Interview de M. José Rossi, président du groupe parlementaire Démocratie libérale et Indépendants à l'Assemblée nationale, dans "Libération" du 19 août 1998, sur la réintégration de Jacques Blanc au sein du groupe parlementaire de Démocratie libérale et la possibilité de son adhésion à Démocratie libérale.

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Texte intégral

Q - Des élus DL se plaignent de ne pas avoir été consultés sur l'adhésion de Jacques Blanc au groupe DL. Avez-vous pris la décision seul ?

À la fin de la session parlementaire, Jacques Blanc m'a fait part de sa volonté de quitter le groupe parlementaire UDF – dont il était encore membre, tout comme Charles Millon et Jean-Pierre Soisson – et de rejoindre celui de DL. Nous avons eu au sein du groupe DL des échanges sur cette demande, tout en informant la direction du parti. Une orientation s'est dégagée en faveur d'une démarche d'ouverture. Il était dès lors de ma responsabilité, en tant que président de groupe, d'effectuer, comme cela m'avait été suggéré par différents collègues, les vérifications nécessaires et de donner mon agrément à l'adhésion de Jacques Blanc. J'ai demandé à ce dernier un rapport sur les conditions de sa gestion en Languedoc-Roussillon depuis sa dernière élection. J'ai ainsi constaté qu'il menait son action dans un strict respect des principes républicains. J'ai aussi noté que l'exécutif dont il était entouré était composé de quinze élus, membres du RPR, de l'UDF et de DL notamment, aucun n'étant évidemment membre du Front national.

J'ai observé enfin qu'il respectait ses engagements de campagne, et qu'il ne menait pas d'autre politique que celle qui était la sienne dans cette région depuis déjà six ans. Aucune dérive particulière n'étant apparue, et dans le souci de faire reculer l'extrémisme en montrant aux Français que nous souhaitons travailler dans une démarche de rassemblement et de pluralisme et non d'exclusion, j'ai pris les dispositions pour accepter l'intégration de Jacques Blanc dans le groupe. DL. Une décision qui, en tant que président de groupe, relève de ma seule responsabilité, comme le stipule le règlement de l'Assemblée nationale.

Q - Les signataires souhaitent un débat sur le sujet lors des journées parlementaires DL début septembre. Ce débat aura-t-il lieu ?

Démocratie libérale accepte le débat, quel que soit le sujet traité. En tout état de cause, il est clair que DL confirmera sa volonté, comme elle l'a toujours fait, de refuser tout accord et tout compromis avec l'extrémisme. Le rapport que nous a adressé Jacques Blanc fait apparaître de manière claire qu'après avoir fait reculer le FN aux dernières élections régionales, il se comporte en républicain dans sa gestion politique. Si cela venait à changer, nous reverrions notre position, mais c'est impensable car nous connaissons la forte personnalité de Jacques Blanc.

Q - N'avez-vous pas le sentiment que cet accueil dans vos rangs d'un homme qui doit sa place aux voix du FN est un facteur de plus de division pour la droite ?

Bien au contraire ! Il est anormal de mettre au banc de la société un homme qui a représenté la France, avec autorité, dans une période récente, lorsqu'il présidait le Comité des régions d'Europe. Jacques Blanc a toujours été respectueux des principes républicains. Il ne mène pas aujourd'hui une politique différente de celle qu'il a toujours menée. Nous voulons préparer l'alternance républicaine et, pour cela, rassembler toutes les forces de la droite qui refusent l'extrémisme. Ce choix est incompatible avec une démarche quotidienne d'exclusion ou d'exclusive.

Q - Jacques Blanc adhérera-t-il à DL ?

Jacques Blanc est aujourd'hui le chef de file de l'Union pour le Languedoc-Roussillon, qui rassemble plusieurs milliers d'adhérents et de sympathisants. Il appartiendra aux instances du parti d'arrêter, le moment venu, une position pour décider de l'association éventuelle de Jacques Blanc et de ces nouveaux militants à DL.

Q - Charles Millon et Jean-Pierre Soisson rejoindront-ils le groupe DL à l'Assemblée ?

Je n'ai été saisi à ce jour d'aucune demande. Si une situation nouvelle apparaissait, nous arrêterions alors des positions politiques qui seront l'expression du parti tout entier.