce protocole sera signé très prochainement. Il concernera les écoles vétérinaires en favorisant la conclusion de conventions avec les universités et l'accès plus large des étudiants vétérinaires aux DEA et aux études doctorales. J'évoquais d'ailleurs à l'instant le succès de cette formule.
De plus, il prévoit d'étudier les mesures permettant d'approfondir la coopération entre les établissements intervenant dans le secteur de la santé.
Enfin, ce protocole propose qu'une expertise spécifique soit mise en place afin d'examiner les conditions dans lesquelles les écoles vétérinaires pourraient, à terme, être habilitées à délivrer le doctorat dans leurs champs particuliers de compétences et notamment dans le domaine de la santé animale, secteur qui n'est pas actuellement couvert. Il conviendra également d'étudier les modalités de la contribution de nos écoles, dans le cadre d'une coopération avec les universités, à la délivrance de l'habilitation à diriger des recherches dans leurs domaines d'excellence.
Toutes ces mesures devraient notamment permettre de donner une nouvelle impulsion à la recherche dans nos écoles.
Nous sommes tous conscients en effet, de l'importance qu'a prise la formation par la recherche. Je considère d'ailleurs que le statut d'enseignant-chercheur ne peut que favoriser le développement d'une telle formation.
Je sais que l'école nationale vétérinaire d'Alfort a également pris conscience de l'enjeu que représentait la recherche pour son avenir. Il en va de son image et de sa reconnaissance au niveau international au moment où d'autres établissements d'enseignement supérieur européens ont pris dans ce domaine une avance qu'il est aujourd'hui essentiel de combler.
C'est tout particulièrement le cas dans le secteur de la santé humaine où, ainsi que le soulignait le comité national d'évaluation dans son rapport sur votre école, « le vétérinaire a des responsabilités de santé humaine beaucoup plus que le médecin n'a de responsabilité de santé animale ».
J'ai souhaité la constitution à Alfort d'un pôle « santé animale, hygiène et sécurité alimentaires ». Nous en avons besoin : c'est un des points sur lequel le rapport de Pierre Laffitte nous a le plus éclairés. Ce pôle, avec l'école vétérinaire, le CNEVA et une coopération qui existe déjà avec l'ENSIA, devrait donner un nouvel élan à la recherche en confortant l'environnement scientifique de votre école.
C'est pourquoi j'ai décidé l'installation sur ce site des laboratoires parisiens du CNEVA. À ce propos, j'ai le plaisir de vous annoncer la nomination à la tête du CNEVA de M. Thibier et vous me permettrez de profiter de cette occasion pour saluer, au moment de son départ, l'œuvre accomplie à la tête de cet organisme par M. Meurier.
La recherche ne pourra trouver sa véritable place dans votre établissement qu'à travers le développement de vos liens avec les partenaires privilégiés que sont l'INRA, le CNEVA, l'INSERM et les universités.
Vous savez que j'avais demandé au Sénateur Pierre Laffitte de me proposer quelques scénarios pour l'avenir des établissements de la région parisienne et je ne peux une nouvelle fois que le remercier pour la richesse de son rapport et du débat qu'il m'a aidé à conduire.
À l'occasion de mon allocution de clôture au forum consacré à l'enseignement supérieur et à la recherche, j'ai demandé aux établissements parisiens placés sous ma tutelle ou ma co-tutelle de constituer une fédération. J'ai déjà dit que, dans mon esprit, cette fédération n'avait pas pour objet de relancer le projet d'Institut des sciences et techniques du vivant.
Ce projet, je vous le rappelle, ne prenait pas en compte la structuration indispensable de nos établissements sur l'ensemble du territoire. Il impliquait, à la fois, une fusion des écoles sans tenir compte de leur identité propre et une délocalisation de l'ensemble qui, même si elle avait pu s'avérer intéressante, n'était pas souhaitée par les personnels. C'est pourquoi j'ai préféré entreprendre la rénovation de nos écoles parisiennes sur leurs sites.
La fédération devra accompagner le développement, dans un environnement international de plus en plus concurrentiel, de ce qui constitue toujours, grâce au potentiel fantastique qu'elle rassemble, la force de frappe agro-industrielle de notre pays. Pour le moment, plus qu'à une structuration juridique qui viendra en son temps, je vous invite à une fédération des énergies en multipliant les collaborations et les partenariats.
À cet égard, je ne peux que me féliciter des initiatives prises avec la création de l'école doctorale, dont j'espère que la nouvelle campagne des DEA confirmera la vitalité, et de l'émergence du pôle d'hygiène alimentaire.
Je vous encourage à prendre de nouvelles initiatives et il me semble, que, dans cette perspective, il conviendrait de développer des formations spécialisées dans lesquelles se mélangeraient des étudiants d'origines différentes.
À l'issue de cette visite, je tiens à vous redire, ma foi dans l'avenir de l'école nationale vétérinaire d'Alfort. Vous avez eu l'impression d'être une école sinistrée, le sentiment même d'être abandonnés par votre ministère de tutelle. Malgré vos difficultés, vous avez su préserver des activités dynamiques qui sont autant d'atouts pour l'avenir.
Ce que je suis venu vous dire, c'est ma volonté de vous voir retrouver toute votre place dans notre système d'enseignement supérieur et de recherche.
Je vous souhaite une bonne rentrée.