Interview de M. Pierre Mauroy, sénateur PS, à RTL le 19 octobre 1994, sur le "Conseil de discipline" convoqué par M. Balladur face aux divisions de la majorité gouvernementale, sur la candidature souhaitée de Jacques Delors à l'élection présidentielle et la préparation du congrès de Lievin.

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M. Cotta : Vous avez été patron de Matignon. Avez-vous tenu des conseils de discipline comme il s'en est tenu un, et est-ce qu'en général ça donne des effets ?

P. Mauroy : Tout gouvernement a ses difficultés et, de temps en temps, il faut convoquer tel ou tel ministre, ce qui est fait par tous les gouvernements. Je n'ai pas manqué à la règle. Ici, avec M. Balladur, il s'agit quand même d'un conseil de discipline particulier, collectif, c'est presque tout le gouvernement qui a défilé dans son bureau. Donc la situation est vraiment périlleuse pour qu'il puisse non seulement, du reste, les rassembler dans son bureau, mais lui-même donner les raisons pour lesquelles il a fait ce conseil de discipline, c'est lui-même qui les a données à la presse. Pour la majorité, Sarkozy l'a bien dit : "la machine à perdre, il ne faut pas qu'elle se mette en marche". Moi je crois que la machine à perdre pour la majorité commence à fonctionner."

M. Cotta : C'est votre diagnostique ?

P. Mauroy : Je ne dis pas que c'est suffisant pour que la machine à gagner se mette aussi en marche, mais il faut réussir un bon congrès, rassembler, il faut que la gauche ait un bon candidat et si toutes ces conditions sont réunies, alors oui, la machine à gagner sera en marche.

M. Cotta : Votre diagnostique en ce moment c'est que les chances d'un candidat de gauche augmentent chaque jour ?

P. Mauroy : Nous avons connu tellement de difficultés que tout de même ! Écoutez, déjà que la machine à perdre se mette en marche à droite c'est un espoir. Ensuite, c'est à nous à faire l'effort et il reste encore du chemin à faire pour que nous puissions l'emporter. Mais c'est maintenant possible. J'ai déjà dit ça il y a quelques mois mais ça se précise.

M. Cotta : J. Delors dit qu'il déclarerait son intention en janvier. Pensez-vous qu'il pourra le 7 janvier, annoncer qu'il n'est pas candidat ? Ou pensez-vous au contraire, que s'il devait ne pas être candidat il devrait l'annoncer avant pour permettre au PS de trouver un autre candidat ?

P. Mauroy : Je ne me pose pas toutes ces questions. Je pense qu'il y a deux questions : 1/ c'est une question qui se pose à lui, donc c'est lui qui doit répondre et il y répondra quand il voudra. Il faut bien dire qu'il attend mais que d'attendre ce n'est pas plus mal compte tenu de la situation actuelle. 2/ l'autre question c'est ceux qui l'attendent. Moi je suis de ceux qui souhaitent qu'il soit candidat. Je pense qu'il sont aussi nombreux au PS et que, finalement, dans le camp de gauche, ils sont aussi nombreux à le souhaiter.

M. Cotta : Vous trouveriez acceptable le 7 janvier qu'il dise : "je ne suis pas candidat."

P. Mauroy : Je ne pense pas que les choses se passeront ainsi.