Interview de M. Louis Le Pensec, ministre de l'agriculture et de la pêche, dans "L'Est républicain" du 12 septembre 1998, sur la présentation du budget de l'agriculture, la loi d'orientation agricole, le contrat territorial d'exploitation et les négociations de la réforme de la PAC.

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Média : L'Est républicain

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Q - Monsieur le Ministre, vous participez dimanche aux championnats de France de labour organisés dans les Vosges par le CNJA. C'est important pour vous ?

– Cela ne fait qu'un an et quatre mois que je suis à la tête de ce ministère et c'est la deuxième fois que j'y participe. Vous voyez donc que je suis un fidèle. Cette fidélité est d'abord celle que je souhaite exprimer aux jeunes agriculteurs qui, au travers de leur organisation, ont fortement contribué aux réflexions permettant d'élaborer la loi d'orientation agricole. Ma présence souligne aussi l'intérêt que je porte à l'installation des jeunes.

Q - Vu de l'Est, le conflit porcin apparaît comme un conflit breton de plus, après celui du chou-fleur. Qu'en pense le ministre breton que vous êtes ?

– Le conflit porcin, comme vous le nommez, est loin d'être simplement breton, même s'il est vrai que la Bretagne fournit une part importante de la production porcine. À mon avis, il est surtout européen. C'est donc à ce niveau que se porte l'essentiel de mon action pour éviter que nos éleveurs n'en souffrent trop. Je note cependant que ces crises sont cycliques et que les pouvoirs publics sont les seuls à être interpellés dans ce cas. J'estime que les éleveurs doivent aussi se prendre en charge. Cette proposition a reçu l'accord des professionnels et nous allons y travailler rapidement.

Q - Vous êtes candidat aux sénatoriales dans votre département. Si vous êtes élu, quitterez-vous le ministère au moment où la loi d'orientation agricole va être discutée au Parlement ?

– Je ne suis pas encore élu… J'ai de très bons espoirs pour la gauche dans mon département mais il faut attendre sereinement le résultat du scrutin. Je rappelle cependant que mon investiture comme tête de liste pour ces élections sénatoriales, remonte au début de l'année 97, et donc bien avant mon entrée dans le gouvernement de Lionel Jospin. J'assume pleinement cette investiture, comme j'assumerai mes engagements si le Premier ministre me demande de rester à ses côtés.

Q - La loi d'orientation agricole (LOA) va être examinée à partir du 5 octobre. Quelles seront les étapes suivantes ?

– Si les travaux sont menés conformément à mes souhaits et à ceux de nombreux parlementaires, la loi d'orientation devrait être adoptée à la fin du premier trimestre de 99. Pour accélérer sa mise en oeuvre, les décrets d'application sont déjà à l'étude. La loi devrait donc entrer en application dès l'été prochain.

Q - Vous avez présenté votre budget cette semaine, c'est un peu l'acte de naissance du nouveau Contrat territorial d'exploitation ?

C'est le Parlement qui délivrera le véritable acte de naissance du CTE. Mais il est vrai que ce dispositif novateur, et surtout porteur d'un type nouveau de relation entre les agriculteurs et la Nation, a rencontré l'adhésion d'une très large part du monde agricole. Dans 75 départements, des volontés se sont exprimées pour travailler sur la préfiguration de ce contrat, devançant ainsi le travail du législateur. C'est un phénomène assez unique en la matière et il me revenait de ne pas décevoir un tel élan. J'ai donc souhaité que dès maintenant le projet de budget 99 prévoie les moyens de mettre en oeuvre ces contrats.

Q - Quelles influence la loi d'orientation agricole va avoir sur les négociations de la réforme de la PAC ?

– Les réflexions menées en concertation avec l'ensemble du monde agricole pour élaborer la loi d'orientation agricole, constituent le fondement de notre position dans les négociations engagées au niveau européen, et il en sera de même pour celles qui s'engageront dans le cadre de l'Organisation mondiale du commerce.

Actuellement, je m'emploie à mettre en perspective la LOA et la réforme de la PAC et je remarque que mes propositions rencontrent un écho favorable auprès de nos partenaires. Il s'agit, je le rappelle, d'admettre que l'agriculture n'a pas pour seule mission de produire des biens alimentaires, mais qu'elle est aussi investie de missions sociales, environnementale, territoriale… Ce double chantier relève pour moi, d'une même ambition.