Déclarations de M. Alain Juppé, ministre des affaires étrangères, en réponse à une question sur l'attitude de la Corée du Nord envers l'AIEA et sur les relations de la France avec la Corée du Nord et avec la Corée du Sud, au Sénat le 15 décembre 1994.

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Monsieur le sénateur,

Je crains de ne pas être aussi optimiste que vous à propos de l'évolution de la Corée du Nord. Certes, un accord a été conclu le 21 octobre, mais il ne résout pas tous les problèmes. Nous voulons que ce pays respecte l'ensemble des engagements qu'il a librement pris envers l'Agence internationale pour l'énergie atomique. Tel n'est pas le cas aujourd'hui. Peut-être la conclusion de cet accord lui permettra-t-il de s'engager dans la bonne direction.

Cela dit, en tant que puissance nucléaire et membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, la France est prête – et je l'ai fait savoir – à jouer un rôle au sein du consortium international qui doit fournir des réacteurs nucléaires non proliférant à la Corée du Nord.

Mon enthousiasme est également tempéré par le fait que le régime de ce pays reste l'un des plus staliniens et des plus fermés au monde. Les événements qui se sont produits dans les pays avoisinants n'ont pas encore provoqué les évolutions souhaitables.

J'ajoute que le comportement de la Corée du Nord à l'égard de certains pays qu'elle approvisionne en missiles de type SCUD n'est pas toujours irréprochable. Elle entretient toujours une armée d'un million d'hommes à la frontière avec la Corée du Sud. En outre, sa situation économique est proche de la faillite. La Corée du Nord, vous le savez, a cessé d'honorer, depuis 1975, les dettes qu'elle avait contractées auprès de la France. Le paysage ainsi dessiné n'est guère séduisant.

En revanche, nous entretenons avec la Corée du Sud des relations étroites et amicales. Ce pays a fait le choix de la démocratie et de la liberté. Nous l'y avons un peu aidé. Vous vous souvenez sans doute également du rôle joué par les combattants français du bataillon de Corée en ce domaine.

La Corée du Sud est devenue l'une des démocraties les plus vivantes et l'une des économies les plus prospères de la région. Nous verrons, à la lumière des relations que nous entretenons avec la Corée du Nord, s'il convient d'entretenir des relations diplomatiques avec la Corée du Nord. Celles-ci sont en effet pour l'heure, inexistantes. Ce pays dispose à Paris d'une délégation générale par laquelle nous transmettons les messages qui s'imposent. Nous restons bien évidemment attentifs à toute évolution et nous verrons, en accord avec nos amis de la région, si nous pouvons normaliser davantage nos relations.